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L'expérience morale nous oblige-t-elle à penser une séparation de l'âme et du corps ?

Publié le 22/02/2012

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Depuis les prémices de l'histoire de la pensée, la question de l'un et du multiple fait couler de l'encre à n'en plus finir. Le statut de l'unité dans la multiplicité a hantée beaucoup de philosophes. Mais cette question ne s'est pas seulement posée en ce qui concerne le monde réel mais aussi à propos de l'homme lui même : un être doué d'une raison, une âme ! Mais une âme dans un corps. Le corps humain est une évidence ! Nous le voyons, nous le touchons, nous le sentons car il est visible, sensible, vivant et… mortel. Par la seule expérience sensible nous pouvons vérifier l'évolution et la décrépitude du corps humain. Cependant, ce corps a un principe d'animation immatériel que nous appelons l'âme. Cette âme qui anime le corps, nous ne pouvons ni la voir, ni la toucher, ni la sentir… nous savons simplement qu'elle existe. Et selon quelques théories, qui sont nombreuses, cette âme est immortelle . Des philosophes se sont posés, et se posent encore aujourd'hui, des questions sur le rapport entre l'âme et le corps. L'homme a une âme rationnelle, immatérielle, donc, immortelle et par là même, radicalement différente du corps. Pourquoi avons-nous un corps si nous avons l'impression que c'est par l'esprit que nous pensons ? Quelle est le rôle du corps humain quand l'homme pose une action ? Que vient faire cette matière qui à priori rend l'âme prisonnière et incapable d'être pleinement ce qu'elle doit être ? Pourquoi l'âme a-t-elle reçu un corps fini si elle, elle est infinie ? Un corps mortel, si elle est immortelle ? C'est l'incorruptible dans le corruptible. Le corps, est-il nécessaire ou contingent ? Pouvons-nous trouver une vraie unité dans ce dualisme ? L'expérience morale nous oblige-t-elle à penser la séparation de l'âme et du corps ou plutôt l'articulation entre les deux ? Des questions que nous nous posons depuis des lustres et dont nous allons essayer de trouver la réponse.
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« connaissance, l'homme connaitre comme Dieu connait.

Ce dualisme est présent car dans le strict domaine de lapensée, si nous nous situons dans la théorie cartésienne, l'homme n'a pas besoin de son corps.

En ce qui concernela faculté de penser, de raisonner, le corps humain peut sembler contingent ; mais en ce qui concerne l'âme, d'où luiviennent l'intelligibilité des idées sinon d'une référence au monde physique perçue par le corps ? En outre, lorsquel'homme veut poser un acte ou concrétiser sa pensée, le corps se fait nécessaire.

Est-ce vraiment une nécessité ouune illusion du besoin du corps pour l'accomplissement d'une action ? Peut être que dans l'autre monde nousn'aurons plus besoin de notre corps pour connaitre et penser, cependant, les seul monde que nous connaissonsc'est celui-ci ; le seul type de connaissance que nous connaissons c'est la connaissance humaine dont le premiermoment est toujours la connaissance sensible.

Cette connaissance repose sur la « vérité » qui est une adéquationentre l'idée et l'être.

« On définit la vérité par la conformité de l'intellect et du réel.

Connaître cette conformité,c'est donc connaître la vérité » (saint Thomas).

Ainsi, cette adéquation entre la pensée et l'objet, passenécessairement par le sensible, donc, par le corps.

L'expérience morale nous oblige alors à penser une séparation ouplutôt l'union, l'articulation entre les deux « substances » ? Avant d'approfondir cette relation corps-âme regardonsd'abord l'origine du mot « morale » : vient du latin mores, « m½urs » et spécialement de « moralis », chez Cicéron,qui traduit ainsi le grec éthikos, « relatif aux m½urs ».

En philosophie, c'est la doctrine raisonnée indiquant les finsque l'homme doit poursuivre et les moyens d'y parvenir.

La philosophie morale essaye de répondre par la seule raisonles questions des fins et de la destination de l'homme.

Mais même si elle a pour instrument la raison, les fins et lesmoyens utilisés par l'homme quand il pose un acte moral sont incarnés dans un corps.

La philosophie morale peutêtre encore définie comme l'agir libre et bon de l'être humain, qui n'est ni Dieu (puisque liberté incarnée), ni ange(puisque esprit incarné), ni bête (puisque animal libre et rationnel).

Elle donne les principes rationnels qui conduisentà l'action bonne.

L'expérience morale sera donc toute expérience par laquelle l'homme pose un acte réfléchit et enutilisant sa liberté qui est, en quelque sorte, la « conductrice » de la volonté.

C'est là l'importance de bien distinguerchez l'homme l'acte de l'homme de l'acte humain.

Les actes posés par l'homme mais qui n'expriment pas le caractèreproprement humain, les scholastiques les appelaient des actes de l'homme ; en contrepartie, l'acte posé par l'hommeen tant qu'être doué de subjectivité rationnelle, ils les appelaient des actes humains.

« Ces actes révèlenttypiquement l'homme en tant qu'homme ».

Les actes humains sont assimilables aux actes que nous disons « libres ».Saint Thomas d'Aquin a bien éclairé cette distinction : « Parmi les actions accomplies par l'homme, celles-là seulessont appelées proprement « humaines » qui appartiennent en propre à l'homme selon qu'il est homme.

Et l'hommediffère des créatures privées de raison en ce qu'il est maître de ses actes.

D'où il suit qu'il faut appeler proprementhumaines les seules actions dont l'homme est le maître.

Mais c'est par sa raison et sa volonté que l'homme est lemaître de ses actes, ce qui fait que le libre arbitre est appelé « une faculté de la volonté et de la raison ».

Il n'y adonc de proprement humaines que les actions qui procèdent d'une volonté délibérée.

S'il est d'autres actions quiconviennent à l'homme, on pourra les appeler des actions de l'homme, mais non pas des actions proprementhumaines, puisqu'elles ne procèdent pas de l'homme en tant qu'homme.

Or, il est manifeste que toute actionprocédant d'une puissance est produite par cette puissance selon le caractère de son objet et l'objet de la volontéc'est la fin et le bien.

Il est donc nécessaire que toutes les actions humaines soient faites pour une fin.

» Un actehumain est donc celui dans lequel l'homme utilise la faculté de la liberté et de la volonté.

Contrairement à Platon,pour Thomas d'Aquin, l'homme peut connaitre parce que son intelligence est « incarnée ».

Ce qu'il appelle la «cogitative ».

Cette union entre corps et âme devient chez lui comme une condition nécessaire pour que l'hommeatteigne la connaissance.

Pour qu'il puisse se connaître et connaître le monde qui l'entoure.

Nous rejoignons ici ladéfinition de la vérité comme adéquation.

Cela rend encore plus pertinente et incontournable la question de lacollaboration nécessaire du corps pour l'agir moral qui s'inscrit toujours dans le monde physique par l'intermédiaire ducorps physique mais qui, en tant qu'agir moral implique aussi l'usage de la liberté, donc l'usage de la raison, de l'âme.C'est une intelligence incarnée de l'intérieur et la manifestation de cette incarnation est la volonté.

Cette facultén'est pas dominatrice, mais unitive.

C'est d'abord la faculté de l'amour et du désir et non pas une pure puissanceaveugle.

Elle sera articulée à l'intelligence et à la liberté et est l'endroit d'où découle cette dernière.

Pour SaintThomas d' Aquin, la liberté humaine est le produit de l'inclination de l'intelligence et de la volonté à la vérité et aubien.

Elle procède de l'intelligence et de la volonté en y trouvant son enracinement.

Telle est la nature de la libertéhumaine.

Dans un langage théologique, l'homme est à l'image de Dieu par sa liberté, par la maîtrise qu'il possède surses actes.

Elle se situe au point de jonction entre l'action de Dieu dans l'homme et l' action propre à l'homme.

Il y acependant une différence qualitative entre cette liberté humaine et divine : la liberté humaine est « singulière finie »tandis que la liberté divine est « singulière infinie ».

Le fait de choisir engage en l'homme non seulement sa liberté,mais sa volonté et son intelligence.

Aristote montrait déjà que le choix comporte en l'homme un lien étroit entre lejugement et le désir.

Pour Saint Thomas, le choix doit être attribué substantiellement à la volonté.

Par sa matière ilest un acte de la volonté et par sa forme, un acte de la raison.

Le choix, pour plus simple qu'il soit, engage l'hommeen sa totalité la plus complexe.

Manger, par exemple, il faut d'emblé la présence de l'appétit, ensuite, un assemblagede faits comme la nourriture choisie, le prix, le goût, la personne avec qui on mange, la santé… etc.

La libertéhumaine s'enracine dans la volonté, à la lumière de l'intelligence et de la raison.

L'intelligence a la connaissancedirecte des premiers principes de la raison pratique et par le travail de la raison elle progresse dans la connaissancede la vérité et du bien.

Le travail de la raison pratique étant celui de la recherche, des comparaisons qui prennentforme dans le raisonnement, je propose, j'énonce des propositions ; et ensuite dans le jugement, je « pose », jeprends position, un jugement pratique que sera concrétisé par une action posée.

Le jugement détermine le désir,détermination libre qui n'est possible que parce qu'il y a en moi un espace « indéfini », désir non défini.

La volontéhumaine, que nous pouvons appeler aussi « le désir » est un vouloir « simple ».

Ce désir est une « puissance »principielle qui vise le bien et a pour fin le bonheur, mais ne sait pas comment y parvenir.

Il devient « vouloir » aprèsque nous ayons opéré un raisonnement suivi d'un jugement, en d'autres termes, après une « définition » par laliberté « finie » du désir indéfini.

La volonté sera donc déterminée par la liberté.

Le désir de l'homme lui montreplusieurs possibilités d'accomplissement, car ce désir est infini.

La liberté, étant une fonction spéciale de la volontéselon Saint Thomas, joue le rôle de choisir parmi les possibilités de choix montrés par la raison.

C'est par les choix. »

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