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Etre libre est-ce ne se soumettre a rien ?

Publié le 08/04/2005

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C'est une idée largement répandue, et aussi une rêverie à laquelle les hommes se laissent volontiers aller, que la liberté résiderait sans l'indépendance absolue dans le fait de n'avoir à obéir à personne. Ne se soumettre à aucune autorité, qu'elle soit morale, religieuse ou politique, revient à se dégager de toute obligation vis-à-vis des autres. La liberté est-elle cette condition d'entière licence où tout serait permis? Etre libre, est-ce ne se soumettre à rien? L'expression "se soumettre" se réfère plus à un acte d'obéissance consentie qu'à un rapport de forces. Le pronom réfléchi "se" introduit en effet une valeur active: "se soumettre" signifie accepter d'obéir, contrairement à une expression comme "être soumis" par exemple, qui suggère plutôt l'idée de contrainte, d'obéissance forcée. La liberté, par définition, est incompatible avec le fait d'être soumis, dominé, assujetti, puisqu'elle est absente de contrainte. Mais on peut se demander si l'obéissance volontaire peut représenter un acte de liberté.  Si "se soumettre" c'est s'en remettre délibérément à la volonté d'un autre, on doit se demander si la liberté consiste à n'obéir qu'à soi-même, ou bien si elle est compatible avec l'obéissance volontaire. Celle-ci est notre lot commun ne serait-ce parce que nous obéissons aux lois. Cette soumission volontaire peut-elle exprimer, voire garantir, la liberté de l'homme?  Pour répondre à cette question nous verrons dans un premier temps en quoi pourrait consister la liberté de celui qui ne se soumet à rien. Nous examinerons ensuite ce que devient la liberté par la soumission que la vie humaine lui impose, pour envisager finalement les conditions d'une liberté dépassant toutes les formes de soumission.

Ce sujet très classique peut s'analyser en trois parties :

•    La définition commune de la liberté, qui est de faire tout ce que je veux, est irrecevable. Des contraintes existent contre lesquelles on ne peut rien (les lois physiques, par exemple). Il s'agit de s'interroger plutôt sur les libertés que sur la liberté. •    La liberté s'inscrit alors dans une réflexion à la fois politique et morale. Être libre, c'est être autonome, « obéir à la loi qu'on s'est prescrit «, c'est-à-dire agir raisonnablement, en ne choisissant que des actions pouvant devenir des règles universelles. •    Ne se soumettre à rien, tout refuser, n'est pas être libre. Être libre, c'est obéir à la loi intérieure de la conscience morale et ne se soumettre qu'à cette loi lorsque les lois politiques bafouent l'homme. C'est pourquoi il faut parfois désobéir aux lois de son pays.

« L'obéissance au seulappétit est esclavage etl'obéissance à la loi qu'ons'est prescrite est liberté.(Du Contrat Social) La liberté ne consiste pas à suivre nos désirs.

Ellen'est pas dans l'absence de contraintes mais dansle libre choix des contraintes que l'on se donne àsoi-même.

On peut appliquer cette idée au peuple.Un peuple libre est celui qui se donne à lui-mêmeses propres lois, ce qui définit la démocratie. La liberté n'est pas l'indépendance à l'égard de toute loi, mais c'est se donner à soi-même sa propre loi, ce quisignifie littéralement l'« autonomie ».

Kant définit ainsi le principe de l'autonomie : « de toujours choisir de telle sorteque les maximes de notre choix soient comprises en même temps comme lois universelles dans ce même acte devouloir ».

Plus clairement, Kant pense que l'homme, de par sa raison, lorsqu'il choisit d'agir de telle façon et nond'une autre, doit penser que son action puisse être voulue « universellement », puisque chaque homme possède laraison. Les plus anciens travaux de KANT portent la marque de son intérêt pour la morale.

Devenu professeur ordinaire de métaphysique et de logique le 31 mars1770, Kant projette d'achever, au cours de l'hiver, ses recherches sur la morale.

Cependant, les deux années suivante, il ne réussit qu'à rassemblerdes matériaux et à esquisser un plan.

Absorbé par la mise au point de la« Critique de la raison pure » qui ne sera publiée qu'en 1781, Kant ajourne son projet. Ce n'est qu'en avril 1785 que paraît, à Riga, « Fondements de lamétaphysique des moeurs ».

C'est le premier ouvrage dans lequel Kant traite de manière directe de la morale.

Un exposé plus élaboré, plus philosophique,cad authentiquement critique, paraîtra en 1788 : la « Critique de la raison pratique ».

La réflexion morale se prolongera dans la « Critique de la faculté de juger » (1790), « La religion dans les limites de la simple raison » (1790, jusqu'à l' « Anthropologie » (1798). Dans « Fondements de la métaphysique des moeurs », Kant cherche à donner à la moralité son véritable fondement.

Dans cetteperspective, il récuse toutes les doctrines de l'Antiquité qui rattachent lamorale au principe du bonheur..

Lié à la satisfaction d'inclinations sensibles(besoins, désirs, passions, tendances), aux possibilités qu'offrent la nature etla société, le bonheur dépend de conditions qui sont relatives et ne peut donc servir de loi universelle ni être le principe déterminant de la morale.

Plus généralement, Kant rejette la prétention de l'empirisme moral qui veut que l'homme ne puisse agir qu'en fonction de principes relatifs à l'expérience, de tellesorte qu'il n'y aurait que des morales relatives, variant suivant les moeurs, les lieux, les époques.

Selon lui, il n'y ade morale que du devoir. Et comme l'homme, n'ayant pas une volonté sainte, n'agit pas nécessairement par devoir, la loi morale ne peut prendre que l'aspect d'uncommandement.

D'où l'impératif absolu & inconditionnel que Kant formule dans la deuxième section de son ouvrage : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne loi universelle.

» L'intelligence, la vivacité, le jugement (talents de l'esprit) ; le courage, la décision, la persévérance dans lesdesseins (qualités du tempérament) ; le pouvoir, la richesse, la considération et même la santé (dons de la fortune)– rien de tout cela n'est bon moralement sans réserve.

Toutes ces dispositions permettent, en effet, aussi bien unusage souhaitable qu'un usage critiquable: le courage peut être mis au service du crime.

C'est précisément lavolonté qui en décide, en tant qu'elle est bonne ou mauvaise.

Qu'est-ce qui est bon sans restriction, cad de façoninconditionnelle ? « De tout ce qu‘il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n'est rien quipuisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une BONNE VOLONTE. » La bonne volonté est bonne, non pas d'abord par ses oeuvres ou ses succès, mais déjà en elle-même et pour elle-même : « Ce qui fait que la volonté est telle, ce ne sont pas ses oeuvres ou ses succès, ce n'est pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, mais seulement à le vouloir ; autrement dit, c'est en soi qu'elle est bonne.

» En quoi consiste donc la moralité d'une action ? Kant avance trois propositions : · Premièrement, l'action qui a une valeur morale est celle qui est accompli par devoir.

Sont ainsi éliminées toutes les actions contraires au devoir (le vol, le mensonge, etc.) et toutes celles qui, bien que conformes audevoir, sont accomplies soit par intérêt personnel, soit avec une inclination immédiate pour le devoir.

Supposonsun commerçant qui fasse le juste prix à un enfant, mais par peur de perdre sa clientèle : son action est certesconforme extérieurement au devoir, mais elle n'a aucune valeur morale car elle accomplit par intérêt.

Supposonsmaintenant un homme joyeux, porté naturellement à répandre le bien autour de lui : son action est légalement. »

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