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Faut-il expliquer un poème ?

Publié le 09/03/2011

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Plan Introduction • Tentative de définition de « poème «. • Mots-phrases-sensations. • Transmission au profane. • Cristal mélodique. • Annonce du Plan.

I. Une tentation : il ne faut pas expliquer un poème. • Types divers de poésies. • Avec certains, nous nous « envolons «, donc ne désirons pas d'analyse... • ... mais comprendre et sentir impalpablement, en un élan. • Exemples variés : • Cependant certaines de ces émotions bouleversantes ne sont-elles pas simplistes? • Ne faut-il pas s'en méfier?

« sonorités, le fil de la mélodie et les jeux de teintes transforment l'apparence quotidienne qui nous entoure.

Mais lepoète ne se contente pas toujours de nous faire ressentir ce qu'il éprouve, il essaie de nous transmettre des idées,des suggestions qui ne se comprennent pas toujours à première lecture, ou qui ne nous apparaissent pas, nous quisommes souvent envoûtés par la beauté du style, nous dont l'esprit se laisse emporter par sa douceur, sapuissance, et sa mélodie.

Une seconde lecture risquerait de briser le cristal du charme du poème, ainsi vaudrait-ilmieux le comprendre et le ressentir simultanément.

Mais, même si le lecteur est un analyste accompli, il (1) butecertaines fois sur les pensées transmises qui sont doucement voilées par l'art poétique lui-même; et les lecturessuivantes, plus approfondies, sont souvent nécessaires à la compréhension du poème; elles laissent rarementéchapper le plaisir. * * L'univers de la poésie est incommensurable, mais il est possible d'en distinguer deux parties : celle de la poésietraditionnelle, et celle de la poésie expressive.

Chacun des deux types de poésie doit être lu différemment, de mêmequ'il peut être ressenti différemment, selon chaque lecteur.

Le plaisir pur se trouve surtout dans la poésietraditionnelle : la beauté des vers, des coloris et de la musique charment non seulement l'œil, mais aussi l'oreille, labouche, le nez, les mains, bref : tout notre corps, tous nos sens, et aussi l'esprit.

« Nous nous envolons sur les ailesde la poésie »...

Oui, lorsque je lis un beau poème, je ne songe pas à l'expliquer.

Je me laisse mener par la penséede son créateur qui, par exemple, peut me transporter en Bretagne.

Aussitôt, je perçois ce qui est pourtant loin demoi et que je prends rarement le temps de ressentir : l'harmonie des teintes de la mer, de la terre et du ciel; levarech à marée basse, qui pend des rochers de granit, qui laisse les gouttes cristallines d'eau salée tomber une àune sur un «dormeur» traqué par le pêcheur, le vent iodé qui pique les narines et fait plisser les paupières, toutecette vie, je la ressens à la simple lecture d'un poème : (Soleil couchant de Hérédia ou «...

Homme libre, toujours tuchériras la mer...

» (Baudelaire), ou « ...

Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres//D'être parmi l'écumeinconnue et les cieux ! »...

(Mallarmé : « Brise Marine »); comme si les mots se mettaient à s'animer sur leur feuillede papier blanc, prenaient vie, brouillaient ce qui m'entoure pour imposer leurs sens et leurs visions.

Un poème peutprovoquer en nous des réactions inattendues : le lecteur d'un poème de Aimé Césaire ou de Léopold Senghor peutavoir envie de frapper dans ses mains au rythme des tam-tams imaginaires donnés par la construction des phrases :« Nuit Noire, Nuit d'Afrique, ma Nuit Noire, ma Nue »...

(Senghor).

En même temps s'associent l'idée d'un corps defemme noire, celle d'un pays, d'une nuit et d'un rythme.

Le plaisir est immédiat, les sentiments et sensations sontspontanés.

Le poète Senghor, ici, Nuit d'Afrique, transmet directement ce qu'il ressent, sans vérité voilée, sansidées sous-entendues.

Il recrée tout un univers grâce à des mots, des répétitions, des tournures, une véritablemagie du verbe.

Cet univers est imprégné de ses pensées et de ses sentiments, on les comprend à la premièrelecture.

Il est sûr, obligatoire et normal que la première qualité d'un poème est cette valeur de transmission qu'estson langage, et la profondeur des sentiments qu'il veut faire saisir au lecteur, ou qu'il va provoquer en lui.

Mais il estparfois des poèmes qui, sous l'écorce de la beauté des sensations, dévoilent des vérités encore plus pures que lecharme lui-même.

En effet, un poème sans « fond », quel que soit l'impact mystérieux des termes et de leursalliances, finit le plus souvent par lasser le lecteur au fur et à mesure que celui-ci le lit et relit.

Il en est de mêmepour un morceau de musique où tous les accords s'enchaînent admirablement grâce au mystère des harmonies, maisoù la mélodie, parfois trop simple ou trop systématique, peut lasser, gêner ou même obséder l'auditeur par l'absenced'une présence humaine, celle du compositeur (ou de l'interprète...).

Je pense aux « Airs de cour » (- les paroles,elles non plus, ne sont pas très variées).

Cependant, si l'idée - parfois un peu trop cachée - existe, il devient deplus en plus intéressant de lire et relire le poème : on y découvre sans cesse de nouvelles alliances subtiles;expliquer ne signifie pas toujours perdre la jouissance de la première lecture, bien au contraire...

C'est maintenantce qu'il faut tenter de cerner... * * * Si un poème est d'une valeur éternellement profonde; et si l'univers poétique regroupant teintes, rythmes, sonorités,consonances, volumes et parfums est digne de comparaître aux côtés d'un paysage féerique ou d'une rose, il peutêtre lu, relu, cent fois relu, repris indéfiniment par les yeux du même lecteur passionné.

Lorsque j'explique un poèmequi m'a plu au premier abord, et qui possède (pour moi) les qualités nécessaires à un bon poème, je découvre à toutmoment une lumière, un fantôme ou autre phénomène quelconque.

L'univers créé ne se disperse pas entre lesmembranes de l'esprit : il se précise, j'y redécouvre toujours un autre détail.

Le volume du sens de chaque motemployé par le poète augmente, et prend réalité; c'est en quelque sorte un moyen de prolonger le plaisir en lefortifiant; mais cette sensation est personnelle; il peut être inexact d'attribuer à chacun cette sensation, mais quiresterait insensible, par exemple, à l'espace enflammé qui se dégage de ces quelques vers de Leconte de Lisle : «...

Le sable rouge est comme une mer sans limites, Et qui flambe, muette, affaissée en son lit. Une ondulation immobile remplit L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite »... [« Les Éléphants »] Cependant, une quantité non minime de poèmes doivent être expliqués.

Je pense par exemple aux poètes. »

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