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Existe-t-il des dilemmes moraux ?

Publié le 31/07/2009

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Il faut être attentif à la question qui est celle de l’existence et non de l’essence. Mais sans doute sommes-nous incapables de nous prononcer sur l’existence sans la définition qui prend alors un statut opératoire. Il faut s’assurer que l’ensemble des dilemmes moraux n’est pas vide, qu’il en existe au moins un cas. Si l’accent est mis sur l’existence, c’est que nous sommes invités à prendre au sérieux notre expérience du dilemme moral. Sommes-nous mis à l’épreuve, est-ce pour nous l’occasion d’une expérience cruciale, décisive ? La question de l’existence nous demande au moins un cas mais nous demande aussi l’importance des dilemmes moraux dans la vie morale. Il faut définir le niveau de pertinence  de la question. L’intérêt est-il théorique ou pratique ? Le dilemme est une alternative entre deux propositions contradictoires entre lesquelles nous sommes mis en demeure de choisir sans posséder le critère du choix. Les deux propositions s’excluent réciproquement et il est nécessaire de trancher sans détenir pour autant la pierre de touche de la décision. On peut penser que ce qui est en question est notre pouvoir de connaître et sa limitation. L’existence du suprasensible par exemple nous met en présence d’un dilemme. Je peux dire que je ne rencontre pas de dilemme parce que je ne pose pas la question. Mais si je refuse le refus, je peux dans une proposition a soutenir sa non-existence ou dans une proposition b soutenir son existence. Je peux dire que je ne rencontre pas le dilemme en argumentant pour la première branche. La position d’un ordre autre que sensible n’est que l’abstraction de mon esprit et mes lois ne définissent pas un autre ordre du réel. Je ne me rapporte pas à une autre réalité. Je dois faire la distinction entre des abstractions opératoires et des abstractions chimériques. Je peux dire que je ne rencontre pas le dilemme en argumentant pour la seconde branche. Mon esprit me fait entrer dans un autre ordre du réel. La permanence est pensée comme ce qui ne change pas, etc. Si on me rétorque que ce ne sont que des négations, je peux répondre qu’il faut être préparé à percevoir la réalité essentielle pour y parvenir. Je peux accepter le dilemme en pensant que tel que mon esprit est constitué, je n’ai pas les moyens théoriques d’affirmer ou de refuser l’une ou l’autre branche de l’alternative. J’attache à la conscience du dilemme ce que Kant nomme le problématique ou ce que Descartes nomme indécis dans la lettre du 6 juin 1647 : « je laisse toujours indécis les questions de cette sorte plutôt que d’en rien assurer ou nier. « Ici l’expérience du dilemme doit être rapportée à l’intérêt pratique. Si le dilemme est attaché à l’intérêt pratique, il faut modifier sa compréhension. Il s’agit de la reconnaissance de l’incompatibilité de deux propositions étant donné qu’elles reçoivent le statut de règle de détermination et qu’elles ne peuvent déterminer simultanément l’action. Ce n’est pas A et non-A mais A et B, théoriquement compatibles mais pratiquement incompatibles. Je veux faire A et B mais je ne peux faire les deux. Sartre en donne un exemple dans la conférence L’existentialisme est un humanisme : je veux venir en aide à ma mère malade et je veux lutter contre l’occupant. Dès lors que les deux propositions prétendent valoir comme règles d’action, l’incompatibilité est patente. Ce qui est en cause est l’incompatibilité de l’acceptation simultanée de deux règles par un sujet lucide qui veut se déterminer mais ne peut trancher entre deux règles pour lui également valables. Il faut attacher à l’expérience du dilemme l’expérience de l’hésitation. Je dis que je ne sais pas quoi faire au sens où je suis tiraillé entre deux règles et qu’il me manque la pierre de touche de la décision. Il s’agit d’une paralysie de la détermination par excès de règles. Suffit-il d’en rester là ? Qu’est-ce qui est en cause dans mes capacités à me décider ? Faut-il réserver un sort à des dilemmes proprement moraux ? Nous pouvons bien porter le soupçon sur la qualité du dilemme et dire qu’elle une marque de mauvaise foi, c’est-à-dire de mauvaises raisons pour ne pas passer à l’acte. Prendre au sérieux cette expérience, c’est dire qu’elle est révélatrice de la difficulté de l’action en général, qu’elle est l’expression de l’embarras du choix. Dès lors que j’agis, je dois trancher et je n’ai jamais le critère de la décision. Je m’engage pour le futur qui est le critère de la bonne décision. C’est plus tard que je pourrai dire si j’ai bien tranché. L’expérience du dilemme est révélatrice d’une structure de l’action. C’est après coup que je pourrai dire si j’ai eu raison de suivre la règle que je me suis fixée. J’ai à prendre mes responsabilités, je dois assumer les conséquences de ma décision. Faut-il réserver un sort à certains dilemmes qui seraient proprement moraux ? Nous pouvons dire que tout dilemme est moral en tant qu’il revient à tout sujet confronté à l’embarras du choix de prendre ses responsabilités. Je dois d’une part me décider en évaluant les conséquences possibles de ma décision. C’est ce que Weber nomme l’éthique de la responsabilité. Il est nécessaire pourtant de singulariser des dilemmes moraux. Ce ne sont pas seulement ceux que je rencontre quand je me demande que faire, mais quand se présentent des valeurs justifiables séparément mais contradictoires lorsqu’elles sont mises en rapport. Ce ne sont pas des considérations conséquentielles mais principielles qui interviennent. Adopter une règle, c’est oublier fautivement de poser une autre règle. Suivre la règle : j’aide ma mère, c’est reconnaître que je dois quelque chose à celle qui m’a élevé. Suivre la règle : je résiste à l’occupant, c’est reconnaître que je dois quelque chose à ceux avec lesquels je vis. J’ai des raisons à faire valoir pour l’adoption de l’une et de l’autre règle. Je n’ai pas de raison supérieure décisoire. Le problème est de décider si le dilemme a un statut pratique et s’il constitue une expérience cruciale de l’action morale. Faut-il dire que le dilemme est une expérience moins cruciale que révélatrice de la structure générale de l’action sans dire que toute action morale, mais certaines, mettent le sujet dans l’embarras ? Le dilemme est-il éprouvé par la finitude ? L’expérience du dilemme est-elle révélatrice de la qualité morale du sujet qui doit agir en conséquence sans avoir à se référer à une règle qui authentifierait sa conduite ? Est-ce une fragilité ou une qualité du sujet moral auquel il revient de se décider sans règle ?

« me décide de manière réfléchie et non impulsive.

L'examen me met en présence de motifs différents.L'examen doit toujours être interrompu et la décision est prise en fonction d'une évaluation mais toujoursconfirmée a posteriori .

Il faut prendre au sérieux l'élément du risque mais aussi celui de la responsabilité.

Il faut trancher en assumant le risque et en sachant que la responsabilité est engagée pour l'avenir.

Il fautprendre en compte les conséquences prévisibles de l'action sans se dérober à la sanction de l'événementni de la pureté de l'intention mais en étant à la hauteur en assumant le risque. 2.

La qualification morale de certains dilemmes est pertinente.

Il faut aller au-delà de la rétention de l'hésitation et de la mauvaise foi.

Le cas de conscience n'est pas solidaire de l'incertitude desconséquences fâcheuses possibles.

Il ne faut pas dire que le sujet scrupuleux prend plaisir à faire surgirdes contradictions.

On peut distinguer trois cas de conflit : entre un motif moral et extra-moral ; entre unmotif directement moral et indirectement moral ; entre deux motifs prétendant également à la valeurmorale.

La décision évoquée par Sartre montre que la décision que veut prendre son ancien élève estcompréhensible en fonction des trois modes.

Il y a d'abord un souci moral et une préoccupation extra-morale (la vie affective, la fierté, l'aventure, la vengeance…).

Il y a un motif directement moral (il estl'obligé de celle qui l'a élevée) et indirectement moral (il est l'obligé de ceux qui sont soumis à l'occupant).Enfin, eu égard au respect dû à l'être humain la prétention est égale.

L'expérience cruciale est le troisièmemode, sans dire que les deux autres ne sont pas des dilemmes moraux.

Je dois agir en fonction dechacune de ces deux exigences.

Si je tranche pour l'une en me détournant de l'autre, c'est ce qui mesemble pratiquement obligatoire et moralement scandaleux.

L'expérience du dilemme proprement moralsignifie-t-elle que je suis un agent moralement impuissant, que si je me décide, c'est que je suspends lesmotifs moraux ? 3.

La promotion morale du sujet du dilemme est pertinente.

L'agent est-il moral par défaut ? Une morale qui prétend en appeler à des valeurs universelles peut-elle guider le sujet moral ? La compréhensionkantienne du cas de conscience en fait non pas des devoirs de vertu ou imparfaits, comme rester dignede l'humanité en cultivant mes facultés, mais des devoirs moraux ou stricts comme la véracité.

Le devoirde la véracité peut entrer en conflit avec le devoir d'assistance de la personne en danger.

Ce sont deuxdevoirs stricts qui ont la même valeur eu égard à l'universel et pourtant je peux être dans l'embarras.L'opuscule de 1797 Sur un prétendu droit de mentir par humanité souligne l'intérêt politico-juridique du propos kantien.

Si je donne un statut politico-juridique au droit de mentir, je ruine la notion decommunauté politique.

Si une communauté peut authentifier le droit de mensonge, cela signifie que desêtres sont indignes de la vérité.

Nous ne trancherons pas, nous dirons que la morale de l'universel nedisqualifie pas l'expérience du dilemme moral.

Si une morale de l'universel peut nous laisser dans ledésarroi, sommes-nous capables de résoudre ce dilemme ? Nous n'accepterons pas de dire que si jetranche, c'est comme sujet avouant sa faiblesse morale et devant trancher en fonction de l'exigence dela responsabilité.

Trancher en conscience, c'est poser qu'aucun motif n'est décisoire et que la valeur n'estpas ce sur quoi l'agent se règle mais ce qu'il donne.

Nous n'accepterons pas le délaissement sartrien,c'est-à-dire l'angoisse qui est la mienne face à la contingence, mais nous accepterons la générositécartésienne.

Je ne fonde pas ma conduite sur la valeur comme absolument bonne mais sur ma consciencecomme certitude de faire au mieux.

C'est une prise en compte de la finitude de l'esprit humain qui neprétend pas connaître le bien.

Nous ne résolvons pas les dilemmes moraux mais la conscience du dilemmen'invite pas à donner sens au tragique au sens hégélien de la conscience de soi comme un ennemi, mais ànous penser comme êtres du meilleur. Annexe Il faut faire une typique des dilemmes moraux, c'est-à-dire une table des hypothèses envisageables en y confrontant des cas. Les dilemmes moraux sont prétendument moraux. 1.

Ce sont des dilemmes fallacieusement moraux ou réellement immoraux car je qualifie de scrupule une simple hésitation et parce que je prends plaisir à la contradiction.

Ils sont moraux de manière impure en mêlant du moral à ce qui n'est pas moral.La mise en présence du moral et de l'extra-moral sollicite le sujet simultanément par des exigencescontradictoires. 2. Le dilemme est soluble, je dois toujours trancher par l'exigence morale. Le dilemme est insoluble car satisfaire une exigence extra-morale peut être indirectement moral.La mise en présence de deux exigences morales incompatibles qui peuvent simultanément prétendre à la qualitémorale me conduit à devoir opter pour chaque règle alors que si j'en accepte une, je suspens l'autre. 3. Le dilemme est soluble.

Si les exigences sont chacune morale, je tranche comme sujet moral. Le dilemme est insoluble car je suis incapable de les rapporter à une valeur supérieure qui donnerait le critère de la décision. Le sujet est incapable de décider ce qu'il doit faire dans une situation donnée alors qu'il est capable de déciderde la valeur morale de la règle de son action. 4. Cette typique doit être mise à l'épreuve des exemples.

Soit le cas présenté par Sartre.

Le dilemme est moral, il met. »

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