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Expliquer ces vers de Victor Hugo : Les Feuilles d'Automne - Quand le livre où s'endort chaque soir ma pensée

Publié le 14/02/2012

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hugo
Quand le livre où s'endort chaque soir ma pensée
Quand le livre où s'endort chaque soir ma pensée,
Quand l'air de la maison, les soucis du foyer,
Quand le bourdonnement de la ville insensée
Où toujours on entend quelque chose crier,
Quand tous ces mille soins de misère ou de fête
Qui remplissent nos jours, cercle aride et borné,
Ont tenu trop longtemps, comme un joug sur ma tête,
Le regard de mon âme à la terre tourné ;
Elle s'échappe enfin, va, marche, et dans la plaine
Prend le même sentier qu'elle prendra demain,
Qui l'égare au hasard et toujours la ramène,
Comme un coursier prudent qui connaît le chemin.
Elle court aux forêts où dans l'ombre indécise
Flottent tant de rayons, de murmures, de voix,
Trouve la rêverie au premier arbre assise,
Et toutes deux s'en vont ensemble dans les bois !

 

Les Circonstances. - Victor Hugo a 28 ans, il n'est donc pas entré dans son «automne«. Auteur applaudi des Odes et Ballades (1822-1828) et des Orientales (1829), il a, quatre mois avant d'écrire ces vers, remporté un succès retentissant avec Hernani (25 février 1830). Aux yeux des jeunes, la Préface de Cromwell rayonne, parmi les éclairs du génie, comme les tables de la loi littéraire nouvelle. Ce précoce chef d'école est père de trois beaux enfants qu'il chérit et qu'il chante sur un mode jusqu'alors inconnu; un mois plus tard, « le cercle de famille « saluera joyeusement l'apparition d'Adèle, cinquième enfant, quatrième vivant....

 

hugo

« maniere, on ne saurait s'y tramper : jamais Rousseau ne se serait exprime ainsi sur le meme sujet. La facture de ce morceau est a la fois simple et compliquee.

Deux parties bien distinctes, comportant chacuile deux strophes : la premiere peint la realite; la deuxieme, l'evasion dans l'irreel.

El les offrent un balancement, un bel equilibre, non une complete symetrie; leur structure est meme fort differente.

La premiere forme une longue subordannee enumerative, aux inembres inegaux (1 on 2 alexandrins) se rattachant tous an verbe ont tenu par la conjonction quand.

Le dernier membre (quand tous ces mine soins...) resume les precedents et ajoute de nouveaux elements a l'enumera- tion.

Chaque sujet : livre, air, soucis, bourdonnements, soins est suivi de determinatifs, nom complement on proposition completive : le livre on s'endort...

Pair de la maison, etc...

-- La deuxieme partie n'a qu'un seul sujet : elle, mis pour man ame, commandant a des verbes multiples : s'echappe, va, marche, prend, court, trouve.

Ce sujet, a la fin, s'associe un second : la reverie et toutes deux : rime et la reverie, s'en vont...

Quel- ques verbes se suffisent a eux-memes : va, marche; d'autres ont des comple- ments.

Prend en a une cascade : le miller qu'elle prendra...

qui l'egare (qui) la ramene, comme un coursier qui...

Ni la premiere ni la seconde partie, on le voit, ne sauraient passer isolement pour simples; neanmoins Ia structure generale du morceau nous laisse une impression de simplicite. 3.

Explication litterale et litteraire.

- Victor Hugo developpe les deux propositions ci-dessus enoncees au moyen de procedes a pen pres toujours les memes : antithese, enumeration, comparaison, personmfication.

Dans les deux premieres strophes, it se presente a nous comme penseur (vers 1), epoux et pure (v.

2), citadin (v.

3 et 4), homme du monde (v.

5 et 6).

Dans le vers 1, le poke personnifie sa pensee; lasse, elle s'endort comme un etre humain.

toujours etc sa marotte de poser au penseur.

II est pourtant le contraire d'un philosophe; it a ne pense qu'en images: c'est done un homme d'imagination plus que de raison.

Quel est d'ailleurs le livre au, en.

juin 1830, 1 s'endort sa pensee » ? Notre-Dame de Paris, selon toute vraisemblance, roman auquel it travaille depuis 1828, et qui paraitra en mars 1831, quelques mois avant les Feuilles d'Automne.

Il l'a (Mini, le 23 juin, dans ces, deux vers : S'il me plait de cachet rumour et la douleurDarts le coin d'un roman ironique et railleur... Qu'y trouve-t-on? Du sentiment, oui - et souvent asset faux, qui sierait mieux au meIodrame.

De l'esprit, un peu, mais qui reside plus dans les mots que dans les chases.

De l'imagination surtout, une imagination pro- digieuse, qui tree souvent, qui ressuscite parfois un moyen age assez ran- taisiste; mais de la pensee, a peu pres point.

- Plus encore que par ses travaux, figuree par le livre, l'ame de recrivain est opprimee par Pair de la maison qui, le soir venu, sent le renferme; it y etouffe, it faut an poker les libres espaces...

et dejA l'on pressent in fugue imaginaire a travers bois.

Et puis it y a les solids du foyer que nous connaissons (MA, et sur leer quels mieux vaut de ne pas insister; soucis paternels, sans doute, mais surtout soucis conjugaux.

- La vine insensee (autre personnification), avee son bourdonnernent et ses eris n'est pas faite pour alleger ce double joug déjà si pesant a un homme epris d'independance.

Hugo maudit la meme vine dont Boileau a depeint les embarras et &ague les bruits et que Bande- laire apostrophera vehementement : a 0 cite!...

to chantes,, ris et beugles, uprise du plaisir jusqu'a l'atroeite...

» Le mot bourdonnemeni, Pepithete insensee, le vers 4 tout entier sont eminemment suggestifs.

Bruits confus se resolvant dans une waste rumeur; agitation febrile des citadins qui parait insensee a qui vit au rythme paisible de in vie champetre; cris du jour et cris de la nuit : tout rappelle ici des realites observees, et dkagreables.

La deuxieme strophe nous laisse entrevoir (v.

1 et 2) un V.

Hugo mondctin malgre lui.

Elle nous rappelle he Temps perdu, (1) de Sully Prudhomme : De steriles soucis notre journee est )leine : Lear meute sans pale vows chasse a perdre haleine... ...Que de soinsy de pas et de visites! Oht l'implacable essaim des devoirs parasites Qui pullulent antour de nos kisses, de the! (1) Analyse en juin 1935, n° 102. mamère, on ne saurait s'y tromper : jamais Rousseau ne se serait exprimé ainsi sur le même sujet.

La facture de ce morceau est à la fois simple et compliquée.

Deux parties bien distinctes, comportant chacune deux strophes : la première peint la réalité; la deuxième, l'évasion dans l'irréel.

Elles offrent un balancement, un bel équilibre, non une complète symétrie; leur structure est même fort différente.

La première forme une longue subordonnée ·énumérative, aux membres inégaux (1 ou 2 alexandrins) se rattachant tous au verbe ont tenu par la conjonction quand.

Le dernier membre (quand tous ces mille soins ...

) résume les précédents et ajoute de nouveaux éléments à l'énuméra­ tion.

Chaque sujet : livre, air, soucis, bourdonnements, soins est suivi de déterminatifs, nom comJ?lément ou proposition eomplétive : le livre où s'endort ...

l'air de la maison, etc ...

-- La deuxième partie n'a qu'un seul sujet : elle, mis pour mon âme, commandant à des verbes multiples : s'échappe, va, marche, prend, court, trouve.

Ce sujet, à la fin, s'associe à un second : la rêverie et toutes deux : l'âme et la rêverie, s'en vont.

..

Quel­ ques verbes se suffisent à eux-mêmes : va, marche; d'autres ont des complé­ ments.

Prend en a une cascade : le sentier qu'elle prendra ...

qui l'égare (qui) la ramène, comme un coursier qui...

Ni la première ni la seconde partie, on le voit, ne sauraient passer isolément pour simples; néanmoins la structure générale du morceau noùs laisse une impression de simplicité.

3.

Explication littérale et littéraire.

-- Victor Hugo développe les deux propositions ci-dessus énoncées au moyen de procédés à Reu près toujours les mêmes : antithèse, énumération, comparaison, personrufication.

Dans les deux premières strophes, il se présente à nous comme penseur (vers 1), époux et père (v.

2), citadin (v.

3 et 4), homme du monde (v.

5 et 6).

Dans le vers 1, le p-oète personnifie sa pensée; lasse, élie s'endort comme un être humain.

Ç'a toujours été sa marotte de poser au penseur.

Il est pourtant le contraire d'un philosophe; il «ne pense qu'en images:.

: c'est donc un homme d'imagination plus que de raison.

Quel est d'ailleurs le livre où, en juin 1830, «s'endort sa pensée »? Notre-Dame de Paris, selo!! toute vraisemblance, roman a~1quel il travaill~ depuis.

1828, et qui paraltra en mars 1831, quelques mOis avant les Fe mlles d'Automne.

Il l'a défini, le 23 juin, dans ces deux vers : S'il me plaît de cacher l'amour et la douleur Dans le coin d'un roma:n ironique et railleur ...

Qu'y trouve-t-on? Du sentiment, oui - et souvent assez faux, qui siérait mieux au mélodrame.

De l'esprit, un peu, mais qui réside plus dans les mots que dans les choses.

De l'imagination surtout, une imagination pro­ digieuse, qui crée souvent, qui ressuscite parfois un moyen âge assez fan­ taisiste; mais de la pensée, à peu près point.

- Plus encore que par ses travaux, figurée par le Uv-re, l'âme de l'écrivain est oppdmée par l'air de la maison qui, le soir venu, sent· le renfermé; ii y étouffe, il faut an poète les libres espaces ...

et déjà l'on pressent la fugue imaginaire à travers bois.

Et puis il y a les soucis du foyer que nous connaissons dëjà', et sur les­ quels mieux vaut de ne pas insister; soucis paternels,.

sans doute, mais surtout.

soucis conjugaux.

- La vlfle insensée (autre personn:ffi'cati'on), avee sen b()urdonnement et ses cris n'est pas faite pour allég,er ce double joug déjà si pesant à un homme épris d'mdépendanee.

Hugo maudit la même vil1e dont Boileau a dépeint les embarras et évoqué les bruits et que Baude­ laire apostrophera véhémentement : « 0 cité! ...

tu chantes, ris et beugles, éprise du plaisir jusqu'à l'atrocité •..

» Le mot bourdonnement, l'épithète insensée, Je vers 4 tout entier sont éminemm:ent suggestifs; Bruits conflls se résolvant dans une vaste rumeur; agitation fébrile des citadi'ns qui parait insensée à qui vit au rythme paisible de la vie champêtre;.

cris dri jour et cris de la nuit : tout rappelle ici des réalîfés observees, et désagréables.

La deuxième strophe nous laisse en·h>evoir (v.

1 et 2) un V.

Hugo mondain.

malgré lui.

Elle nous rappelle le Temps perdu~ (1) de Sully Prudhomme: De stériles soucis.

notre journée est pleine : Leur meute sans pitié vous chasse à perdre haleine ...

....

Que de soins, de.

pas et de visites! Oh! l~implacable essaim des devoirs parasites Qui pulliùent autour de nos tasses, ae thé! (1} Analysé en juin 1935, n° 102.. »

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