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Faut-il être lucide pour se rendre heureux ?

Publié le 22/02/2012

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Etre lucide, c'est vivre en vérité. L'homme lucide porte sur lui et sur les autres un regard objectif sans concession ni compromission. Mais ce rapport honnête à la vérité peut nous conduire à désespérer de l'existence. Etre lucide, c'est ne trouver aucun refuge, aucune consolation par lesquels je me protège contre la dureté de la vie et du monde. Si la lucidité nous rend triste et malheureux, que vaut pourtant un bonheur purement illusoire et mensonger ? Faut-il préférer une illusion réconfortante à une lucidité blessante ? I) Lucidité et malheur de l'existence humaine. II) L'illusion réconfortante III) La lucide vérité et l'illusion comme valeurs

« vivre.

Car l'intelligence, dans une suprême lucidité, peut renoncer à jouer le jeu de la volonté et se rebeller.

L'artpeut bien être un remède passager, et l'artiste cet « oeil unique du monde », arraché à la souffrance par la pure représentation.

Mais la véritable solution est morale : l'ascétisme comme exténuation de la volonté et renoncementà la vie. Pourquoi l'ascétisme et pas le suicide ? Parce que le suicide est encore une illusion.

Cioran dit que seuls les optimistes se suicident.

Pour Schopenhauer , le suicide est la négation de la vie mais non du « vouloir-vivre », dont il est, au contraire, l'affirmation passionnée : « Celui qui se donne la mort voudrait vivre ; il n'est mécontent que des conditions dans lesquelles la vie lui est échue. » Le suicide, c'est le « vouloir-vivre » retourné contre soi-même.

Il est protestation plus qu'indifférence.

On pourrait dire que, relativement à la vie, suicide et ascétisme sont dans le même rapport respectif qu'athéisme etmatérialisme, eu égard à Dieu.

Seul l'ascétisme est véritable extinction de la volonté, et c'est l'ennui qui y prépare,car l'ennui est la meilleure école de la désillusion. L'ennui, en effet, nous libère des actions particulières qui exigent autant de motifs, autant d'illusions.

L'ennui nousarrache de la volonté et nous met en condition de nous représenter la vérité de la volonté, sa généralité et sonabsurdité.

Et connaître la vérité sur la volonté revient à se soustraire à son emprise.

Pour Schopenhauer , la philosophie de la lucidité est exercice de désillusion.

Mais, dans ce cas, ne faut-il pas préférer l'illusion réconfortantà une lucidité blessante ? II) L'illusion réconfortante De son côté, l'illusion peut apparaître comme satisfaisante pour celui qui préfère se dissimuler la réalité de sa situation — qu'il s'agisse de sa situation personnelle ou de sa situation d'homme engénéral, comme mortel.

L'illusion rassure parce que, tant qu'elle dure, elle ne fait que confirmer l'interprétationhabituelle du monde.

C'est bien pourquoi elle constitue, du point de vue de Bachelard, un important obstacleépistémologique.C'est que l'illusion prend son origine dans un besoin fondamental de quiétude et dans les désirs.

Sadénonciation risque en conséquence d'être peu efficace.

Si l'on admet, à la suite de Marx et de Freud, que lacroyance religieuse ne repose sur rien d'autre que sur un désir de compensation face aux misères réelles ou unedemande de protection d'origine infantile, force est de constater que ce repérage de ses sources ne suffitaucunement à la faire disparaître.L'illusion nous est peut-être d'autant plus « naturelle » qu'elle correspond à notrefonctionnement psychique normal, c'est-à-dire à la façon dont notre conscience nous trompe sur nosdéterminations en censurant nos pulsions et les représentations de notre inconscient.

Lorsque Freud a entrepris dediffuser ses théories, ce fut en affirmant qu'elles étaient sans doute ce à quoi l'homme était le moins préparé, ou cequ'il admettrait le plus difficilement, précisément parce que les « vérités » qu'il affirmait venaient contredire laconfiance traditionnellement accordée à notre conscience.

Notre existence quotidienne ne peut, par exemple, sedérouler sans trop de heurts qu'à la condition que nous « oubliions » l'importance de la sexualité.

L'illusion est ainsiquotidiennement vitale, parce qu'elle nous permet d'avoir des relations normales avec les autres et d'obéir auxprincipes de notre environnement.Toutefois, vient toujours un moment où l'illusion est dénoncée comme telle : cefut le travail de Freud, et c'est, plus généralement, la tâche de toute démarche philosophique ou scientifique.Lorsque Marx dénonce les effets de l'idéologie bourgeoise sur la conscience même de la classe ouvrière, que tente-t-il d'autre que d'ôter à cette dernière ses illusions ? Vient toujours un moment où « le roi est nu ».

Il semble ainsique l'auto-aveuglement, malgré le confort qu'il peut m'apporter, doit avoir une fin ; et il apparaît semblablement, dupoint de vue collectif, que la mentalitéest bien obligée, même contre son gré, de tenir compte peu à peu, malgrél'inquiétude que cela peut susciter en elle, des avancées scientifiques. Un exemple d'illusion réconfortante: la religion pour Freud Pour Freud , la religion ‘est pas la compensation illusoire de la misère économique et sociale, mais de la misère psychologique.

Dans « L'avenir d'une illusion », Freud montre que les exigences répressives de la « civilisation » entrent en conflit avec les instincts, les désirs sexuels et agressifs qui caractérisent la « constitution animale » de l'homme.

Le « secret » de la force des « illusions religieuses » tient précisément à la force de ces désirs frustrés.

La religion a une fonction consolante parce qu'elle offre la perspective d'un au-delà dans lequelle désir trouvera sa satisfaction.

Mais elle répond aussi au besoin de protection et d'amour del'homme par l'image d'une Providence bienveillante sous la forme de Dieu le Père : « Nous le savons déjà : l'impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d'êtreprotégé –protégé en étant aimé- besoin auquel le père a satisfait : la reconnaissance du faitque l'homme s'est cramponné à un père, à un père cette fois plus puissant.

L'angoissehumaine en face des dangers de la vie s'apaise à la pensée du règne bienveillant de laProvidence divine. » Ainsi, donc, pour Freud , la religion est une illusion engendrée par le désir et c'est de l'image paternelle que provient l'idée de Dieu . « Représentons-nous la vie psychique du petit enfant.

[...] La libido suit lavoie des besoins narcissiques et s'attache aux objets qui assurent leursatisfaction.

Ainsi la mère, qui satisfait la faim, devient le premier objetd'amour et certes de plus la première protection contre tous les dangersindéterminés qui menacent l'enfant dans le monde extérieur ; elle devient,peut-on dire, la première protection contre l'angoisse.

La mère est bientôtremplacée dans ce rôle par le père plus fort, et ce rôle reste dévolu au père. »

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