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Essence et existence ?

Publié le 26/08/2004

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B. Le problème de l'existence de Dieu* Selon saint Anselme (1033-1109), théologien d'origine lombarde, l'existence de Dieu lui-même peut se déduire de son essence. Bien entendu, les partisans de cet argument reconnaissent que pour tout ce qui n'est pas Dieu, l'essence doit être radicalement distinguée de l'existence. Par exemple, l'essence de l'homme n'implique nullement son existence. Mais pour Dieu, il en irait tout autrement : la seule essence, la seule idée de Dieu impliquerait son existence. * Saint Anselme raisonne de la façon suivante. Quand je parle de Dieu, j'ai en mon esprit l'idée d'un être « tel qu'on ne peut rien penser de plus grand « ; or, Si cet être est seulement dans mon esprit, je peux penser quelque chose de plus grand que lui, à savoir un être qui serait aussi dans la réalité. Il faut donc que cet être dont j'ai l'idée soit aussi une réalité ou, en d'autres termes, qu'il existe. Dans la cinquième de ses Méditations métaphysiques (1641),  Descartes reprend l'argument de saint Anselme, en partant de l'idée de perfection. De même que le mathématicien, à partir d'une définition, déduit les conséquences qu'elle renferme, on peut déduire de l'idée d'un Être parfait son existence nécessaire, l'idée de perfection absolue impliquant l'existence : «L'existence, conclut Descartes, ne peut non plus être séparée de l'essence de Dieu, que de l'essence d'un triangle rectiligne la grandeur de ses trois angles égaux à deux droits.

 

 

 

 

« De cela seul que je ne puis concevoir Dieu sans existence, il s'ensuit que l'existence est inséparable de lui, et partant qu'il existe véritablement : non pas que ma pensée puisse faire que cela soit de la sorte, et qu'elle impose aux choses aucune nécessité ; mais, au contraire, parce que lanécessité de la chose même, à savoir de l'existence de Dieu , détermine ma pensée à le concevoir de cette façon.

Car il n'est pas en ma liberté de concevoir un Dieu sans existence (cad un être souverainement parfait sans une souveraine perfection), comme il m'est libre d'imaginer un cheval sans ailes ou avec des ailes.

» Descartes , « Méditations métaphysiques ».

Descartes avait tout d'abord, dans son « Discours de la méthode », montré que les idées que nous concevons clairement et distinctement, qui s'imposent donc à nous avec évidence, sont innées (antérieures à notrepropre naissance) et vraies (auxquelles par conséquent nous pouvons nous fier).

Par la suite, dans les« Méditations métaphysiques », l'auteur avait avancé un argument a posteriori de l'existence de Dieu : j'ai en moi l'idée (claire et distincte) de parfait ; moi qui suis un être imparfait, je ne peux l'avoir posée en moi-même ; seul unêtre parfait peut donc être la cause de la présence en moi de cette idée de parfait (« Méditation troisième »). Dans le présent texte (« Méditation cinquième ») , Descartes double cet argument a posteriori d'un argument ontologique, purement conceptuel.

Parmi les idées innées, se trouvent les nombres et figuresmathématiques, mais aussi l'idée de Dieu , que l'auteur définit comme « un être souverainement parfait et infini ». A partir de cette définition, Descartes développe sa version de l'argument ontologique : il déduit l'existence de Dieu de son essence même.

En effet, Dieu est par définition doté de toutes les perfections ; or l'existence est une perfection : l'existence en tant que perfection fait partie de sa définition.

Dieu ne peut donc pas ne pas exister. La distinction entre essence et existence ne convient pas au sujet de Dieu . Descartes associe ces deux arguments, l'un qui remonte de l'effet à la cause, l'autre qui déduit l'existence de l'essence, pour démontrer l'existence de Dieu , « être parfait ». Pour Descartes , la première vérité est l'existence de ma conscience.

C'est donc à l'intérieur même de la pensée qu'il faut rechercher l'effet qui postule Dieu comme cause.

La première preuve avancée par Descartes est la suivante : Dieu possède toutes les perfections, or l'existence est une perfection, car un être sans existence est nécessairement imparfait.

Donc nous devons aussi compter parmi les perfections de Dieu donc il faut que Dieu existe (« Discours de la méthode », IV et « Méditations métaphysiques », III). C.

L'existence irréductible à l'essence • C'est cette preuve de l'existence de Dieu – preuve dite « ontologique » parce qu'elle déduit l'existence de Dieu,son « étant » (ontos en grec), de l'analyse logique de son concept – que Kant tâche de réfuter dans sa Critique dela raison pure (1781).

De l'idée d'un Être parfait, dit Kant, je peux tout au plus déduire l'idée d'un être existantnécessairement.

Mais je ne peux pas, d'une simple idée, déduire l'existence elle-même.

L'existence est une donnéeque je peux seulement constater.

D'une somme de cent euros dans ma tête, par exemple, je ne peux d'aucunefaçon déduire l'existence de cent euros dans ma poche.

Conceptuellement, il n'y a certes pas de différence entrecent euros en pensée et cent euros réels ; mais dans un cas cette fortune existe, dans l'autre elle n'existe pas ! Del'idée de Dieu comme de tout autre idée, je peux déduire d'autres idées, mais je ne peux déduire aucune existence. • Dans sa critique de l'argument ontologique, Kant souligne avec force ce qu'il y a d'original, d'irréductible et de nonrationnel dans l'existence proprement dite.

L'existence – qu'il s'agisse de l'existence de Dieu ou de celle de n'importequel être – ne peut jamais être déduite. Pour Kant , les preuves de l'existence de Dieu sont des niaiseries.

Il n'est pas possible de prouver l'existence d'un être transcendant.

Il est impossible de connaître un être qui nous dépasse.

Dansl'argument ontologique, le premier concept, ce n'est pas Dieu mais l'idée de Dieu .

Si nous disons Dieu , nous supposons qu'il existe avant même de le démontrer.

L'idée de Dieu est l'idée d'un être qui possède toutes les perfections.

Or, un être parfait est un être qui existe, donc l'idée de Dieu existe.

Il s'agit pour Kant d'un jugement analytique du type : un tri-angle a trois angles.

Un tel jugement n'ajoute rien à l'idée de triangle.

Le prédicat est contenu dans le sujet.

Les propriétés dutriangle sont contenues dans le concept même de triangle.

L'argumentation de Descartes reste donc au niveau des idées.

La preuve ontologique n'est qu'une misérable tautologie.

Pour Kant le concept n'est qu'une possibilité logique mais on ne peut pas conclure de la possibilité logique desconcepts à la possibilité réelles des choses.

Autrement dit, de l'idée d'un Etre parfait, j'ai bien ledroit de conclure à l'idée que l'existence doit lui appartenir, mais nullement à son existence elle-même.

Dans la preuve cartésienne, le passage à l'existence, du Logique à l'Ontologique est indu.Le concept est toujours possible quand il n'est pas contradictoire.

Ainsi, par exemple, le conceptde carré est possible si je ne lui attribue pas deux prédicats contradictoires.

A contrario, « poser un triangle en en supprimant les trois angles est contradictoire », mais si je fais disparaître à la fois le triangle et les trois angles, « il n'y a plus là de contradiction ».

Il en est exactement de même du concept d'un être absolument nécessaire.

Si vous lui ôtez l'existence, vous supprimez la choseavec tous ses prédicats : « Si je supprime le prédicat d'un jugement en même temps que le sujet, il ne peut jamais en résulter une contradiction interne ».

Ainsi , pour Kant , l'existence ne peut se constater que par la voie empirique et non par la Raison.

Il faut distinguer le niveau des idées decelui de la vie.

Existe-t-il un Dieu réel ? Nous ne pouvons pas répondre en nous appuyant sur les. »

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