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Faut-il éliminer le risque ?

Publié le 07/04/2009

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Faut-il éliminer le risque ?

   Le risque est avant tout une notion mathématique en tant qu’elle est l’expression d’une probabilité qu’une chose arrive ou n’arrive pas. Cependant, s’il s’agit d’une notion mathématique le risque tient une place importante dans le champ humain dans la mesure où il s’exprime comme réussite ou échec mais surtout qu’il peut exprimer un risque de mort. Il est alors objet d’inquiétude et limite l’action. Dès lors le risque est une notion négative et l’homme recherche, notamment par la science, à promouvoir un risque zéro, c’est-à-dire une maîtrise absolue de la nature et de son destin. Mais cette volonté du risque zéro a-t-elle un sens ? N’est-ce pas un idéal vain ou simplement régulateur ? Dès lors il faudrait introduire la notion de risque raisonnable, si une telle expression a un sens.

            S’il existe une véritable volonté d’éliminer le risque (1ère partie), il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un idéal qui doit laisser sa place à la vertu de prudence (2nd partie), et reposer sur une éthique du risque c’est-à-dire de la responsabilité (3ème partie).

I – Maîtrisez le tout : le risque zéro comme volonté

II – Un idéal impossible : la prudence comme solution

III – Emergence d’une éthique de la responsabilité et risque raisonnable

« vertu pratique par excellence.

Pour éviter les erreurs et endiguer cette peur nous pouvons faire appel à unestratégie décisionnelle ici la prudence.

La prudence est la capacité à effectuer de bons choix et suppose une règlegénérale de conduite relative à la définition de la vertu, c'est-à-dire ici d'une certaine médiété.

Mais cettedélibération produisant le choix propre au prudent doit se produire dans l'action au risque sinon d'en être unobstacle.

Le prudent est en effet celui qui prend de bons choix.

Comme on le voit dans l'Ethique à Nicomaque d'Aristote , 1106b36 : « la vertu est un état habituel décisionnel (qui permet de faire un choix) qui consiste en une moyenne (juste milieu) fixée relativement à nous.

» On voit alors apparaître la notion de proairesis ( proairesis - choix), qui est la notion qui délimite avec le plus de netteté le domaine même de la philosophie pratique : « il semblebien que la proairesis soit ce qu'il y a de plus propre à la vertu, et c'est elle qui permet de juger des traits decaractères, mieux que ne le peuvent les actions.

» le vertueux en effet peut choisir contre son désir, ce quidistingue le choix du désir et du souhait au sens où je peux vouloir, sur le simple mode du souhait l'impossible.Cependant, il n'y a pas de définition de la prudence, c'est plutôt un type d'homme comme Périclès : (1140b7)« Périclès et ses semblables sont des gens prudents dans notre esprit parce qu'ils sont capables de voir ce qui estbon pour eux-mêmes et les autres êtres humains.

Et on croit que ce sont les chefs de famille et les hommespolitiques qui sont ainsi.

» Ce qui est ici premier c'est la dimension pratique : la prudence semblerait se déployeressentiellement dans le domaine éthique et politique.

La prudence en tant que vertu de la partie délibérative del'âme concerne les choses contingentes, les seules sur lesquelles on puisse délibérer.

De plus la prudence concernele particulier et non l'universel.

Ainsi en tant que vertu de l'intellect pratique, la prudence couronne l'édifice de laphilosophie pratique et est donc nécessairement liée à la liberté.

L'homme prudent est un homme libre dans lamesure où il n'est pas soumis au vice.

La règle qui doit définir la vertu éthique est donc déterminée par rapport àcette prudence.c) Bien plus, le prudence est alors l'homme d'expérience comme le précise Hume dans le livre III du Traité de la nature humaine .

L'expérience nous donne une forme de connaissance probable des conséquences de nos actions ou nous permet d'envisager nos actions de manière probable.

C'est en ce sens que Hume note qu'un agriculteurexpérimenté s'en sort toujours mieux qu'un novice.

Il sait évaluer les risques et prendre en compte un ensemble dedonnées que lui a fourni l'histoire.

C'est pourquoi l'étude de l'histoire est alors essentielle et semble pouvoir nousfournir la matière d'une connaissance du monde, certes probable, par l'expérience.

Si l'histoire peut nous fournir lamatière d'une expérience, c'est bien parce que l'histoire nous offre de grandes tendances comme le remarque Hume dans son Traité de la nature humaine .

L'histoire de l'homme nous montre de traits que l'on peut retrouver sous cette généralité en l'homme.

Il y a donc des types et certains types d'actions que feront ces personnes, c'est-à-dire d'une certaine manière des réponses types que les personnes produiront.

Et c'est en ce sens alors qu'estpossible la morale et l'enseignement de la morale dans la mesure où l'homme peut savoir par l'étude de l'histoire lestraits de l'humanité.

C'est pourquoi Hume précise au début de son Traité et de l'Enquête que l'étude de l'histoire est de la plus haute importance pour l'homme.

Il s'agit alors de définir une sagesse pratique, c'est-à-dire une règle deconduite telle que nous ne soyons pas de simples naïfs.

En effet, nous ne faisons pas l'expérience de tous mais iln'en reste pas moins que nous avons appris à nous méfier de certaines situations et cela grâce au récit que l'onnous a fait d'où l'importance de l'éducation et la valeur des fables et des récits faits aux enfants.

Il s'agit alors d'unequasi expérience que nous aurions pu faire.

Il s'agit alors d'un raccourci nous évitant les désagréments de l'échec oude la duperie.

Transition : Ainsi le risque zéro n'est qu'une vue de l'esprit, un idéal inatteignable mais qui doit conserver sa valeur d'Idée de laraison, c'est-à-dire d'un usage régulateur pour l'entendement, suivant un vocabulaire kantien.

Dès lors dans lechamp pratique éliminer le risque c'est faire preuve de prudence.

Chaque action, chaque engagement fait place alorsà un risque raisonnable.

III – Emergence d'une éthique de la responsabilité et risque raisonnable a) Effectivement, c'est sous la filiation d'Aristote que se place André Tosel dans Formes de rationalité et phronétique moderne pour faire usage de la notion de risque raisonnable.

Le raisonnable fait bien référence à la médiété aristotélicienne entre le risque élevé et inconsidéré et le risque timoré.

Et c'est en ce sens qu'il lie alorsprincipe de précaution et risque raisonnable.

Il s'agit alors d'un calcul des chances, c'est-à-dire d'une normestatistique.

Ainsi : « pour juger de ce que l'on doit faire pour obtenir le bien ou le mal en soi, il ne faut passeulement considérer le bien et le mal en soi, mais aussi la probabilité qu'il arrive ou n'arrive pas ; et regardergéométriquement la proportion que toutes ces choses ont ensemble ».

Mais il est point sur lequel il faut insisterc'est alors la nécessité de développer aussi une éthique de la responsabilité pour rendre compte de ses choix aurisque sinon de jouet à l'apprenti sorcier.b) Et c'est bien ce que l'on peut voir à travers la mise en garde que produit Hans Jonas dans le Principe de responsabilité .

La technique est à ce point développé que l'homme est devenu un danger pour lui-même.

La question du risque et du calcul du risque est alors pour lui d'autant plus importante.

Dès lors la notion de respect qui se faitjour.

Il s'agit donc d'une reformulation de l'éthique autour de l'idée de responsabilité.

Et c'est bien ce qu'il affirmedans Pour une éthique du futur , puisque Jonas montre que l'espèce humaine se trouve à un carrefour ; dotée d'une puissance en constante extension, où il lui faut désormais faire des choix et prendre des décisions, assumer seshésitations qui lui éviteront le « sort de l'apprenti sorcier » frankensteinien.

Cette éthique n'est donc là pour brimerla vie, ni le développement de la science mais au contraire pour l'aider à parer les dangers, donc d'une certainemanière de ne pas réduire la science à une rupture radical de l'homme avec lui-même mais aussi avec la nature.c) Le risque serait de faire de l'homme sur le terre ce que Michel Serres dans le Contrat naturel nomme un parasite.

Dans cette volonté de maîtriser la nature, c'est l'homme qui se dénature, et s'aliène.

S'il ne tient pas. »

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