Devoir de Philosophie

Etude des chapitres à propos de Thélème (Rabelais)

Publié le 21/07/2010

Extrait du document

rabelais

 

Le roman de Gargantua s’achève sur la description de la vie à la célèbre abbaye de Thélème où les principes humanistes sont mis en application. Pourquoi peut-on dire que l’abbaye de Thélème est une utopie humaniste ? Nous verrons d’abord en quoi Thélème s’oppose radicalement à une abbaye classique avant d’analyser les raisons qui sont à l’origine de ce renversement.

I) Une abbaye inversée

La première phrase (_Toute leur vie était organisée, non par des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur vouloir et franc arbitre_) conteste la règle par une antithèse et par deux figures d’insistance. Rabelais indique ensuite des détails pratiques avec une accumulation de verbes mettant en évidence la liberté dont jouissent les Thélèmites, et une accumulation de négations qui souligne l’absurdité des contraintes de la règle. La nouvelle règle, c’est l’annulation de la règle : Fais ce que voudras. Le rejet de la règle en général entraîne celui des autres vœux. Le vœu de pauvreté disparaît : au contraire, les habitants de l’abbaye sont vêtus de façon élégante, ils pratiquent la chasse, sont montés sur de belles haquenées et ont des oiseaux dressés pour la chasse qui coûtent une fortune. Cependant, Thélème ne prépare pas d’une vie de célibat mais au mariage. Il n’est guère question ni de prière, ni de travail. Au contraire, Rabelais s’étend sur les jeux et les distractions alors que l’abbaye traditionnelle donnait souvent lieu à des disputes et à des rivalités entre les moines. La formation intellectuelle n’apparaît que de façon implicite, mais tous composent des vers, connaissent plusieurs langues. Rabelais présente ici un projet fondamentalement humaniste dans la mesure où il fait totalement confiance à la nature humaniste.

II) Un projet humaniste

A) La règle qui contrarie la nature (la pauvreté et la chasteté) amène l’Homme à la transgresser. C’est pourquoi Rabelais juge qu’il voudrait mieux la supprimer. En effet, dit-il, la nature humaine est doté d’un rempart naturel contre le vice (_Les gens libres, biens nés ..... faits vertueux_). Le rempart naturel contre le vice, c’est l’honneur. Cependant, Rabelais introduit une restriction : la suppression de la règle n’est pas bonne pour tous. Elle ne convient qu’aux gens libres, biens nés, instruits et conversant en compagnie honnête. B) Une formation complète, intellectuelle et artistique puisque les habitants parlent cinq ou six langues,... La formation scientifique n’est pas considérée comme utile. Cette formation respecte la différence entre les sexes : entraînement physique pour les garçons qui deviennent des émules des cavaliers de la table ronde ; et pour les jeunes filles, travaux traditionnels. Ce type de formation influe positivement : les dames sont de bonne humeur,...

  Conclusion

La conception de l’abbaye est un fidèle reflet de l’optimisme humaniste. L’Homme est naturellement porté au bien pourvu qu’on lui mette dans une situation où sa bonne nature peut s’exprimer. L’abbaye n’impose donc aucune règle. Cependant, cet idéal reste limité par deux considérations majeures : seule une élite aristocratique et fortunée séjourne à l’abbaye et la réussite du projet implique le triomphe de la raison sur la passion, ce qui reste douteux. Par ailleurs, Rabelais lui-même, conscient de ses limites, termine le roman par une prophétie qui atténue l’impression d’euphorie qui se dégage de l’abbaye.

 

Liens utiles