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Faut-il distinguer une interprétation d'une explication?

Publié le 27/03/2009

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Oui : On explique ajuste titre un tremblement de terre, une éruption volcanique, et en général tous les désastres de la nature. Mais il n'est pas légitime d'interpréter un phénomène de la nature (tel désastre est interprété comme une punition par des esprits superstitieux). Interpréter veut dire : prêter une intention à Expliquer veut dire : connaître les causes. Or, dans la nature, rien n'est intentionnel. Tout s'explique par des causes objectives et naturelles. Il ne faut interpréter que ce qui provient de l'esprit de l'homme : les actions humaines, les paroles humaines, mais aussi les rêves et tous les actes, aussi dénués de signification qu'ils nous apparaissent : les "actes manques", les "lapsus" de Freud. On ne peut pas interpréter le hasard. Ce serait tomber dans la superstition. On interprète tout ce qui est relatif à l'esprit humain car il n'y a pas de hasard dans ce domaine. interprétation -> volonté, intention explication -> mécanisme, causes, hasard.

Les sciences humaines interprètent. Les sciences de la nature expliquent.

 

  • I Il faut distinguer une interprétation d’une explication dans la mesure où elles constituent deux réponses différentes à deux questions différentes

  • II Interprétation et explication s’incluent l’une l’autre; aussi doivent-elles être articulées

  • III l’interprétation englobe l’explication, mais il faut les distinguer

 

« Il faut distinguer une interprétation d'une explication dans la mesure où elles constituent deux réponses différentesà deux questions différentes.

Aussi ne pas distinguer l'interprétation de l'explication, c'est rendre impossiblel'objectivité nécessaire à la connaissance scientifique.

Cependant si leur orientation diffère, faut-il pour autantradicalement les séparer ? Autrement dit est-ce l'interprétation et l'explication s'excluent l'une l'autre : lorsquej'explique, je n'interprète pas et lorsque j'interprète je n'explique pas ? II Interprétation et explication s'incluent l'une l'autre; aussi doivent-elles être articulées _ Pour interpréter, il faut expliquer.

En effet nous avons dit que l'interprétation consistait dans la faculté de donnersens à des parties en les incluant dans l'unité synthétique d'un tout.

Or si l'objet constitue lui-même un out ui n'estpas intelligible par lui-même, la première chose à faire avant de l'interpréter est de le décomposer en parties qu'ilfaut analyser.

En d'autres termes l'interprétation nécessite la priorité d'une explication.

Par exemple, un commentairede texte vise à donner l'interprétation d'un texte dans la mesure où il s'agit de donner du sens à la totalité du texteet non pas juste à une de ses parties.

Mais avant de pouvoir s'occuper de c tout qu'est le texte, il faut effectuerune explication de texte qui consiste en le recensement des figures de styles et de la syntaxe.

Ainsi dans le poème« la Trebbia » de José maria de Heredia dans les Trophées , on peut remarquer l'usage de l'alexandrin pour augmenter le sentiment de puissance « Et là-bas , sous le pont, adossé contre une arche, / Hannibal écoutait, pensif ettriomphant/ le pié-ti-ne-ment sourd des légions en marche ». _ Inversement, si l'explication est nécessaire à l'interprétation, l'interprétation est nécessaire à l'explication.

En effetil ne sert à rien de découper des parties si l'on ne sait comment les découper.

C'est le prisme de l'interprétation quinous permet de décomposer un texte, de même qu'u résultat scientifique.

C'est ce que l'on peut soutenir avecDuhem dans sa Théorie physique lire II chapitre III : ce qui fait u scientifique, c'est sa capacité à interpréter des résultats donnés par des machines .On voit en effet que n'importe u est capable de relever des mesures, mais cequi fait qu'un scientifique l'est vraiment, c'est qu'il est capable de donner un sens à ses chiffres en les replaçantdans une théorie générale.

Par exemple, le médecin qui analyse le résultat de notre prise de sang, a décomposénotre sang dans ses composants principaux, mais ce qui fait sa compétence propre, c'est sa capacité à savoir s'ilssont les symptômes ou non d'une pathologie. Interprétation et explication s'incluent l'une l'autre; aussi doivent-elles être articulées.

Cependant si l'explication estun moyen de l'interprétation, on voit que l'interprétation englobe l'explication.

Or s'il y a primauté de l'interprétationde l'explication qui n'est qu'un de ses modes, cela ne signifie t-il pas l'impossibilité de l'objectivité scientifique ? III l'interprétation englobe l'explication, mais il faut les distinguer _ l'interprétation englobe l'explication.

En effet contrairement à ce que nous avons dit, il n'y a qu'un objet qui estsignifiant par lui-même.

Aussi nous ne pouvons nous contenter de recueillir les objets et de les décomposer, ce quiimporte avant tout, c'est de leur donner du sens.

Or ce sens et à construire par l'esprit humain.

C'est ce que nouspouvons soi tenir avec Mircea Eliade dans le Sacré et le profane : le monde est par lui-même insignifiant.

Mais comme l'homme ne peut exister dans un chaos dépourvu de sens, il projette sur lui une construction designifications imaginaires appelées culture.

La culture est le résultat de l'interprétation fondamentale de l'homme parrapport à cet objet opaque qu'est le monde.

Ainsi les mythes et les légendes sont une manière d'interpréter lanature en lui conférant une intelligibilité qui provient de l'esprit humain : par exemple face à ce mystère irréductiblequ'est la mort, le mythe judéo-chrétien comprend ce mystère en l'attribue comme le châtiment lié au péché originel. _ En ce sens, on peut comprendre que l'explication n'est qu'un mode de l'interprétation.

Les scientifiques en croyantexpliquer le monde oublient qu'ils sont eux-mêmes des hommes héritiers de cette construction de significationsimaginaires dans laquelle ils sont nés.

Aussi les entités qu'ils croient découvrir au sein du monde physique ne sontque des concepts et des idées de leur esprit qu'ils projettent sur la nature.

C'est ce que l'on peut soutenir avecQuine dans les Deux dogmes de l'empirisme : les entités scientifiques comme la gravitation n'ont pas plus de réalité que les dieux d'Homère.

Il importe d'ailleurs de remarquer que l'explication scientifique est elle-même l'héritière de lamétaphysique et de la mythologique qui donnaient tout sens à la nature et au monde humain. _ Faut-il alors abandonner toute exigence d'objectivité scientifique ? En effet nous avions dit que l'interprétationdifférait de l'explication comme la subjectivité de l'objectivité.

Or si l'explication n'est qu'un mode de l'explication, ilsemble qu'il n'existe plus aucun critère pour préserver cette distinction fondant l'objectivité scientifique.

Cependantnous avons tous conscience que, même si l'interprétation et l'explication se réduisent finalement à uneinterprétation de l'esprit humain; elles ne cherchent pas la même chose.

Aussi si l'explication ne se distingue plusdans son statut conceptuel de l'interprétation, il faut néanmoins la distinguer afin de permettre l'exercice de lascience.

C'est ce que l'on peut soutenir avec Popper dans la logique de la découverte scientifique : est scientifique ce qui est falsifiable, c'est-à-dire ce qui se prête à l'épreuve de la raison et de l'expérience et n'est pas considérécomme erroné jusqu'ici; L'explication serait alors une interprétation qui a résisté à l'épreuve d falsification.

Paropposition, la psychanalyse ne peut être une explication car elle refuse toute possibilité d'être falsifiée en imputantles critiques qu'elle rencontre à des résistances elles-mêmes comprises dans la théorie psychanalytique. Conclusion :. »

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