Devoir de Philosophie

Faut-il inviter les cannibales à notre table ?

Publié le 23/02/2005

Extrait du document

  TRANSITION Montaigne nous invite donc à beaucoup de prudence concernant notre droit à critiquer les cultures qui ne sont pas les nôtres. Nous ne sommes pas la norme vers laquelle toute culture doit s'efforcer de tendre. Cependant si on accorde que nous ne constituons pas un modèle, n'y a-t-il pas quelque chose de problématique à supposer que des hommes en différents milieux culturels n'ont rien de commun ? Sans prétendre régir les autres civilisations les hommes ne sont-ils pas tous des êtres raisonnables et en tant que tels soumis à des règles, celles de la raison.             II.      Kant Les règles de droit valent pour tout homme La question à présent est de savoir s'il n'y a pas des règles au-delà des différences de culture qui puissent valoir pour tous les hommes. Les hommes ne sont pas seulement les produits de leur culture, ils sont aussi des individus raisonnables et en tant que tels ils ont en commun une même raison. Dès lors au lieu d'un relativisme culturel on aboutit à une universalité des règles que prescrit à chacun sa raison. Le relativisme de Montaigne empêche de critiquer des pratiques telle que l'excision, à chacun sa culture. Pour Kant ce relativisme ne vaut pas, quand la maxime d'une action ne peut pas être universalisée on dispose là d'un outil pour dire que cette action est injuste.

Le sujet malgré sa formulation étrange pose une question sur le rapport entre les différentes cultures. Le cannibalisme est en effet une pratique bien éloignée de celles pratiquées dans la culture occidentale, il est même condamné. La question consiste donc à savoir si nous pouvons légitimement condamner ou accepter les pratiques d’autres cultures. Nous sommes nous même issu d’une culture spécifique, ne l’oublions pas, à de nombreux égards nous paraissons sûrement aussi étranges aux cannibales que l’inverse. De quel droit pouvons nous prétendre nous imposer aux autres cultures comme modèle de normalité ? Cependant une position du type « à chacun sa culture « ne consiste-t-elle pas à morceler le genre humain ? Si le genre humain est une unité il doit bien y avoir pour celui-ci des règles de droit valant pour tous.

« équité ».

Celle-ci se serait imposée d'elle-même, enracinée (« plantée ») dans le coeur des hommes et dans leursÉtats, en tout lieu et en tout temps.Or, l'histoire nous montre une « relativité » des conceptions du juste et de l'injuste qui parle d'elle-même.

Ce qui estjuste ici est considéré comme blâmable là et réciproquement.

Ce qui est le bien en France (au-deçà des Pyrénées)est une erreur ou un vice en Espagne (au-delà des Pyrénées).

Nous ne pouvons que nous moquer alors d'une justicequi « change de qualité en changeant de climat », justice qui doit être davantage objet de plaisanterie (« plaisantejustice ») que de respect.

Ce à quoi s'oppose cet extrait: Pascal ne se contente pas ici de dénoncer l'incapacité de la raison à déterminer les principes de la justiceauthentique et universelle.

Sur cette impuissance, nous dit-il, les hommes tirent des conclusions sur la nature de lajustice, contre lesquelles il s'oppose.

Les philosophes, en effet, au lieu de remettre en cause la relativité desconceptions du juste et de l'injuste, ne trouvent rien de mieux que d'essayer de la légitimer, ajoutant encore plus àla confusion.L'un, confondant la justice de Dieu et le pouvoir du souverain, affirmera que « l'essence de la justice est l'autoritédu législateur » et que c'est lui, qui du haut de l'arbitraire de son bon-vouloir, décide de ce qui doit être considérécomme juste ou injuste.

Tel autre affirmera que cette autorité repose sur « la commodité du souverain », sur ce quilui agrée et constitue son intérêt propre.

D'autres enfin soutiennent que la seule autorité de la justice provient de laforce de la coutume, le temps et l'usage ayant ainsi force de loi.

Cette forme de scepticisme moral repose sur l'idéeque la raison ne nous découvre aucune justice absolue.Or, ici, les philosophes établissent, selon Pascal, un faux lien causal et concluent abusivement, de l'impuissance dela raison à déterminer les critères de la justice universelle à sa relativité fondamentale.

C'est surtout la coutume quipousse les hommes à croire de telles choses : « la coutume fait toute l'équité », croit-on, et pour cette seule raisonqu'elle a été reçue par les Anciens.

Justification de fait et non de droit, et c'est là tout le fondement de sonautorité, à savoir l'usage, que Pascal appelle ironiquement « mystique » car il ne se laisse pas argumenter par desdiscours.De même que le mystique religieux ne peut discourir sur les expériences du divin qu'il éprouve, ceux qui font de lacoutume le principe de la justice ne peuvent discourir sur le fondement de cette conception car, en réalité, elle n'enpossède pas.

Le véritable fondement mystique de la justice est, pour Pascal, celui que nous révèlent les SaintesÉcritures de la Bible et, pour les élus, les lumières de la foi.

Or la raison humaine est incapable d'atteindre cettevérité qui concerne le coeur, non la raison ni la coutume.

TRANSITIONMontaigne nous invite donc à beaucoup de prudence concernant notre droit à critiquer les cultures qui ne sont pasles nôtres.

Nous ne sommes pas la norme vers laquelle toute culture doit s'efforcer de tendre.

Cependant si onaccorde que nous ne constituons pas un modèle, n'y a-t-il pas quelque chose de problématique à supposer que deshommes en différents milieux culturels n'ont rien de commun ? Sans prétendre régir les autres civilisations leshommes ne sont-ils pas tous des êtres raisonnables et en tant que tels soumis à des règles, celles de la raison.

II.

Kant Les règles de droit valent pour tout homme La question à présent est de savoir s'il n'y a pas des règles au-delàdes différences de culture qui puissent valoir pour tous les hommes.Les hommes ne sont pas seulement les produits de leur culture, ilssont aussi des individus raisonnables et en tant que tels ils ont encommun une même raison.

Cette raison prescrit à chacun: «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personneque dans la personne de tout autre toujours en même tempscomme une fin et jamais simplement comme un moyen.»***Dès lors au lieu d'un relativisme culturel on aboutit à une universalitédes règles que prescrit à chacun sa raison.

Le relativisme deMontaigne empêche de critiquer des pratiques telle que l'excision, àchacun sa culture.

Pour Kant ce relativisme ne vaut pas, quand lamaxime d'une action ne peut pas être universalisée on dispose là d'unoutil pour dire que cette action est injuste.

On voit ici que Kant refuseune position relativiste.

Pour Kant notre raison reconnaît que lesactions dont la maxime n'est pas universalisables sont des actionsinjustes.

On voit ici s'opposer au relativisme culturel, un universalismebasé sur la nature de chacun en tant que sujet raisonnable.

Kantpermet de critiquer certaines coutumes, ou pratiques, non pas en lescritiquant parce qu'elles sont choquantes pour nous mais bien pourtout être raisonnable.

Montaigne nous prévenait contre un risque« culturo-centriste », ici Kant ne souffre cependant pas de critique en s'appuyant sur la raison et pas sur notre propre culture.

Malgré la reconnaissance que chaque culture est différenteon possède ici un moyen de condamner certains actes en tant que non raisonnables.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles