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Expliquez et discutez à l'aide d'exemples cette maxime de La Rochefoucauld : « Il semble que l'amour-propre soit la dupe de la bonté, et qu'il s'oublie lui-même lorsque nous travaillons pour l'avantage des autres. Cependant c'est prendre le chemin le plus assuré pour arriver à ses fins, c'est prêter à usure sous prétexte de donner, c'est enfin s'acquérir tout le monde par un moyen subtil et délicat. »

Publié le 18/02/2011

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rochefoucauld
L'un des principes fondamentaux de la philosophie de La Rochefoucauld est que « nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés «. Il en déduit que la « libéralité n'est le plus souvent que la vanité de donner «. Même les sentiments qui paraissent les plus désintéressés sont corrompus par l'égoïsme : la bonté « qui nous immole continuellement à l'avantage de tout le monde « est un « chemin dérobé «, un sentiment placé « à une furieuse usure «. Cette idée a été exprimée dans l'édition de 1665 en deux longues phrases un peu lourdes que l'auteur a fort condensées et allégées dans l'édition de 1678.

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« États qui se montrent généreux envers le « tiers-monde » affamé, uniquement par surenchère démagogique, pour enécarter certains rivaux, s'assurer des avantages politiques ou économiques.Il semble donc qu'à toute époque la bonté ait parfois servi les intérêts de l'amour-propre.

Toutefois il est difficile detracer la limite entre la bonté consciemment calculée, et la bonté pratiquée pour elle-même, mais néanmoinsprofitable. II.

- CRITIQUE DU PARTI-PRIS SYSTÉMATIQUE DE L'AUTEUR a) L'étroitesse du point de vue.La pensée de La Rochefoucauld est juste si on ne l'applique qu'aux nobles contemporains de la Fronde et du règnede Louis XIV.

Son jugement est valable pour une caste d'ambitieux, d'intrigants, de grands seigneurs.

L'attitudeanalysée dans cette maxime est celle des féodalités anciennes ou nouvelles.b) La bonté désintéressée.Il y a heureusement des hommes sans ambition qui ne pratiquent pas le chantage à la reconnaissance.

L'entraideest une loi naturelle infiniment mieux pratiquée dans le peuple — que le duc de La Rochefoucauld ne connaissaitpeut-être pas — que par les nobles qui, quelle que soit leur bonté, sont obligés de par leur condition de s'attacherune clientèle.

L'héroïne des Pauvres Gens de V.

Hugo ne prête pas à usure, sinon à Dieu.

Et l'auteur un peuoptimiste des Misérables a fait justice de la conception janséniste de l'homme.Cette Bonté désintéressée, cette joie de donner sans espoir de profit se rencontre fréquemment chez la jeunessequi est naturellement idéaliste, voire prodigue, quand on lui propose de suivre l'exemple de vrais héros,Est-il besoin de mentionner les saints, les missionnaires et ceux qui se sont faits « médecins des pauvres »? C'est ceque La Rochefoucauld, contemporain de saint Vincent de Paul, ne pouvait ignorer.

Il y a donc dans son attitude unecertaine affectation de pessimisme, un plaisir amer de juger les autres, de les trouver mauvais, de se venger desdéceptions éprouvées.c) Psychologie du dévouement.Le système de La Rochefoucauld pèche par la base, car il est utopique de vouloir chercher dans l'homme un acteabsolument parfait, pur, désintéressé.

Si l'homme pouvait accomplir un seul acte parfait, atteindre le Souverain Bien,il serait Dieu.

En fait, tout acte a pour but la satisfaction d'un penchant, même si cette satisfaction va contre nosintérêts matériels.Un inconnu qui tire d'embarras le « chartier embourbé » qu'il ne reverra peut-être jamais, n'agit pas par calcul, mais,ou par pitié naturelle, comme le voulait Rousseau, ou par besoin d'activité, d'affirmer sa personnalité, par désird'efficacité, pour réparer une chose dont il sent confusément qu'elle n'est pas dans l'ordre.

C'est ainsi qu'agit lepeuple.

Il n'est pas toujours bon, mais sa bonté est instinctive. CONCLUSIONEn donnant toujours au mal l'avantage sur le bien, La Rochefoucauld paraît verser dans une hérésie pire que lejansénisme, dans le manichéisme qui accorde au mal une existence indépendante, qui en fait l'égal de Dieu.

Il estpeut-être plus raisonnable de croire, avec Rousseau, qu'il y a un amour de soi légitime, tempéré par la pitié et quel'homme naturel, non corrompu par l'ambition ou l'avarice, aide le prochain parce qu'il le considère comme un autresoi-même : « Pour qui sonne le glas? » C'est toujours pour l'un de nous que sonne le glas, c'est l'un de nous qu'ilfaut aider.

Il existe donc un altruisme uniquement motivé par la solidarité humaine.. »

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