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FACHODA

Publié le 27/02/2008

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L'affaire de Fachoda retarda sans nul doute l'entente cordiale franco-anglaise. Si la mission Marchand fut obligée, en 1898, de s'incliner devant les sommations de Kitchener, c'est qu'à cette date la France n'était prête ni moralement ni matériellement pour un conflit avec les Anglais. L'idée d'une mission Congo-Nil remontait à 1891, mais cinq ans s'écoulèrent avant le départ du capitaine Marchand. En théorie, les buts de l'expédition étaient commerciaux : en fait, il s'agissait d'arriver sur le Nil blanc avant les Anglais, alors en Egypte, et de donner à la France un titre indiscutable pour le jour où serait fixé le sort de cette région du haut Nil. Cette même année 1896, Kitchener recevait de Londres l'ordre d'occuper la Haute-Egypte : les deux groupes allaient fatalement se heurter.

« LACOUR~E DES IMPERIALISMES Dès la seconde moitié du XJX' siècle, l'organisation de l'expansion outre­ mer domine la diplomatie française .

Il s 'agit alors de faire reconnaître internationalement les occupat ions réalisées ou les prétentions manifestées .

La course aux colonies -colonies proprement dites, protectorats et zones d'influence - provoque inévitablement des heurts entre les puissances qui y participent.

C'est avec la Grande­ Bretagne , la mieux nantie et la plus ambitieuse, que les heurts sont les plus fréquents.

Le gouvernement de Paris, celui de Londres , et surtout leurs agents locaux , ne cessent guère d 'être en conflit ouvert ou larvé .

Il existe au Parlement français un "parti colonial » actif, convaincu et déterminé .

C'est le ministère des Affaires étrangères , non exempt de pression de la part de celui des colonies , qui est chargé de traduire sur le terrain les objectifs de ces députés acquis à la cause de l'expansion outre-mer.

Il reste que, dans les années 1890, l'ensemble colonial français est encore loin d'avoir pris son aspect définitif .

Ainsi, en Afrique noire, dès qu'on s 'éloigne des côtes , les limites territoriales sont incertaines .

Ce sont donc des questions de délimitation et de bornage qui suscitent entre la France et la Grande-Bretagne ces continuelles frictions que la crise de Fachoda est à deux doigts de transformer en guerre ouverte .

• En dépit de la résistance opposée par l'almany Samory , qui s'était taillé un empire dans les régions du haut Niger- actuel Mali - , en dépit aussi de l'oppo sition larvée des agents britanniques, la jonction de ces établissements avec ceux du haut Sénégal-Niger ne tarde pas à être opérée.

En 1896,1e massif montagneux du Fouta-Djalon , dans l'hinterland guinéen , est occupé , tandis que le pays mossi, au nord de la Côte d'Ivoire , passe sous l e régime du protectorat.

·Début 1898 ,1a soumission de la Haute-Volta est pratiquement achevée.

La même année , S11mory ..-------. est fait prisonnier et les derniers nots de résistance sont réduits .

De fait, dès 1895 , une Fédération de l'Afrique­ Occidentale française -Sénégal , Guinée , Soudan , Côte d 'Ivoire - est ébauchée, avec à sa tête le gouverneur du Sénégal.

• A Madagascar, les révoltes de 1896 conduisent finalement à l 'annexion pure et simple de 111e, décision que la France notifie aux puissances étrangères sous le terme ambigu -parce que parfaitement inconnu en droit international - de "prise de possession ».

• Toute s ces conquêtes traduisent l'activisme du "parti colonial» (créé en 1892)- et de son incarnation , le ministère des ~----------~ Colonies- qui n'a eu de cesse LA REPRISE DE l'EXPANSION FRANÇAISE UNE VISION IMPtRIAU DE L'AfRIQUE • En Afrique occidentale , le grand dessein du gouvernement français est de relier entre elles les différentes colonies , de manière à former un bloc dans lequel la Sierra Leone , la Côte de l'Or et le Nigeria britanniques , ainsi que le Togo et le Cameroun allemands , ne seraient plus que des enclaves .

• Dans cette perspective, l 'occupation effective de la haute vallée du Niger est, en janvier 1894 , poussée jusqu'à Tombouctou .

En même temps, plusieurs colonnes expéditionnaires sont lancées en direction du nord à partir des établissements de Guinée et de Côte d 'Ivoire.

d'encourager l'expansion en Afrique noire.

Les hommes qui se sont succédé au ministère des Colonies entre 1890 et 1895- Eugène Ëtienne , G11brie/ HtlnOtiiUX, Théophile Delcassé­partagent la même vision impériale de l'Afrique française .

• Les conquérants français du haut et du moyen Niger se résignent mal à ne pas descendre le long de la basse vallée du fleuve , particulièrement riche.

Mais l'accord conclu en 1890 avec les Anglais a placé sous l'influence de ces derniers tout le pays situé au sud d 'une ligne allant de Say sur le Niger à Barroua sur le lac Tchad .

Une ligne sans doute théorique puisque nombre de missions françaises n'hésitent pas, à p lusieurs reprises, à la transgresser .

Mais chaque fois, l'Angleterre ne manque pas de protester.

De fait, elle surveille avec une extrême attention l'expansion française .

LE « IINGOISME », VERSION BRITANNIQUE DU CHAUVINISME • Forte d'une population qui a plus que doublé au cours de soixante années de règne victorien, disposant de la première industrie du monde , jouissant d'une prospérité économique sans équivalent, à la tête d'un empire sur lequel , dit-on , Je soleil ne se couche pas, maîtresse des cc sept mers n que sillonne la première flotte de la planète, la Grande-Bretagne regarde de haut les ambitions de la France en Afrique noire .

Et si les hommes d'État observent encore quelque prudence , l'opinion publique semble gonflée d'un orgueil aux accents volontiers belliqueux .

Ainsi , dans les cafés -concerts de londres, on reprend Je refrain lancé lors de la crise de 1875: "Nous ne désirons pas la guerre , mais, par linga, s'il faut la faire, nous avons les soldats , nous avons les corvettes, nous avons aussi la galette .

>> • La force de ce sentiment populaire n'échappe pas à sir Edward Grey: "Pendant les dix dernières années du siècle , écrira Je secrétaire aux Affaires étrangères, tout gouvernement britannique aurait pu déclencher la guerre en levant le petit doigt : Je peuple J 'aurait suivi. >> • Pressés par le chauvinisme virulent des nationalistes français et sa déclinaison anglaise , Je "jingoïsme », I&Htai!mwul LE BASSIN DU NIL, UN ENJEU FRANCO·ANGLAIS • Plus encore que le bassin du Niger -au sujet duquel une convention franco-anglaise est signée en 1890 -.

celui du Nil devient l 'enjeu d 'une sourde rivalité entre Paris et Londres .

• La France projette de relier Dakar, sur l'Atlantique , à Djibouti , sur la mer Rouge .

Une entreprise encouragée par Je roi des Belges , Ce projet ne peut que heurter la Grande-Bretagne.

• Celle-ci , qui occupe l'Égypte depuis 1882, entend réaliser à son profit un axe nord-sud qui assurerait la liaison entre Le Caire (Ëgypte) et le Cap (Afrique du Sud).

UN GROUPE DE PIESSION ACTIF: LE • MDl COLONIAL• • Depuis qu'au début des années 1880 la France a renoué avec sa tradition d'..,..

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un groupe formé de députés, de géographes, de militaires et d'hommes d'affaires tente d 'orienter la politique étrangère française .

Ils se désignent wbdiers comme les partisans de la • France des cinq parties du monde •.

• Bien que la Société française de colonisation ait w le jour en 1883 , il faut attendre le 15 juin 1892 pour assister à la formation officielle d'un groupe colonial au Parlement Regroupant 42 députés lors de sa création, celui-ci en compte 113 un an plus tard.

• Dès lors, à chaque législature nouvelle, le groupe colonial de la Chambre des députés.

qui se trouve bient6t doublé par le • groupe de politique extérieure et coloniale • du Sénat.

rassemble tous les élus coloniaux ou métropolitains favorables à une politique d'expansion outre-mer .

• Si ses membres appartiennent alors à toutes les tendances politiques -des monarchistes à l'extrême gauche -,la grande majorité est toutefois constituée de républicains modérés .

• Après les élections de 1893, sur 129 députés du groupe colonial, on comptait 8 monarchistes , 8 ralliés.

2 boulangistes , 83 républicains du centre et 28 radicaux.

• C'est un député de I'Oranie.

Eugène Étienne , son fondateur, qui en est le premier président Il sera réélu à plusieurs reprises jusqu 'en 1914.

Nombre de tirailleurs sénégalais de la mission Marchand.

16 t Poids des perles de verre que Marchand emporte à sa suite .

2t Poid s de la chaudière du Faidherbe démontée en deux tronçons et transportée à travers la forêt tropicale .. »

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