Eurythmie de Holder
Publié le 09/09/2012
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L'équilibre est atteint grâce à l'élégante utilisation de la ligne de contour : élément expressif essentiel du langage figuratif de Hodler auquel il attribuait lui-même une valeur décorative , musicale, rythmique.
«
Analyse
,_., Peint en 1895, Eurythmie représente symboli quement l'Humanité s'acheminant vers la Mort.
Un thème que Hodler avait déjà abordé l'année
précédente
avec un dessin, Eurythmie , quatre
figures féminines , dont la version sur toile se dis tingue par la décision de remplacer les jeunes fil
les graciles par cinq vieillards tristes , pensifs et
déformés par l'âge.
Cette
réflexion sur la mort est une constante de
l a production de l'artiste , surtout en cette période
marquée par
une douloureuse série de deuils .
De
même que dans d'autres œuvres allégoriques des
mêmes années (La Nuit, 1890 ; Le Jour, 1899- 1900) la conscience de l'épilogue tragique et iné
vitable de la vie est le véritable thème de cette
composition qui, malgré la puissante intension
dramatique
du contenu , se révèle finalement
apaisée et symétriquement calibrée.
L 'équilibre
est atteint grâce à l'élégante utilisa tion de la ligne de contour : élément expressif essentiel du langage figuratif de Hodler auquel il attribuait lui-même une valeur décorative , musi
cale, rythmique.
Ainsi , au lieu de chercher à
connaître impitoyablement
les formes marquées
par
le temps, la ligne effleure la barbe inculte des
vieillards, caresse leurs épaules courbées et, si
elle précise
la maigreur d' un bras ou d'une jambe,
c 'est pour refluer ensuite
dans l'ondoiement du
panneau suivant.
Quelques feuilles sur un tronc rigide, un ter
rain caillouteux et stylisé sont les uniques conces sions au paysage d'un peintre qui , même dans ses
nombreuses v ues des Alpes (peut-être l'a spect le
plus connu de son art), parvient à une abstraction
à
ce point simp lifiée qu 'on a pu l 'appe ler l'auteur
de «paysages planétaires ».
L'œuvre
C E xposée au salon de la Soci été nationale des
artist e s fran çais l'année mêm e de son exécution ,
1895 , Eurythmie fut a ccueillie a vec une certain e froid eur par le public.
L es origines a llemand es de l'auteur n'étaient peut-être pas étrangères à ce peu
de succ è s, m ê me si l'on ne peut parler d'hostilit é ouverte.
Toutefois , dès 1901, la muni cip alité de B erne ,
vill e natale de Hodler , tint à a cqu érir la toile pour lui fair e rejoindr e d' autr es œuvr es de l'artist e au
mus ée des B eaux Arts local où elle se tro uve tou
jours aujourd'hui.
Hodler et la douleur
+ La série de dessins dédiée à Mme Valentine
Godé-Dore!, série aujourd'hui démembrée et
recueillie
dans plusieurs musées suisses , confirme
l'attraction quasi morbide qu'exerçait sur Hodler
tout
ce qui portait, bien visible, les signes de la
souffrance et de la douleur.
Exécutées
dans la clinique de Lausanne où
l'amie du peintre était hospitalisée pour un mal
incurable, ces esquisses enregistrent avec une
Du même p eintre : PICTO 866 © Nardini Editore.
1994.
Liriade pour l'édition française , 1994.
régu larit é de chronomètre l es diff érents stades de
la maladie qui l'avait frappée, depuis sa déclara
tion en
1912, jusqu'en 1915 , année de la dispari
tion
de Mme Godé-Dore!.
Avec une rigueur scientifique aussi inquiétante
que détachée,
il y retrace l'effarement initial, la
résignation sans espoir, le dépérissement physi
que progressif et, tout à la fin, la solitude de
l'agonie et de la mort.
Photo Kunstmuseu m, Berne .
34-29.
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