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Etre temporels nous fait-il temporaires ?

Publié le 11/08/2009

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"C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes à la terre, parce que c'est d'elle que tu as été pris; car tu es poussière et tu retourneras en poussière "(Genèse, II, 19). Ces paroles sévères sont celles de la malédiction jetée par Dieu sur le genre humain. L'homme est condamné au travail et à une vie éphémère. Une vie dans le temps, autrement dit une vie limitée par le temps, voilà la Chute originelle. L'homme est voué, comme toute créature, au devenir, il est condamné à vivre dans la nostalgie de l'éternité perdue, qui ne lui est promise, par la plupart des religions, qu'à la fin des temps. Cependant, est-il légitime de penser le temps comme une malédiction? Si le temps, c'est ce qui fait que nous ne sommes pas des dieux, n'est-ce pas aussi ce qui nous distingue des autres créatures? En effet, on ne peut pas dire de la chose qu'elle est dans le temps, puisqu'elle n'a pas conscience du temps. Vivre dans le temps, n'est-ce pas la condition de toute vie humaine? En ce sens, dire que l'homme vit dans le temps, ce serait davantage souligner son humanité que son imperfection.

« que la vérité qu'elle révèle n'est pas une vérité éternelle, intemporelle, mais qu'elle a subi les effets du temps.

Destextes ont été perdus, d'autres ajoutés.

Elle a été recopiée, traduite, des erreurs s'y sont ainsi glissées.

Dire que laBible est historique, c'est relativiser sa valeur. II.

Le désir d'éternité Etre et devenir Etre temporaire, c'est donc être mortel, situé, et séparé, ce qui constitue la dimension tragique du temps.

D'où ledésir d'éternité.

L'idée de la vie dans le temps comme vie finie et tragique a pour corollaire la valorisation del'éternité.

Cette dévalorisation de l'existence temporelle ne prend sens que par rapport à une valorisation del'éternité, à une nostalgie de l'éternité originaire, dont je suis privé.

C'est-à-dire que la temporalité est pensée "pardéfaut" par rapport à une éternité qui serait la vérité et l'accomplissement du temps.

Ainsi, Platon, dans le Timée , définit-il le temps comme "image mobile de l'éternité immobile".

Le devenir est la copie imparfaite de l'éternité.

Cetteidée, très grecque, renvoie à celle d'une opposition, d'une incompatibilité entre l'Etre et le devenir.

L'Etre, c'est cequi est commun à tous les êtres particuliers, c'est ce qui fait qu'ils sont; c'est ce qui, en eux, est véritablement.L'Etre, c'est la véritable réalité, non pas la réalité sensible, mobile et passagère, mais ce qui est au sens fort: ce qui demeure au lieu de changer sans cesse.

C'est ainsi qu'il faut comprendre la formule de Parménide: "l'Etre est".

Platon- dans cette mesure, il est l'héritier de Parménide -, identifiera l'Etre, la réalité véritable, aux Idées.

Alors que lemonde sensible est le lieu du devenir, de la génération et de la corruption, mais aussi des apparences et de l'opinion,les Idées se définissent par l'identité à soi, la permanence, l'éternité.

Les choses sensibles, multiples etchangeantes, renvoient comme à leur modèles parfaits, aux essences immuables.

Or, l'homme appartient au mondesensible, c'est dire qu'il n'est pas divin, mais imparfait. Malentendu sur l'éternité Mais cette éternité qui est refusée à l'homme, en quoi consiste-t-elle? Comment doit-on penser l'éternité pourqu'elle soit un véritable remède contre la finitude? Il est essentiel de la définir, car elle permet de penser la naturedu temps, pour ainsi dire, en négatif: elle permet d'imaginer ce que serait une vie hors du temps.

En effet, pourqu'elle abolisse toutes les limitations liées au temps, il faut la concevoir comme le contraire du temps.

L'immortaliténe suffit pas, car elle ne permet pas de guérir tous les aspects de la vie temporaire.

La véritable éternité n'est pasl'immortalité, qui ne remédie en rien à la séparation temporelle d'avec les autres et moi-même.

L'immortalité n'estqu'une durée sans limites.

Si c'est cela l'éternité, alors elle est encore du temps: elle est seulement un tempsillimité.

L'éternité comme véritable négation du temps, c'est celle qu'a pensée saint Augustin ( Confessions ): il s'agit d'un présent éternel, d'une immobilité.

Le temps, c'est le devenir; l'éternité, c'est l'absence de succession.

Une telleéternité ne suppose pas seulement l'immortalité, mais encore la simultanéité, l'absence de séparation, l'intemporalité.Elle semble constituer le remède à toutes les misères humaines.

C'est, semble-t-il, cela que doit promettre toutereligion.

"Rien ne me serait trop cher pour l'éternité", dit Pascal ( Pensées , Br.

229).

S'il s'agit bien de cette éternité- là, il semble que tout homme, qu'il croie ou pas, doive considérer qu'elle est souhaitable et plus digne, plus parfaiteque la vie dans le temps. Etre dans le temps, pour l'homme, c'est donc ne pas vivre une vie divine, éternelle, mais être temporaire à la façonde toutes les autres créatures.

Mais est-on bien sûr que l'homme vive le temps comme la chose ou l'animal?L'homme, au contraire, n'est-il pas le seul être à qui il soit donné de vivre le temps? L'homme ne vit pas dans le temps, comme on baigne dans un élément: le temps, tout aussi bien, est dans sa conscience, si l'on peut dire.Cette façon particulière d'être temporel ne change-t-elle pas son rapport au temps? Si l'homme est le seul à vivrevéritablement le temps, alors sa relation au temps doit en être changée.

Souligner qu'il vit dans le temps, ce seraitsouligner du même coup sa spécificité, son originalité, son humanité.

Si la vie dans le temps et l'humanité sontétroitement liées, le temps peut-il encore être pensé seulement comme une malédiction? N'est-il pas plutôt lacondition de mon humanité? La vie dans le temps, plutôt que Chute, serait élévation, au du moins le moyen des'élever.

L'éternité, alors, impliquerait de renoncer à la condition d'homme. III.

La temporalité L'éternité vraie, comme immobilité, n'existe pas seulement dans un hypothétique au-delà: elle caractérise l'être de lachose ou de l'animal.

Le temps de la chose est une succession d'instants.

Pour la chose, il n'y a ni passé ni avenircar elle est dépourvue de conscience du temps.

La nature est l'univers de la répétition, elle nous livre le spectaclemonotone du cycle des planètes ou de la vie ("Il n'y a rien de nouveau sous le soleil", dit l'Ecclésiaste).

L'homme vitvéritablement dans le temps.

Pourquoi? Parce qu'il a conscience du temps, et en dernière analyse parce qu'il estconscient de soi. C'est par la conscience que le temps devient l'étoffe même de l'existence humaine.

Parce qu'il a conscience de sonprésent au lieu de le vivre immédiatement, sans médiation, sans intermédiaire, directement, en y étant plongé sanspouvoir le dépasser, l'homme peut sortir du présent.

La conscience du présent est ex-statique: elle est arrachementà l'immédiateté; par elle, l'homme quitte le présent pour le passé et l'avenir.

La chose n'est que ce qu'elle est.

Ellejouit d'une parfaite identité à soi.

L'homme en revanche est le lieu d'une scission, d'une division d'avec soi.

Si, enl'homme, il y a un décalage, un écart, un jeu, c'est le fait de la conscience de soi.

La conscience suppose un recul.Etre conscient de soi, c'est être à distance de soi.

Ce dont j'ai conscience, je m'en détache, je ne le suis plus tout. »

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