Devoir de Philosophie

Faut-il apprendre à être libre ?

Publié le 16/01/2011

Extrait du document

Bien lire le sujet : Le sujet porte sur la question générale des rapports entre l’inné et l’acquis. De plus il faudra insister sur le « Faut-il « ( cela nous renvoie à deux domaines :

   n est-il nécessaire ?

   n est-ce un devoir de notre part ?

   Recherche de la contradiction : Dès la lecture, on peut repérer un paradoxe : il semble que la liberté consiste à ne subir aucune règle ; or, la notion d’apprentissage suppose la contrainte. De plus, la liberté semble renvoyer à rester tels que nous sommes. Or apprendre cela implique changer, se transformer. Pour constituer le problème, il va falloir comprendre ce qu’est réellement la liberté.

 

   Introduction : La question « Faut-il apprendre à être libre ? « semble paradoxale : selon le sens commun, l’idée d’apprentissage suppose un effort, une discipline, une contrainte. Apprendre est de l’ordre de l’acquis. Au contraire, la liberté semble naturelle, spontanée, dégagée de toute contrainte. Ainsi, si l’on a besoin d’apprendre à être libre, cela signifie qu’on ne l’est pas au départ. La liberté ne serait donc pas donnée. Il serait donc nécessaire d’apprendre la liberté. Cela implique-t-il pour autant que cela soit un devoir pour l’homme ?

 

   [I. La liberté ne s’apprend pas. ]

Problème : Liberté = absence de contraintes.

Comment parvient-on à savoir que l’on est libre ? C’est bien souvent, semble-t-il par l’exercice de la solitude. En effet, si on considère qu’être libre c’est ne subir aucune contrainte, alors cela implique que l’on est libre que lorsque l’on est seul. Il faudrait donc en déduire que la société est un obstacle à la liberté. En ce sens, on n’apprend pas à être libre. Au contraire, dès lors que l’on apprend à vivre ensemble (pour former une société) on « désapprend « la liberté.

En outre, si la liberté était naturelle, si elle est réellement l’absence de toute contrainte, alors je ne suis libre que lorsque je m’oppose à la contrainte, à l’interdit. Ainsi l’avènement de la liberté humaine, le premier geste vraiment humain d’Adam et Eve c’est de désobéir. Cela ne s’apprend pas, c’est le fruit de notre liberté qui s’exprime haut et clair.

Alors, être libre consiste à ne pas canaliser, maîtriser ses passions, ses désirs, ses envies, mais au contraire à les assouvir. Là encore, nul besoin d’apprentissage pour se conduire ainsi. C’était d’ailleurs le point de vue de Calliclès dans le Gorgias de Platon. Il nous présente une vision de la liberté comme absence de toute contrainte. Et, selon lui, tout l’apprentissage social ne vise qu’à nous faire perdre cette liberté initiale qui est la nôtre pour faire de nous des moutons paisibles et manipulables.

Donc, si au problème de la définition de la liberté, on apporte la solution « la liberté est absence de contraintes, alors, à la question « faut-il apprendre à être libre ? «, la réponse est non.

Si on pousse ce raisonnement jusqu'à son terme, on se rend qu’une telle conception de la liberté ne mène qu’à la barbarie et donc à l’absence de liberté réelle. Il est donc sans doute nécessaire d’envisager une autre conception de la liberté, si l’on veut que celle-ci puisse exister réellement pour nous.

 

      [2. Mais cette liberté est illusoire. L’apprentissage est nécessaire.]

Problème : Liberté = maîtriser le passionnel en soi, se faire réellement homme.

Assouvir tous ses désirs, c’est être esclave de ses passions et de ses pulsions, c’est être l’esclave de l’animal en soi. La liberté de l’homme c’est de se conduire véritablement en homme. Pour cela il doit maîtriser l’animalité en lui. Or, cela ne peut passer que par un apprentissage. Sans règles, sans lois, sans contraintes, l’homme fait n’importe quoi et n’importe quoi ce n’est pas la liberté. D’autant que si chacun en faisait autant, on n’aboutit qu’à la loi du plus fort et seul le plus fort serait alors libre. Donc, dès lors que l’on n’est plus seul, on ne serait plus libre. Et même le solitaire doit apprendre à être libre : il doit se donner ses propres règles, contrainte pour ne pas céder au laisser-aller qui le ramènerait à l’état animal. Pensons à Robinson qui, bien que seul sur son île, s’impose des horaires, des contraintes pour garder de lui une image d’homme. Etre libre pour un homme, cela passe donc par une maîtrise de soi qui ne peut pas se passer de l’apprentissage. D’emblée, nous ne sommes pas libres, nous avons à le devenir.

Si au problème « qu’est-ce que la liberté ? « nous apportons la solution « La liberté consiste à maîtriser l’animalité en soi «, alors il semble qu’il faille apprendre à être libre, c'est-à-dire se donner les moyens de nous élever au-dessus de notre condition animale et ce en s’imposant des règles, une discipline. Cela ne peut passer que par un apprentissage.

Cela signifie-t-il pour autant que toutes les règle, toutes les lois nous apprennent à être libres ? Ne peut-on pas penser, tout de même que certains apprentissages nous oppriment et nous empêchent d’accéder à la liberté. Certes, nous devons nous faire hommes, mais tous les apprentissages le permettent-ils ? Bref, DEVONS-nous accepter tous les apprentissages ?

 

[III. Tout apprentissage conduit-il à la liberté ?]

Problème : Liberté = parvenir à l’autonomie, c'est-à-dire à se passer de maître.

Passer de l’animalité à l’humanité suppose donc que nous mettions en œuvre la faculté propre à l’homme : la raison. Or, bien user de sa raison, cela ne va pas de soi. Cela s’apprend, se forge (vous pourriez voir le texte de Descartes : le bon sens...). Sur quoi cet apprentissage repose-t-il ?

tout d’abord, il repose sur la discipline, la rigueur, c'est-à-dire, d’une certaine manière sur la contrainte. Mais cette contrainte doit permettre à l’individu de bien user de sa raison, de pouvoir réfléchir par lui-même. Il faut donc refuser le conditionnement, le dressage, l’endoctrinement, l’embrigadement. Apprendre à être libre, c’est apprendre à penser par soi-même et non pas obéir à tous les ordres. Pour apprendre à être libre, nous devons apprendre à penser par nous-mêmes.

Mais qui pourra assurer cet apprentissage ? Il va falloir qu’il y ait une transmission de connaissances et de méthode. Il va donc falloir trouver le maître qui sera un magister et non un dominus, c'est-à-dire un maître qui formera à la liberté et non qui nous traitera comme un esclave.

Un véritable maître est celui qui nous donne les moyens de réfléchir sur les fins que nous poursuivons, sur leur valeur. Il s’agit donc de permettre une éducation morale et non un simple endoctrinement.

Nous devons donc apprendre la liberté : pour cela il faudra sans doute au maître nous forcer quelque peu, car spontanément nous avons tendance à penser la liberté comme l’absence de contrainte : donc, à un moment donné, le maître va devoir nous faire violence, c'est-à-dire nous forcer à admettre que nous devons nous maîtriser. Il faut donc que le maître soit digne de confiance : il doit poursuivre notre libération et non notre embrigadement.

 

Conclusion :

Apprendre à être libre c’est donc apprendre à devenir ce que l’on est : un homme. Cela s’obtient par un effort, par volonté et par transmission. On ne peut pas nous transmettre la liberté, mais on peut nous transmettre l’apprentissage de la maîtrise de soi. Nous ne sommes homme et libres qu’en puissance, nous devons apprendre pour actualiser cela.

Liens utiles