Qu'entend-on par habitude ? Quelle influence l'habitude exerce-t-elle sur nos facultés ?

« :18:.! R.ECUElL Il y a des habitudes, comme celle de monter à cheval, où le corps a plus de part; il y en a d'autres où la part de l'âme est plus considérable ; l'habitude de calculer par exemple.

Mais parmi les unes comme parmi les autres, il en est qui ont pour effet d'émousser la sensi­ bilité soit physique, soit morale, ct qu'on appèlle pour cela habitudes passives.

Ces habitudes, en diminuant la sensibilité, forcent l'homme à rechercher des excitants plus énergiques et arrivent ainsi à lui créer de nouveaux besoins.

C'est ainsi qu'on voit les Esquimaux, les Lapons vivre sans souffrir dans des régions où règne une tempéra­ ture qui serait absolument insupportable pour un habitant de la zone tempérée.

Celui qui a contracté la malheu­ reuse habitude des liqueurs fortes ressent en les prenant moins de plaisir qu'il l'époque oit il commençait à en faire usage; crpendant il ne peut s'en priver sans que cette privation lui soit beaucoup plus pénible que dans les premiers temps.

Un médecin supporte, f?ans en être trop douloureuse­ ment ému, la vue de spectacles qui feraient reculer d'horreur des personnes moins habituées à voir les effets terribles de la maladie et de la mort.

On appelle habitudes actives celles qui favorisent l'ac­ tivité soit du corps, soit de l'âme.

On voit des ouvriers qui, en fabriquant toujours le même objet, arrivent à une habileté, à une prestesse de mains véritablement surpre­ nante.

La division du travail dans les manufactures re­ pose sur ce fait.

C'est grâce it l'exercice que les bras du forgeron, que les jambes du courrier acquièrent assez de force pour résister 1t des fatigues qui seraient accablantes pou d'autres hommes.. »