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Faut-il craindre le regard des autres ?

Publié le 09/06/2013

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Plan :

I. L'être-pour-autrui.

II. Le regard et le visage.

« En disant cela, Sartre voulait dire que les autr es ne sont pas de simples objets dans mon champ de perception ; au contraire, ils sont, en tant que sujets, le fond même de mon existence.

J'existe sur le fond de l'existence des autres.

Ce qui se joue dans le regard, et ce qu'il nous apprend, c'est l'impo ssibilité où je suis d'exister comme si j'étais seul au monde.

Par le regard, j'existe pour autrui ; je suis -pour -autrui.

Les traits d'union indiquent ici que mon rapport à l'autre n'est pas une dimension accidentelle de mon être, à la manière de ces perso nnes qui aiment parader et « se montrer » aux yeux des autres pour s'en faire admirer ou désirer.

Être pour autrui veut dire que mon être a pour dimension essentielle mon rapport aux autres, que je ne suis pas sans eux. L'on comprend, dès lors, que le rega rd des autres soit redoutable.

Si en effet j'existe pour autrui, si tous les autres hommes ne peuplent pas mon extérieur mais me constituent, me font être, mon existence tout entière se trouve fragilisée.

J'attends tout d'autrui, mais j'ai aussi tout à cra indre de lui.

Il a la puissance de me nier, et cette puissance de négation ne trouve jamais mieux à s'exprimer que par le regard. Que l'on songe à ses talents d'indifférence ou de mépris.

Qui a fait un jour l'expérience de l'indifférence sait ce que peut s ignifier l'idée que l'on existe pour autrui.

Quand on n'est rien pour l'autre, on n'est soi - même plus grand -chose.

Le drame de l'amour non partagé est que l'on n'est rien aux yeux de celui ou celle pour qui on voudrait être tout. Mais il y a plus grave.

Il est aussi des regards qui anéantissent purement et simplement.

Primo Levi n'a jamais oublié le regard que lui a lancé un jour un officier allemand, à lui, le juif qui allait être déporté : le regard qu'on pourrait lancer à un sous -homme, terrible, dénué d e cette bienveillance amusée que l'on accorde même aux bêtes.

Et la mort était au bout du regard. Il est aussi des regards agressifs qui dévisagent, qui jugent, qui percent notre intimité, des regards désapprobateurs, soupçonneux aussi.

Il est certains pay s où il ne fait pas bon, quand on est femme, boire un verre à la terrasse d'un café.

Les regards sont alors plus lourds que la pierre.

Ils ne réprouvent pas : ils condamnent.

On dirait même parfois qu'ils insultent. Mais surtout, ce que révèle le regard de s autres sur moi, c'est que mon statut de sujet est toujours précaire.

Le regard comporte toujours la possibilité de me réduire à l'état d'objet.

Qu'en est -il, par exemple, du regard amoureux ? Où finit le regard qui désire, où commence celui qui fait de l a femme, ou de l'homme, le simple objet du désir? Mais nous n'avons examiné jusqu'ici que de simples qualités du regard, certaines de ses modalités.

Aussi l'analyse est -elle arbitraire : nous aurions pu choisir de parler des regards tendres, ou encore des regards de confiance.

Voilà pourquoi on ne peut pas s'en tenir à l'exemple. »

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