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La Famille des Moomins et Tove Jansson

Publié le 12/03/2011

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famille

La famille des Moomins (Tove Jansson) - un monde rêvé

La réalité féerique en tant que genre

Le conte est un genre universel, mais en même temps une émanation de la sagesse humaine avec les problèmes existentiels. Avec lui on peut jouer, s’endormir, rêver et réaliser ses rêves également. Dans les contes, on trouve tous les problèmes du mûrissage, des relations humaines et le drame de leurs passions. Les contes peuvent nous aider à découvrir des sentiers oubliés vers nous-mêmes et des modèles insoupçonnés pour comprendre les autres. En outre, les modèles qu’il nous donne sont pittoresques-une expression extérieures de notre « intérieur », un moyen de se voir de côté et de se reconnaitre, non comme des solitaires uniques, mais comme une part d’un ‘tout’ magnifique. Chaque conscience humaine est suggestionnée par les contes (même le roi enragé Chahriar ne résiste pas à leur charme, grâce à l’ingénieuse Schéhérazade). Les contes sont pleines non seulement de morales mais de vie ; pour l’enfant grandissant ils dégagent une vitalitéé potentielle, qui donne un but.C’est pourquoi il est important non seulement la manière dont ils sont interprétés, mais avant tout comment ils sont éprouvés et vécus.

Parcourir le chemin du protagoniste est équivalent à découvrir un chemin en soi-même. Chemin vers la vérité… Chemin vers la réalité féérique... Parfois ce chemin est tout un univers dans lequel il peut y avoir des vallées et des mers, des rivières et de petits maison farfelues, pour de petits êtres qui vivent sa grande vie, se distinguant de la notre juste par le fait que ces petits être appelés des Moomins dorent non seulement pendant la nuit, mais aussi pendant toute l’hiver. Ils habitent une réalité concrète, et même quotidienne, et parfois en pensant à leur vie avec toutes les petites choses banales de touts les jours, nous pensons aussi à notre vie. Chacun entre nous vie la réalité quotidienne selon différents niveaux de proximité et d’éloignement à l’égard du temps et de l’espace. De même que nous ne pouvons pas exister dans cette réalité sans communiquer et interagir avec les autres, de  même dans le monde miraculeux des Moomins, les petits êtres cherchent leurs équivalences… Nous sommes seuls dans nos rêves et songes, mais nous nous rendons clairement conte des autres réalités existantes, qui organisent le monde au tour de notre « ici et maintenait », pour le faire plus féerique et pour le rapprocher au rêve.

 L’interprétation banale de la magie, ou de la réalité féerique se réduit très souvent, pour les adultes à quelque chose qui n’arrive jamais… qui n’est pas vrai. Une magie qu’on ne peut pas acheter et qu’on ne peut pas rencontrer dans la rue. Quelque chose qui n’existe pas! Mais si on s'accorde avec Bettelheim, la vérité de la vie d`un enfant n`a rien de commun avec la vérité de celle d`un adulte. La vérité des contes est la vérité de notre imagination et non pas celle de la causalité ordinaire. Tous les enfants croient en magie et cesse à le faire quand ils grandissent. Aucun parent ne peut promettre à son enfant un bonheur sans fin dans cette réalité. Mais en lui racontant des contes de fée, il peut l’encourager et lui donner des espoirs pour le futur sans pour autant le mentir, car la réalité féerique existe aussi comme existent le conte de fée et son regard optimiste, nécessaire à tous.

 

Contexte historique

La Finlande accède à son indépendance pendant les évènements révolutionnaires russes le 6 décembre 1917.

Un an plus tard une  guerre civile douloureuse opposa les Rouges qui représentaient les travailleurs et les Blancs composés des bourgeois et des paysans. Cette guerre se termina en mai 1918 par la défaite des Rouges.

L’Union soviétique attaqua la Finlande le 30 novembre 1939. Ainsi débuta la guerre d’hiver. Durant la Seconde Guerre mondiale, la Finlande mena deux guerres contre l’Union soviétique, la guerre d’hiver en 1939-1940 et la guerre de continuation de 1941 à 1944.

Les pertes humaines et territoriales de la Finlande furent importantes. Elle perdit la Carélie et d’autres territoires qui passèrent à l’Union soviétique, les indemnités de guerre à payer dans les 8 ans à l'URSS étaient lourdes, et tout le pays était à reconstruire. Le pays adopte ensuite une politique de neutralité stricte pendant la Guerre froide.

C’est notamment lors de la 2ème Guerre Mondiale, pendant les années 39-40 de la Guerre d’Hiver en Finlande que Tove Jansson a commencé les premières histoires des Moomins. La Famille des Moomins accueille alors les enfants rêveurs dans une autre réalité qui fonctionne selon des règles différentes de celles de la réalité ténébreuse de l’époque. Tove se rappelle de l’un de ces jours-là :

« Mon atelier était dans un état terrible après les attentats, pas de fenêtres, des fissures partout, de grands morceaux des murs se sont effondrés, le poêle et les radiateurs sont détruits. Mais il est toujours mon grand rêve, 7,70 mètres de carré. Et à côté de lui est une petite pièce où je peux vivre. » 

 

Du point de vue historique et culturelle, la Finlande est fortement influencée par ses pays voisins et notamment par la Suède, dont elle faisait partie jusqu’au 19ème siècle. De nos jours, la 2ème langue officielle reste le suédois.

Le fait que la Suède est le premier pays du monde à reconnaître le droit de vote aux femmes (entre 1718 et 1771) est également remarquable. L’émancipation de la femme y était assez importante et les femmes de la famille Jansson ne faisaient pas exception.

 

 

 

 

T.Jansson représentant de la génération « d’après guerre » dans la littérature scandinave

Tove Marika Jansson (Helsinki9 août 1914 - 27 juin 2001) est une écrivaine, illustratrice, et peintre finlandaise. Une des rares auteurs femmes de la BD de cette époque, du point du vue mondiale. Les livres de Tove Jansson sont traduits dans 60 langues dans 40 pays du monde.

Issue d'une famille suédophone, ses parents sont le sculpteur Victor Jansson (1886-1958) et l'artiste graphique Signe Hammarsten-Jansson (1882-1970), principale responsables des timbres finlandais. Depuis leur plus tendre enfance, Tove aussi bien que son frère Lars Jansson (qui travaille plus tard aussi sur les BD Moomins) furent entourés par l’art, le dessin ainsi que la bande dessinée. Elle étudie les Beaux-arts à Stockholm, Helsinki et Paris.

 Jansson est l'une des représentantes les plus importants de la génération « d’après guerre » dans la littérature scandinave. Où, nous retrouvons l’idée que l’enfant est différent en sa nature que l’adulte, qu’il porte en soi de l’individualité personnelle  et qu’il n’est ni « un petit adulte » - futur membre de la société, ni l’antipode parfait de l’adulte. L’auteur, défenseur de cette idée incontournable est Astrid Lindgren et Tove Jansson suit cette même direction.

  On lie surtout le nom de Tove Jansson au monde rêvé et féerique des Moomintrolls. Leur familles et amis se cachent, comme le dis aussi l’auteur, au fond de l’âme de chacun entre nous. Tove Jansson révolutionne la BD finlandais par la symbiose parfaite du texte et de l'image. Les créatures de son monde se rapprochent d’une part au mythe et conte populaire scandinaves mais d’autre part, à première vue, n'ont plus rien à voir avec lui et deviennent uniques en son genre. Les évènements de toutes les histoires Moomins se déroulent dans la Vallée des Moomins où les divers personnages excentriques doivent faire face à des catastrophes et des rebondissements inattendus. Ces histoires philosophiques et remplies de sagesse traitent de thèmes comme l'amitié, la solitude et la liberté. Les Moomins, Les Hatifnattes, Les Emules et  Les Mumles représentent juste une petite partie de tout cet univers singulier. Ils  conquièrent le monde au début des années 60 du XXème siècle. L’auteur dessine ses contes en visualisant les Moomintrolls ; elle illustre également les contes d’Andersen, « Bilbo le Hobbit »(1962) de J. R. R. Tolkien ainsi que « Alice au Pays des merveilles » (1966) de L. Carroll. En 1966, entre beaucoup d’autres, Tove Jansson est récompensée par le médaille d’or du  Prix Hans Christian Andersen  (le petit prix Nobel de littérature).

Pour créer les histoires des Moomins, Tove Jansson s’inspire de sa propre expérience personnelle et surtout de son enfance. L’apparence physique de Moomin prit forme au début des années  1930 (Tové avait alors 16 ans) et elle fut inspirée  à l’origine par Emmanuel Kant ! Il s’agissait de la pire caricature possible que Tove voulut dessiner du célèbre philosophe. La famille Jansson passait tous ses étés sur l’île de Pellinki (pas loin d’Helsinki) ou ils louèrent une cabane de pêcheur… La cabane disposait d’une toilette sèche construite en planches au fond du jardin. Ses murs étaient couverts d’images, d’histoires drôles, ou de maximes découpées dans des illustrés de Noel. A côté de ces décorations, les enfants comme les adultes inscrivaient librement leurs réflexions. Sur ces murs, Tove et son autre frère Per Olov, débattaient de toutes sortes de sujets. Au cours de l’un de leurs débats, Per Olov avança un argument basé sur une citation de Kant. Tove, ne trouvant plus de réponse, dessina le personnage le plus laid qu’elle réussit à inventer et écrivit en-dessous en grand : Emmanuel Kant. Ce fut l’apparence du premier Moomin. Son silhouette se confirma définitivement dans le journal satirique Garm* (ce nom provient de la mythologie scandinave où Garm est le chien de l’enfer dont le terrible cri annonce la fin du monde qui lui permettra enfin de briser ses chaînes), ou Tove et sa mère dessinèrent côte à côte pendant plus de 20 ans. Ce magazine sera l'un des rares magazines à adopter un point de vue antifasciste durant la seconde guerre mondiale et à se distancier de la politique officielle finlandaise (alliance avec l'Allemagne contre l'U.R.S.S. décidé par le régime gouverné par les blancs depuis l'écrasement sanglant de la révolution de 1948).

 A l’âge de 30 ans, à la fin de la guerre de Continuation, Tove Jansson avait aussi exercé ses talents dans des caricatures, chroniques et plusieurs nouvelles. Elle travailla également pour les magazines Noël Julen et Lucifer.

 

La Naissance des Moomins les trolles :

Le premier roman des Moomins était le Småtrollen och den stora översvämningen  (« Le Petit Troll et la grande inondation »,1945) et l’auteur avait écrit le  premier happy end de ces récits. L’année suivante parut le deuxième roman des Moomins, Kometjakten (« Une Comète au pays des Moomins/ La Comète arrive ! »). Ainsi l’univers des Moomins commença à prendre forme. En 1947 T. Jansson adapte en bande dessinée son roman Kometjakten, sous le nom « Moomin et la fin du monde »* qui parut dans le journal suédophone Ny Tid. L’histoire aurait pu durer plus longtemps que six mois, mais une partie des lecteurs militants du journal eurent mal interprété cette BD en lui reprochant un  penchement gauchiste et féodal. (En effet dans l’une des images Papa Moomin lisait Le Journal Monarchiste). Entre 1948 et 1953, T. Jansson avait publié les romans « Moomin le Troll/ Le Chapeau du sorcier » et « Les Mémoires de Papa Moomin ». Les romans de Tove Jansson connurent un véritable succès : désormais, le public britannique pouvait aussi apprécier les Moomins.  Le 29 janvier 1952, Tove reçoive une lettre de l’éditeur du fameux London Evening News* :

« Il nous est venu à l’esprit que votre famille des Moomins pourrait se décliner en une bande dessinée pas nécessairement destinée aux enfants. Il est bien évident que les récits sur la vie de la famille des Moomins ravissent les enfants, mais nous pensons que ces charmants personnages pourraient également évoluer dans une satire sur notre vie prétendument civilisée. »

Cette phrase de grande portée fut le préambule de deux événements importants : premièrement, l’adaptation des Moomins en BD et deuxièmement, le passage à « l’âge adulte » des romans des Moomins.

A Londres, chaque camionnette* de livraison du journal transportait sur son toit un grand Moomin, annonçant le lancement de la nouvelle BD. En 1959, Tove arrête son activité de BD’iste,  elle considéra que tout avait déjà était écrit pour les bd et que d'ici là elle se consacra entièrement à la peinture et le dessin.

Néanmoins, les BD continuèrent même après le divorce avec de son auteur. C’est le frère de Tove – Lars Jansson, également écrivain, qui prend le relais ensuite et qui apprends habilement  dessiner.

Ainsi commença la grande notoriété des Moomins. Le point culminant de la célébrité mondiale des trôles finlandais est venue avec les nouvelles séries d’animation japonaises en 1990. Le but de l’entreprise ‘Moomin characters’ était de faire des Moomins des personnages aussi connus comme Donald Duck ou Astérix. On remarque également les adaptations des Moomins en chansons et en pièces de théâtre aussi bien que les innombrables produits dérivés de l’industrie qui conquièrent le monde scandinave.

Mais est-ce que ces produits contemporains trouvent leur origine dans le passé scandinave et dans les traditions populaires ? Etant donné que les mythes et le folklore révèlent l'essence de la sagesse, il vaut la peine d'approfondir un peu plus ce sujet.

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