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Faut-il être connaisseur pour apprécier une oeuvre d'art ?

Publié le 31/08/2005

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- Cette vision «spontanéiste « semble prendre appui sur l'aspect de liberté que revêtent la fréquentation des oeuvres et la jouissance qui s'y attache « libre jeu des facultés « disait  Kant à propos de l'émotion esthétique et du jugement de goût qui en semble indissociable. On peut alors imaginer que le seul désir de répéter une émotion esthétique originaire - commun cependant à l'expérience des beautés naturelles et à celle des beautés artistiques - peut conduire à une authentique « expérience artistique «.- Mais la fréquentation des oeuvres, à elle seule, peut-elle suffire ? Si elle met en jeu une activité effective du sujet qui les aborde, n'atteste-t-elle pas d'emblée un besoin de culture, qu'elle peut à sa manière satisfaire partiellement, mais que tout aussi bien elle peut appeler, afin de prendre sens ? N'apprend-on pas à regarder un tableau, à écouter une symphonie, à rendre signifiante l'architecture d'un monument ? Le statut de l'éducation artistique dans la culture - mais aussi dans la recherche du bonheur comme accomplissement de soi - se trouve ici mis en jeu. Est-il nécessaire d'être cultivé, ou de le devenir, pour apprécier une oeuvre d'art ? [Etendre ma connaissance de l'art me permet de saisir avec plus de finesse la richesse, les qualités d'une oeuvre. C'est ainsi que le plaisir esthétique peut atteindre a la plénitude.]  L'art exige un public qui soit apte le comprendre Pour entrer dans l'univers de l'art, il faut pénétrer dans l'univers de chaque artiste et l'effort est toujours refaire, car l'accès a l'un des univers ne nous dispense pas du travail nécessaire pour entrer dans l'autre.

« "Pour ce qui est de l'agréable chacun se résigne ce que son jugement,fondé sur un sentiment individuel, par lequel il affirme qu'un objet luiplaît, soit restreint à sa seule personne.

Il admet donc quand il dit : levin des Canaries est agréable, qu'un autre corrige l'expression et luirappelle qu'il doit dire : il m'est agréable ; il en est ainsi non seulementpour le goût de la langue, du palais et du gosier, mais aussi pour ce quiplaît aux yeux et aux oreilles de chacun.

L'un trouve la couleur violettedouce et aimable, un autre la trouve morte et terne ; l'un préfère le sondes instruments à vent, l'autre celui des instruments cordes.

Discuter àce propos pour accuser d'erreur le jugement d'autrui, qui diffère dunôtre, comme s'il s'opposait à lui logiquement, ce serait folie ; au pointde vue de l'agréable, il faut admettre le principe : à chacun son goût (ils'agit du goût des sens).

Il en va tout autrement du beau.

Car il seraittout au contraire ridicule qu'un homme qui se piquerait de quelque goût,pensât justifier ses prétention en disant : cet objet (l'édifice que nousvoyons, le vêtement qu'un tel porte, le concert que nous entendons, lepoème que l'on soumet à notre jugement) est beau pour moi.

Car il nesuffit pas qu'une chose lui plaise pour qu'il ait le droit de l'appeler belle ;beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et de l'agrément,personne ne s'en soucie mais quand il donne une chose pour belle, ilprétend trouver la même satisfaction en autrui ; il ne juge passeulement pour lui mais pour tous et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété d'objets ; il dit donc : la chose est belle, et s'il compte sur l'accord des autres avecson jugement de satisfaction, ce n'est pas qu'il ait constaté diverses reprises cet accord mais c'est qu'ill'exige.

Il blâme s'ils jugent autrement, il leur dénie le goût tout en demandant qu'ils en aient ; et ainsi on nepeut pas dire : chacun son goût.

Cela reviendrait à dire : il n'y a pas de goût, c'est-à-dire pas de jugementesthétique qui puisse légitimement prétendre l'assentiment universel." KANT Ce texte est extrait de la « Critique de la faculté de juger » ou « Critique du jugement » (1791).

La faculté dejuger est faculté de penser le particulier comme contenu dans l'universel.

Lorsque je dispose d'une règle, d'unprincipe, d'une loi sous laquelle je peux subsumer le cas particulier, le jugement est dit déterminant.

Ainsi, parexemple, les lois de l'optique me permettent d'affirmer que le ciel doit paraître nécessairement bleu lorsqu'il n'ya pas d'humidité en suspension dans l'air.

Lorsque je remonte du particulier en général sans disposer aupréalable d'une règle générale, le jugement est dit réfléchissant. JUGEMENT RÉFLÉCHISSANT ET JUGEMENT DÉTERMINANT Le jugement déterminant part de l'universel pour l'appliquer au particulier.

A l'inverse du jugement réfléchissantqui part du particulier pour rejoindre l'universel.Par exemple, lorsque nous disons que les chats sont des félins, nous subsumons la catégorie "chat" sous cellede "félin" comme plus générale parce que nous possédons déjà cette généralité.

En revanche, lorsque nousdisons que ce tableau de Picasso est un chef d'oeuvre, nous n'usons pas de la notion de chef d'oeuvre commed'un outil pour la connaissance.Le jugement de goût qui porte sur les oeuvres est un jugement réfléchissant cad qu'il n'est pas un jugementde connaissance.

En revanche, le jugement déterminant n'est pas celui par lequel nous apprécions la beauté,mais celui par lequel nous connaissons. Le jugement de goût s'apparente à une appréciation.

Ainsi, quand je dis : « Ceci est beau » (jugementesthétique), je m'élève par réflexion du particulier à l'universalité.

De même, quand dis: « Ceci sert à tellechose » (jugement téléologique), je conçois par réflexion l'idée d'une finalité externe.

C'est à l'examen decette faculté de juger réfléchissante qu'est consacrée la « Critique du jugement » (ou « Critique de la facultéde juger »). La « Critique du jugement » comprend deux grandes parties : la critique du jugement de goût et celle dujugement téléologique.

Le texte que nous allons étudier se situe dans la première partie au § 7 (deuxièmemoment de l' «Analytique du beau »).

Il s'agit de déterminer ce qui permet d'appeler beau un objet et c'est,selon Kant, à l'analyse du jugement de goût qu'il revient de le découvrir.Dans le premier moment (§2 à §5), Kant analyse le jugement de goût sous l'aspect de la qualité.

Il montre quele plaisir esthétique authentique n'est ni un plaisir des sens (agréable) - les fruits d'une nature morte, parexemple, ne se mangent pas - ni un plaisir semblable à celui que procure le bien.

Le goût peut donc se définircomme la faculté de juger par une satisfaction ou un déplaisir, indépendamment de tout intérêt.

On appellebeau l'objet d'une telle satisfaction.

Le deuxième moment (§6 à §9) est consacré à l'analyse du jugement degoût selon la quantité. Dans ce texte extrait de la « Critique du jugement » (ou « Critique de la faculté de juger »), Kant procède àune comparaison entre deux sortes de jugement : celui se rapportant à l'agréable et celui se rapportant aubeau.

Il en ressort qu'en ce qui concerne le beau, on ne peut admettre l'opinion courante: «A chacun songoût.

» Le jugement esthétique authentique, qui est désintéressé, se pose comme universel.

Pourtant, commele souligne Kant, le beau n'est pas une propriété de l'objet, autrement dit il n'y a pas de règle pour définir la. »

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