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Faut il distinguer le conflit et le dialogue ?

Publié le 22/02/2005

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Pour cela, le meilleur moyen, ce n'est pas d'avoir raison, mais de bien parler. En effet, cet accord-là n'est jamais obtenu que par des artifices de rhétorique: il s'agit d'être persuasif, plutôt que d'être dans le vrai. A la différence de convaincre, où je m'adresse à la raison de mon interlocuteur, lorsque je veux le persuader, je m'adresse à ses passions, je l'attaque par ses points faibles (s'il est ambitieux, je lui montre tout ce qu'il peut gagner à adopter mon point de vue, s'il est obstiné, je commence par faire semblant d'être d'accord avec lui pour l'amener progressivement à rallier mon point de vue...). PERSUASION : Désigne une adhésion ou une tentative de faire adhérer, fondée moins sur la raison que sur le sentiment et l'imagination. La persuasion n'est jamais qu'une ruse, et si elle a le mérite de faciliter l'accord, elle y arrive trop facilement: l'accord qu'elle extorque ne vaut pas grand chose. Et on sera bien arrivé à un accord, mais au détriment du dialogue: le dialogue n'est plus qu'une lutte, l'interlocuteur un adversaire. Tout se passe comme si on était placé devant une alternative: soit on arrive à un accord, soit on dialogue. Le problème, c'est que même cet accord obtenu par le détour de la persuasion n'a rien de durable. Il dure aussi longtemps que le charme du discours qui l'aura produit.

« longue échéance, plutôt qu'il ne l'apaise.

Plutôt que un accord, c'est un désaccord encore plus radical qui ensort.

On pourrait parler d'un faux accord en ce cas.Ce à quoi il faut donc s'efforcer, ce vers quoi il faut tendre dans un dialogue, c'est à une réelle conversion del'interlocuteur, qu'il adopte à l'issue du dialogue mon opinion à moi, et qu'il en soit convaincu aussi fermementqu'il l'était de son opinion à lui au début du dialogue.

En ce sens, le seul véritable accord auquel on arrive parun dialogue, c'est de faire changer d'opinion à son interlocuteur.

Pour cela, le meilleur moyen, ce n'est pasd'avoir raison, mais de bien parler.

En effet, cet accord-là n'est jamais obtenu que par des artifices derhétorique: il s'agit d'être persuasif, plutôt que d'être dans le vrai.A la différence de convaincre, où je m'adresse à la raison de mon interlocuteur, lorsque je veux le persuader, jem'adresse à ses passions, je l'attaque par ses points faibles (s'il est ambitieux, je lui montre tout ce qu'il peutgagner à adopter mon point de vue, s'il est obstiné, je commence par faire semblant d'être d'accord avec luipour l'amener progressivement à rallier mon point de vue...). La persuasion n'est jamais qu'une ruse, et si elle a le mérite de faciliter l'accord, elle y arrive trop facilement:l'accord qu'elle extorque ne vaut pas grand chose.

Et on sera bien arrivé à un accord, mais au détriment dudialogue: le dialogue n'est plus qu'une lutte, l'interlocuteur un adversaire.

Tout se passe comme si on étaitplacé devant une alternative: soit on arrive à un accord, soit on dialogue. Le problème, c'est que même cet accord obtenu par le détour de la persuasion n'a rien de durable.

Il dure aussilongtemps que le charme du discours qui l'aura produit.

On aura bien amené l'autre à changer d'opinion, mais lepropre de l'opinion, c'est d'être versatile, changeante.

La vraie difficulté n'est pas d'amener l'autre à changerd'opinion: elle est changeante par nature, il n'y a rien d'autre à faire que de lui faire préférer une opinion à cellequ'il a déjà.

La vraie difficulté, c'est de le faire se tenir à cette nouvelle opinion. [Le dialogue est un outil polémique puisque rien n'interditde prêter à l'un des participants des opinions que l'on veut -critiquer.

C'est un artifice qui permet de venir à boutd'un opposant sans violence apparente.] Mais tous les dialogues se valent-ils ? Platon oppose la dialectique philosophique, dialogue véritable, à l'éristique dessophistes qui n'en est que le faux-semblant.La première se fonde sur la possibilité d'un accord entre les interlocuteurs et, surtout, elle organise la confrontationen vue de la recherche sincère de la vérité.

La seconde, au contraire, est polémique et ne cherche qu'à réduirel'adversaire au silence.

En ce sens, pour Platon, la pratique sophistique du dialogue n'est au fond qu'une formedéguisée de violence. Le dialogue n'exclut pas nécessairement la violence conflictuelleSocrate semble quémander son instruction auprès des autres, comme pour devenir leur disciple.

Mais il se pose toutd'un coup comme un maître qui dénonce les fautes.

Son art du dialogue pourrait bien être un art de dissimuler sasupériorité sur l'interlocuteur, une feinte soumission pour mieux le dominer, à la fin, par quelque ruse. Dialogue et mensonge La rhétorique est la maîtrise du discours persuasif, qui ne se soucie guère de connaîtrece dont elle parle.

Elle rend l'orateur plus convaincant sur un sujet que celui qui connaîtà fond ce sujet, et ferait presque prendre l'âne pour un cheval.

En ce sens, la rhétoriquese confond avec la sophistique.

Le sophiste prétend à un savoir universel ; expert enl'art de rendre habile à parler sur tout, il ne rend pas véritablement savant sur tout, maisen donne l'apparence.

La sophistique, comme la rhétorique, est une flatterie, imitation néfaste d'arts utilesfondés sur un véritable savoir : législation, justice.

La sophistique, comme la rhétorique,veut, sans souci de justice, montrer parla parole et par l'action le plus d'efficacité dansles affaires de l'État. « Excellent ami! tu essaies de me réfuter par des procédés rhétoriques, semblables àceux qu'on utilise dans les assemblées.

Là un orateur croit réfuter son adversairelorsqu'il peut produire contre lui en faveur de sa thèse des témoins nombreux etconsidérés, tandis que l'autre n'en a qu'un seul ou aucun.

Mais ce genre de démonstration n'a aucune valeur relativement à la vérité.

Il peut arriver en effet qu'un juste succombe sous desfaux témoignages nombreux et apparemment autorisés.

Et sur la question dont tu parles, à peu d'exceptions près,tu obtiendras l'accord de tous les Athéniens et de tous les étrangers si tu les appelles à témoigner que je ne dis pas. »

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