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Faut-il fuir la misère ?

Publié le 15/09/2005

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Il paraît trivial de penser que l'on puisse, réellement et bien que l'envie n'en manque pas, fuir la misère quand elle est déjà là en soi, car la misère rend avant tout prisonnier. Mais la misère de l'autre par contre nous pouvons la fuir, elle ne nous enchaîne pas. Le faut-il alors ? Certes nous y sommes poussés par le même sentiment qui assaille le misérable qui vient de « tomber dans la misère », fuir la misère c'est fuir l'image déplorable de l'homme déchu, ravalé au rang de bête. Nous y sommes donc poussés, par une force qui nous dépasse : la peur et même l'horreur. Étant épargné par elle les occasions de la fuir ne nous manque pas mais en avons nous le droit ? Fuir la misère n'est ce pas avant tout fuir les misérables, fuir nos semblables. Dans cette optique, du point de vue moral, pouvons nous la fuir ? Il semble que non. Mais dans ce cas, que faire ?

Analyse du sujet :

Du point de vue conceptuel :

Misère : La misère est selon le sens commun l'état de l'homme qui ne parvient pas par lui même à satisfaire ses besoins naturels (trouver de l'argent pour manger, se vêtir, etc.). Les misérables sont ceux qui ont de la peine, non pas à vivre mais à survivre. Au sens figuré la misère est un manque chronique (Misère intellectuelle, sexuelle, etc.). Le misérable, en tant qu'il ne parvient pas à subvenir à ses Besoins, est amené à être déchu de son autonomie qui est la condition de la liberté, il est obligé pour survivre de s'en remettre à la bonté des autres, à leur plaire, à les apitoyés, à mettre en jeu sa dignité pour sauver sa vie. Il est très important de distinguer la misère des misérables. Sinon en fuyant l'un on pourrait bien fuir l'autre, les autres qui restent dans leur servitude des hommes.

Fuir : La fuite est un mécanisme de défense naturel, fuir c'est se soustraire géographiquement, au moins, à la menace ou aux méfaits de quelque chose qui nous est extérieur. Ce terme reste très floue et c'est dans la multiplicité de ses sens que se cache le problème. Fuir ce peut être partir, laisser derrière soi, quitter, détourner son regard, refuser, nier l'intolérable, ne pas y penser, penser à autre chose, oublier. Quand la fuite est impossible, Sartre nous dit que les seules solutions sont le combat et l'évanouissement (abolir la conscience du réel plutôt qu'affronter le réel).

Du point de vue formel :

« Faut-il « : Ce type de sujet implique d'interroger la nécessité qui peut s'entendre en deux sens : nécessité de fait et nécessité de raison. Le sujet peut donc s'entendre en deux sens : « Quelque chose nous pousse-t-il à fuir la misère ? « Ou « La raison nous prescrit-elle de fuir la misère ? «

Problématisation :

Nous nous interrogeons sur la misère et plus particulièrement sur la nécessité de la fuir. Faut-il fuir la misère ? La misère en tant qu'elle est un maux qui frappe les hommes « par surprise « paraît difficile à fuir en ce qui concerne soi-même bien que le désir de la fuite lui soit coextensif. Il paraît trivial de penser que l'on puisse, réellement et bien que l'envie n'en manque pas, fuir la misère quand elle est déjà là en soi, car la misère rend avant tout prisonnier. Mais la misère de l'autre par contre nous pouvons la fuir, elle ne nous enchaîne pas. Le faut-il alors ? Certes nous y sommes poussés par le même sentiment qui assaille le misérable qui vient de « tomber dans la misère «, fuir la misère c'est fuir l'image déplorable de l'homme déchu, ravalé au rang de bête. Nous y sommes donc poussés, par une force qui nous dépasse : la peur et même l'horreur. Étant épargné par elle les occasions de la fuir ne nous manque pas mais en avons nous le droit ? Fuir la misère n'est ce pas avant tout fuir les misérables, fuir nos semblables. Dans cette optique, du point de vue moral, pouvons nous la fuir ? Il semble que non. Mais dans ce cas, que faire ? Si la morale nous interdit de fuir la misère et au contraire de la combattre, comment faire ? C'est que nous essaierons de comprendre pour finir.

 

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