ÉTAT-NATION

Au cours du xxe siècle, l'État-nation a longtemps été considéré comme le seul acteur des relations internationales. L'État souverain moderne est le détenteur exclusif des principaux pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et il organise la participation politique de tous les citoyens sur un pied d'égalité sur un territoire aux frontières définies. Lorsque l'État moderne correspond à une seule nation supposée culturellement homogène, le couple formé par l'État et la nation définit l'État-nation. La nation coïncide alors avec l'espace territorial et la citoyenneté se superpose généralement à la nationalité. L'État-nation a été érigé en modèle lors du démantèlement des États multinationaux qu'étaient l'Empire austro-hongrois et l'Empire ottoman, puis lors des décolonisations. Il en fut de même lors de la disparition de l'URSS (Union des républiques socialistes soviétiques), quand ses quinze républiques sont devenues indépendantes à la fin du siècle. Dans tous les États-nations proclamés, l'homogénéisation nationale était cependant rarement aussi poussée que dans le modèle français de la révolution centralisatrice et unificatrice de 1789. Une nation majoritaire coexistait en effet souvent avec des minorités. Il en est résulté de multiples conflits qui ont déstabilisé les Balkans et le Proche-Orient, fait le jeu des totalitarismes en Europe centrale entre les deux guerres mondiales, suscité des guerres en Afrique et au Caucase. Serge CORDELLIER