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L'ENFANT ET LES SORTILEGES de Maurice RAVEL

Publié le 24/10/2010

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ravel

 

opéra français du XXeme siècle de Maurice RAVEL (1875-1937)

• «fantaisie lyrique« en deux parties • poème français de Colette • créé en 1925 à Monte-Carlo

 

ravel

« RESUME féerie animalière et animiste L'intérieur d'une maison normande, l'après-midiPremière partie : L'Enfant (sop) rechigne à faire ses devoirs.

Sa mère (contr) le punit en l'obligeant à rester seuldans la pièce jusqu'au dîner.

L'Enfant enrage et se met à tout détruire : il brise la théière, lacère les tentures,détraque le mécanisme de l'horloge, tire la queue du chat, pique l'écureuil dans sa cage, déchire les livres et lescahiers.

Sa fureur calmée, il s'apprête à s'affaler dans le Fauteuil (b) lorsque celui-ci.., esquisse un pas de côté !Commencent alors les sortilèges : l'Horloge (bar) sonne à tout va en parcourant la pièce, la Théière anglaise (contr)et la Tasse chinoise (t) dansent un fox-trot, le Feu (sop) menace de le brûler, les pastoureaux des tentures muralesentonnent un choeur plaintif, la belle Princesse (sop) surgit du livre de contes, l'affreux vieillard Arithmétique (t) leharcèle avec ses chiffres.

Le chat noir lui crache au visage, puis rejoint la chatte blanche dans le jardin.

L'Enfant lesuit...Deuxième partie : ...mais se retrouve environné de plantes et d'animaux qui lui reprochent ses cruautés passées.

Ilprend peur et appelle sa mère à l'aide.

Les animaux se battent et le rejettent.

Dans ce tumulte, un petit écureuil seblesse, que l'Enfant s'empresse de soigner avant de retomber sans force.

Les autres bêtes, confondues par tant debonté, lui ramènent sa mère qu'il réclamait. ANALYSE un cocktail cocasse et merveilleuxEn mettant en musique cette féerie animalière et animiste, Ravel semble s'en être donné à coeur joie.

Qu'il s'agissede restituer l'univers fantasmagorique d'un enfant, avec sa perversité, son goût pour le jeu et la dérision, ses peurset ses émerveillements, de faire vivre les objets, de faire parler les plantes et les animaux, son humour impertinentet tendre se prête à toutes les métamorphoses.L'Enfant et les Sortilèges ne dure qu'une heure à peine, mais il est extrêmement mouvementé.

Il se présente commeune succession décousue de petites scènes étranges et cocasses.

Pour figurer le dérèglement onirique d'un mondesoudain investi par les objets et les animaux, Ravel juxtapose, avec un brio sans pareil, les styles les plus divers, duplus ancien au plus moderne.

Toute l'histoire de l'opéra et de la musique défile en raccourci, de Bach au ragtime, enpassant par Monteverdi, Lully, Massenet, Moussorgsky, Verdi, Debussy, Puccini...

Ravel reprend la tradition del'opéra-ballet français, mais les danses (baroques, galantes, romantiques, jazziques...) ne sont pas des intermèdesdécoratifs, elles font partie intégrante de l'action : menuet majestueux et grotesque du Fauteuil avec la Bergère,fox-trot lascif de la Tasse chinoise et de la Théière anglaise, gigue endiablée du Feu, ballet mélancolique despastoureaux, polka démoniaque du vieillard Arithmétique et de sa cohorte de chiffres, valse lente de la Libellule,ronde des chauve-souris, danse des rainettes...

Ce cocktail musical, composé «dans l'esprit de l'opéretteaméricaine» (Ravel), tient à la fois de l'hommage et de la parodie.

Colette le trouva très à son goût : «Qu'uneterrifiante rafale de music-hall évente la poussière de l'Opéra !» En effet, cet anticonformisme musical traduit larébellion de l'Enfant, dont la fureur destructrice provoque à son tour la révolte des animaux.

Très vite, le cauchemarimpose ses lois à la partition, martelée par les percussions, envahie par les dissonances.

Aux coups désordonnés del'Horloge («Ding, ding, (ling») répondent les piaillements obsédants de l'Arithmétique («Tique tique tique»), lesmiaulements amoureusement enragés des chats («Mornaou ! Miinhou !»).

La violence atteint son paroxysme dans lamarche guerrière des animaux («Ah ! C'est l'Enfant au couteau !»).Espiègles et facétieux, Colette et Ravel s'amusent à multiplier les gags.

Le dialogue est saupoudré de mots d'argot,écrits de manière phonétique («Kek-ta-foutuh d 'mon Kaoua ?»), d'anglicismes et d'orientalismes hautementfantaisistes, («Black and costaud...

I boxe you, I marm'lad' you...

Keng ça fou, Mah-jong...

ça-ohrâ toujours l'airchinoâ»).

On retrouve l'esprit des comptines de l'enfance («Deux robinets coulent dans un réservoir...

MillimètreCentimètre Décimètre...»).

L'usage de la réitération syllabique, savoureuse et inquiétante («Une paysanne, zanne-zanne-zanne», «Je ne connais pas la ca-ca-ca-cage») se réfère à l'opéra-comique français (V.

La Belle Hélène).Cependant la parodie ne se limite pas à des imitations burlesques.

Ravel invente ici une sorte de naturalismefantastique.

Ainsi, le célèbre duo d'amour des chats, entièrement miaulé, est si étonnant de vérité qu'il fut accuséd'obscénité le jour de la création.

L'interlude orchestral qui relie les deux parties de l'opéra évoque avec uneprécision merveilleuse l'ambiance sonore d'un jardin à la tombée de la nuit : «musique d'insectes, de rainettes, decrapauds, de rires de chouettes, de murmures de brise et de rossignols», écrit Colette.

Grésillant comme lesinsectes, coassant comme les grenouilles, la musique remplit la même fonction imitative que les onomatopéesimaginées par l'écrivain pour traduire le langage des animaux («kekekekecekça ?», «ploc !», «tsk tsk», «heu heu»).En utilisant comme instruments des objets aux timbres insolites (fouet, râpe à fromage !), Ravel préfigure la musiqueconcrète contemporaine.Cette «fantaisie lyrique» délirante et drôle est aussi très émouvante.

L'orchestre, brillant mais discret, met en valeurla voix, qui s'épanouit en un chant très expressif, tantôt sarcastique, tantôt intensément lyrique.

Ravel utilise tousles modes de chant : récitatif parlando moderne (l'Enfant), recitar cantando monteverdien (le gémissement del'Arbre), coloraturas belcantistes (le Feu) mais aussi envolées lyriques à la Puccini : la mélodie mélancolique de laPrincesse, l'élégie de l'Enfant («Toi, le coeur de la rose»), la plainte mélodramatique de la Chauve-Souris, leplaidoyer de l'Ecureuil, ont la tendresse et le pathétisme vibrant des effusions pucciniennes.

Derrière l'humouromniprésent, on sent ici l'amour de Ravel pour les petits et les faibles.

L'opéra tout entier décrit une progressionvers la tendresse.

Déjà, le passage de la maison au jardin, «paradis de tendresse et de joie animales», prépare le. »

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