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Faut-il exiger une preuve de tout ?

Publié le 17/01/2004

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Mais si la preuve n'est pas considérée comme une exigence, une condition, alors la vérité d'un énoncé ou d'un fait sera fondée sur quoi ? Le risque étant que ce que nous avançons reste incertain.   PLAN DETAILLE   Première partie : La preuve fonde de deux manières la connaissance de la chose.   1.1  La preuve par la sensation.   « Deux principes fondamentaux de l'empirisme [...] L'un est que toute preuve qu'il peut y avoir pour la science est d'ordre sensoriel. L'autre, sur lequel je reviendrai, est que toute injection de signification dans les mots doit en fin de compte reposer sur des preuves sensorielles [...] la stimulation de ses récepteurs sensoriels est toute la preuve sur quoi quiconque peut, en fin de compte, s'appuyer pour élaborer sa représentation du monde. » QUINE, L'épistémologie naturalisée.

Définition des termes : Nous recherchons la preuve d’une chose quand nous désirons l’établir, la fonder, en montrer l’exactitude afin qu’elle puisse justifier notre croyance en cette chose ou fonder notre connaissance sur elle. Nous parlerons plus facilement de la preuve ou de la démonstration d’un énoncé. Par exemple d’un énoncé mathématique « la somme des angles d’un triangle est égale à deux droits. « Mais nous pourrons également parler de preuve quand il s’agit d’établir la culpabilité d’une personne dans le domaine pénal. La preuve peut donc être rapprochée de la vérification, de la démonstration, de la validation et enfin de la justification. Elle possède le statut de condition de la connaissance ou de la véracité d’un fait et doit en ce sens être exigée. Cependant si elle permet de fonder la connaissance et notre croyance, il se peut que certains objets lui échappent et dans ce cas établir une preuve pour toute chose s’avère impossible. De même nous n’exigeons pas d’autrui par exemple qu’il nous apporte une preuve à propos de chaque chose qu’il dit ou fait. Si la preuve est le fondement de notre connaissance et de notre croyance il n’en reste pas moins que son domaine d’objets est fini. Problématique : Si nous considérons la preuve comme étant la garantie de validité d’un énoncé ou d’un fait, dans la mesure où ce que l’on peut admettre et ce à quoi l’on peut se fier doit être établi ou fondé, alors le risque est la régression à l’infini ce qui est censé prouver une chose doit lui aussi être prouvé et ainsi de suite. D’autre part il faut alors que tout soit vérifiable, ce qui doit être établi. Mais si la preuve n’est pas considérée comme une exigence, une condition, alors la vérité d’un énoncé ou d’un fait sera fondée sur quoi ? Le risque étant que ce que nous avançons reste incertain.

« « Les faits, qui sont les seconds objets de la raison humaine, on ne les établit pas de la même manière ; et l'évidence de leur vérité, aussi grande qu'elle soit, n'est pas d'une nature semblable à la précédente.

Le contraired'un fait quelconque est toujours possible, car il n'implique pas contradiction et l'esprit le conçoit aussi facilement etaussi distinctement que s'il concordait pleinement avec la réalité.

Le soleil ne se lèvera pas demain , cette proposition n'est pas moins intelligible et elle n'implique pas plus de contradiction que l'affirmation : il se lèvera.

Nous tenterions donc en vain d'en démontrer la fausseté.

Si elle était démonstrativement fausse, elle impliqueraitcontradiction et l'esprit ne pourrait jamais la concevoir distinctement.

» HUME, ibid. Transition : Une preuve de tout ne peut être exigée parce que certains objets comme les faits ne peuvent être l'objet d'une preuve.

En effet celle-ci est censée fonder leur vérité alors qu'il ne peut s'agir de vérité dans cecas puisque le contraire est possible.

La limitation du domaine de la preuve laisse en suspens une question celle dela régression à l'infini.

Ce qui prouve doit lui aussi être prouvé.

Les démonstrations mathématiques sont fondées surdes principes mais ne doivent-ils pas eux aussi être démontrés ? Troisième partie : Les principes de la connaissance ne peuvent être prouvés mais doivent être acceptés. 3.1 Même le processus de la connaissance admet des énoncés sans preuve ou sans démonstration. « Notre doctrine, à nous, est que toute science n'est pas démonstrative, mais que celle des propositions immédiates est, au contraire, indépendante de la démonstration.

(Que ce soit là une nécessité, c'est évident.

S'ilfaut, en effet, connaître les prémisses antérieures d'où la démonstration est tirée, et si la régression doit s'arrêterau moment où l'on atteint les vérités immédiates, ces vérités sont nécessairement indémontrables.) Telle est doncnotre doctrine ; et nous disons, en outre, qu'en dehors de la connaissance scientifique, il existe encore un principede science qui nous rend capable de connaître les définitions.

» ARISTOTE, Seconds Analytiques, I 3. 3.2 Les principes de la preuve ne sont pas prouvés mais on y accède par l'intuition. « Il est donc évident que c'est nécessairement l'induction qui nous fait connaître les principes, car c'est de cette façon que la sensation elle-même produit en nous l'universel.

Quand aux habitus de l'entendement par lesquels nous saisissons la vérité, puisque les uns sont toujours vrais et que les autres sont susceptibles d'erreur, commel'opinion, par exemple, et le raisonnement, la science et l'intuition étant au contraire toujours vraies ; que, d'autrepart, à l'exception de l'intuition, aucun genre de connaissance n'est plus exact que la science, tandis que lesprincipes sont plus connaissables que les démonstration, et que toute science s'accompagne de raisonnement : il enrésulte que des principes il n'y aura pas science.

Et puisque, à l'exception de l'intuition, aucun genre deconnaissance ne peut être plus vrai que la science, c'est une intuition qui appréhendera les principes.

Cela résultenon seulement des considérations qui précèdent, mais encore du fait que le principe de la démonstration n'est paslui-même une démonstration, ni pas suite une science de science.

Si donc nous ne possédons en dehors de lascience aucun autre genre de connaissance vraie, il reste que c'est l'intuition qui sera principe de la science.

Etl'intuition est principe du principe lui-même, et la science tout entière se comporte à l'égard de l'ensemble deschoses comme l'intuition à l'égard du principe.

» ARISTOTE, ibid.

II 19. CONCLUSION Il ne faut pas exiger une preuve de tout, d'une part parce que des objets ne peuvent être prouvés et d'autre part parce que la preuve est fondée sur des principes indémontrables.

Considérer la preuve comme étant uneexigence, pour ce lui qui veut accéder à la connaissance d'une chose, est correct mais cette exigence ne doit pasruiner la possibilité de la connaissance en régressant à l'infini.

La preuve doit être arrêtée par des principes quirendent possible la science.. »

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