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Qu'est-ce que l'expérience du temps ? est-elle possible ?

Publié le 27/02/2008

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temps
Mais est-ce alors vraiment l'expérience du temps que nous faisons? Ne s'agit-il pas plutôt de changements qui ont lieu dans le temps? Il faudrait ainsi être dans le temps pour faire l'expérience de ce qui le manifeste. L'expérience requerrait alors un temps dans lequel cette dernière pourrait être faite.  Dans ces conditions, comment le temps serait-il l'objet de ce dont il est le moyen? Toute expérience du temps se révèle-t-elle alors impossible? Mais comment nier la possibilité de l'expérience de ce que nous éprouvons sans cesse, comment pouvons nous éprouver ce que nous ne rencontrons jamais? Quelle peut être la nature d'une telle expérience?   Première partie L'expérience que nous avons du temps apparaît, dès qu'on l'interroge, toute particulière. Nous l'éprouvons, nous le sentons, le voyons ou non passer, nous le prenons, nous le perdons.

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« pour âme, où l'instant dure toujours.

Mais voir le temps passer ce n'est pas simplement le subir comme ce quis'écoule inexorablement, c'est bien au contraire faire l'expérience d'un temps qu'on ne voit pas vraiment s'écouler entous cas pas assez rapidement, d'un temps que rien ne rempli.

Voir le temps passer c'est s'ennuyer, c'est éprouverle poids d'un temps qui passe à vide et que les passe-temps tentent de remplir et de faire passer.

Telles sont toutesles activités après lesquelles Emma Bovary court éperdument: « Elle voulut apprendre l'italien, elle acheta desdictionnaires, une grammaire, une provision de papier blanc.

Elle essaya des lectures sérieuses, de l'histoire et de laphilosophie ».

Mais rien ne passe, rien ne parvient à remplir ce temps qu'elle voit passer.

Elle ne peut alors qu'êtrespectatrice d'un monde qui n'est pas le sien et dont elle éprouve la vacuité.

Voir le temps passer serait alors fairel'expérience d'une absence de contenu du temps, d'un temps vide qu'aucun passe-temps ne parvient à remplir.

C'estvoir le temps passer sans que rien ne passe, c'est éprouver le poids du présent qui lui ne passe pas.

C'est ce quesouligne Heidegger dans Etre et Temps à propos du temps de la préoccupation, s'ennuyer c'est faire l'expérience dece moment où le temps tout entier, de soi même, est modifié en ce sens qu'il se voit comprimé dans un «maintenant » qui s'arrête, là où le temps qui s'écoule comme suite de maintenant ne se laisse plus voir.

Ainsi, l'expérience du temps qui nous semblait être la plus commune devient la plus étrange.

Que peut bien être eneffet l'expérience de ce qui échappe à la fois au savoir et au voir? Quelle peut bien être la nature d'une telleexpérience? C'est à une telle question que répond Aristote au livre IV de la Physique en montrant qu'il n'y a pas de temps sanschangement.

L'argument utilisé est alors celui du sommeil: Les pèlerins de Sardes ayant, selon la fable, dormi présdes héros, éprouvèrent à leur réveil qu'aucun temps ne s'était écoulé car la fin de leur sommeil leur semblaitcoïncider avec son début.

Ils n'éprouvèrent alors qu'un seul instant sans intervalle puisque ce dernier leur avait étéinsensible.

S'il n'y avait aucune différence entre les instants, il n'y aurait qu'un seul et même instant c'est à dire plusde temps.

Lorsque nous pensons alors qu'il n'y a pas de temps c'est que nous n'avons perçu aucun changement,que rien ne permet de distinguer deux instants différents.

C'est en utilisant un argument psychologique qu'Aristoteétablit ici ce rapport entre le changement et le temps, c'est l'expérience de chacun éprouvant ce lien du tempsperçu avec le changement et le mouvement.

Mais le mouvement n'est pas seulement un mouvement perçu àl'extérieur « Si, en effet il y a de l'obscurité et que nous ne ressentons rien par le moyen du corps, un mouvementse produit dans l'âme, il nous semble alors aussitôt que simultanément un certain temps s'est passé.

» L'argumentdemeure le même: la perception du changement implique la conscience du temps, plus exactement de sonécoulement.

Tout comme le changement serait le stimulus spécifique de la sensation de temps, c'est la successiondes sensations qui produirait la sensation d'un changement, et c'est la différence entre les sensations qui produiraitla sensation de leur succession.

Où nous ne sentons aucune différence, nous ne pourrions avoir l'expérienced'aucune succession; et où nous n'avons l'expérience d'aucune succession, nous ne pourrions avoir conscienced'aucune temporalité.

Ce n'est donc pas à proprement parlé l'expérience du temps que nous faisons mais celle du mouvement sans pourautant qu'on puisse assimiler le mouvement et le temps: « Le temps n'est pas sans le mouvement mais lemouvement n'est pas du temps.

» En effet le mouvement peut être plus ou moins rapide et ce qui nous permet demesurer cette différence des mouvements c'est le temps.

De même, si le temps dépendait de la rapidité desévénements qui s'y produisent ou de la diversité des sentiments qui nous affectent, il y aurait autant detemporalités qu'il y a de subjectivités différentes.

C'est pourquoi Aristote définit le temps comme: « Le nombre dumouvement selon l'antérieur et le postérieur » car le temps est le même partout et en tous.

C'est ainsi par le nombreque nous jugeons le plus ou le moins; c'est par le temps que nous jugeons de la plus ou moins grande quantité demouvement.

Un mouvement sera privilégié en cela pour établir la mesure du temps: c'est le mouvement éternel etrégulier de la sphère céleste.

Ainsi le temps, mesure du mouvement astronomique devient la mesure uniforme detous les autres mouvements.

Cela ne signifie pas que le temps se confond avec le mouvement astronomique, car il ya plusieurs mouvements astronomiques qui peuvent servir de repères pour établir la mesure du temps.

Le temps estbien plutôt une mesure fixée par l'esprit humain à partir d'un mouvement astronomique.

C'est ainsi l'expérience quinous achemine à une connaissance du temps.

Le moment premier de la pensée est l'expérience, et le savoir advient« aux hommes par l'intermédiaire de l'expérience ».

Mais l'expérience que nous avons est celle d'un mouvement etnon du temps car ce dernier n'a d'existence réelle en dehors de l'âme.

Si le temps est « le nombre du mouvement »,il faut une âme qui nombre.

L'exemple psychologique nous montrait d'ailleurs que le sentiment qu'aucun temps nes'était écoulé venait de l'absence de différence constatée entre l'instant qui précédait le sommeil et celui du réveil.Ainsi sans deux instants il n'y a aucun sentiment d'une temporalité Or Aristote le précise, l'instant est au temps ceque le point est à la ligne, une abstraction de l'esprit.

Le temps n'est donc pas une réalité extérieure dont nousfaisons l'expérience, il n'est pas sans âme qui fixe des instants, posant une limite entre le postérieur et l'antérieur.L'expérience comme rencontre n'est donc pas celle du temps mais du mouvement.

Une fois encore, le temps sembleentretenir un singulier rapport au visible en ce qu'il ne donne rien à voir; il est l'élément de l'invisibilité même et sesoustrait lui même à la visibilité.. »

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