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Faut-il lutter contre l'ignorance ?

Publié le 03/03/2005

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   L'ignorance est un défaut de la raison, un manque de connaissance, et il semble qu'on ne puisse que la blâmer et la traquer là où elle se trouve. Or c'est bien dans le thème du combat et de la guerre que nous sommes placés par les termes même du sujet. En effet, il s'agit de s'interroger sur la « lutte » contre l'ignorance, c'est-à-dire contre les ignorants, mais en supprimer leur ignorance, c'est-à-dire en en faisant des savants. De ce point de vue, il semble que la question soit entendue notamment si l'on replace cette question au coeur d'un discours philosophique c'est-à-dire ayant justement pour tâche de nous conduire vers un savoir, une vérité. Mais cette lutte totale contre l'ignorance a-t-elle seulement un sens ? Cette croisade est-elle tout simplement possible ? L'homme n'est-il pas limiter dans sa connaissance par la finitude de son entendement ? Et le dévoilement d'une vérité est-elle toujours souhaitable ? Et c'est à ce prisme de question que nous invite à répondre la forme impérative du même (« faut-il »). En effet, la question se comprend comme un « ou bien ou bien », la question est donc disjonctive. La forme « faut-il » nous renvoie nécessairement aussi à l'idée de devoir, c'est-à-dire qu'une certaine manière à une obligation morale.             C'est pourquoi, s'il apparaît que la propre de la philosophie est justement de lutter contre l'ignorance constituant même un devoir (1ère partie), nous nous interrogerons sur la pertinence et la possibilité d'un savoir totale ce qui nous amènera peut-être à une aporie montrant que l'homme est nécessairement ignorant bien qu'il doive lutter contre son ignorance (2nd partie) ; une aporie qu'il sera nécessaire d'essayer de dépasser et cela sans doute à l'aune d'une distinction conceptuelle plus fine de l'ignorance (3ème partie).

« diffère du leur en ce qu'il délivre des hommes et non des femmes et qu'il surveille leurs âmes en travail et non leurscorps.

[…] D'ailleurs, j'ai cela en commun avec les sages-femmes que je suis stérile en matière de sagesse […] Et laraison, la voici : c'est que le dieu me contraint d'accoucher les autres, mais ne m'a pas permis d'engendrer.

Je nesuis donc pas du tout sage moi-même et je ne puis présenter aucune trouvaille de sagesse à laquelle mon âme aitdonné le jour.

[…] Mais s'ils en ont accouché, c'est grâce au dieu et à moi.

»b) Or effectivement, comme on peut le voir avec Kant dans la Critique de la raison pure : l'homme ne peut pas tout savoir.

Si lutter contre l'ignorance est bien un but de la philosophie, il n'en reste pas moins que l'accès à une véritétotale sur le monde de la nature nous est impossible du fait même de notre finitude.

En effet, c'est cette finitude quiest la formation du concept de « chose en soi » chez Kant, c'est-à-dire la telle qu'elle est dans son essence mêmemais qui ne nous est pas accessible mais seulement à un entendement divin.

Nous n'avons accès qu'auxphénomènes et si un savoir est possible il est limité à la connaissance et capacités de l'homme.

L'homme reste doncnécessairement ignorant ; mais il l'est aussi du fait que même pour la connaissance qu'il lui est accessible l'hommene peut espérer connaître l'ensemble du savoir.

Un savoir encyclopédique est un idéal : une métaphore.

Cependant,il n'en est pas moins que cela doit constituer une Idée directrice l'entendement, c'est-à-dire que même si l'hommen'y a pas accès, il doit tout de même chercher à tout savoir en vue de sa perfection et du progrès de l'humanité.c) Exiger une victoire totale contre l'ignorance alors que cela apparaît impossible ce serait en fait développer unevolonté de vérité, comme un besoin psychologique.

Mais aussi mettre le fait la vérité ne serait pas voulue pour elle-même mais seulement comme consolatrice.

Et bien cette critique de la volonté de vérité que produit Nietzsche dans le Gai savoir au paragraphe 344 : Jusqu'on faut-il aimer la vérité ? Comme disait Pascal (L.

926) « On se fait une idole de la vérité même ».

C'est cette idolâtrie que Nietzsche entend questionner.

La discipline de l'espritscientifique devrait commençait par le fait de ne plus s'autoriser de convictions.

Mais pour commencer n'a-t-elle pasbesoin d'une conviction impérative ? La science repose sur une croyance.

Il n'y a absolument pas de sciences sanspréjugés.

En effet, il faut déjà avoir répondu oui à la question de la vérité nécessaire.

Mais ce oui est impératif,catégorique : « il n'y a rien de plus nécessaire que la vérité ».

Et ce problème est d'autant plus crucial que parfois lavérité est difficile à accepter, et nous préférons quelquefois rester dans l'ignorance.

Transition : Dans ce cas, nous sommes bien face à un paradoxe, ou plus exactement face à l'aporie de la finitude humaine.

Lalutte contre l'ignorance dans les sciences notamment constitue bien un objectif réel mais pourtant force est deconstater qu'il n'est que d'un usage régulateur : c'est une Idée de la raison.

Nous ne pouvons pas tout savoir.

Dèslors, ne faut-il pas voir deux pôles ou deux distinctions au sein même du concept d'ignorance ? III – Le double statut de l'ignorance a) En effet, l'ignorance peut se concevoir de deux manières différentes et distinctes amenant des considérationsinverses.

Ces deux possibilités se développe suivant la dichotomie d'un concept positif et d'un concept négatif del'ignorance.

Et c'est bien ce que l'on peut percevoir à travers la définition que produit Kant de l'ignorance dans sa Logique .

Il y a en effet deux aspects de l'ignorance : l'ignorance savante, c'est-à-dire celle qui est scientifique et exprime simplement la finitude de notre entendement donc de nos connaissances ; et celle négative qui estsimplement un défaut de connaissance : "A la perfection logique de la connaissance au point de vue de sonextension propre s'oppose l'ignorance.

[...] Nous pouvons considérer l'ignorance d'un point de vue objectif et d'unpoint de vue subjectif.

»b) Comme il le développe (Kant, Logique) on peut identifier donc deux types d'ignorance : « L'ignorance peut êtreou bien savante, scientifique ou bien vulgaire » L'ignorance vulgaire est l'ignorance : « celui qui est ignorant sansapercevoir les raisons des limites de l'ignorance et sans s'en inquiéter, est ignorant de façon non-savante ».

Quantà l'ignorance scientifique, c'est bien celle que développe Socrate, c'est-à-dire celle sait, celle qui est consciented'elle-même.

C'est donc un savoir qui connaît justement les limites de son savoir et c'est pourquoi Socrate se définitcomme un ignorant : parce qu'il sait qu'il ne sait pas.

En ce sens, s'il faut lutter contre l'ignorance, c'est bien contrel'ignorance vulgaire qu'il faut lutter puisque contre l'autre nous ne pouvons rien faire dans la mesure où elle estfonction de notre finitude humaine.c) Et pour cela alors que l'éducation est alors si importante.

Elle est le moyen exemplaire justement de lutter contrel'ignorance.

L'école est son lieu alors.

C'est pourquoi Kant s'est notamment intéresser à la question des écoles et de l'éducation comme on peut le voir dans ses Réflexions sur l'éducation .

L'idée est que c'est principalement par l'éducation des enfants qu'il faut commencer afin de bien les former.

Il utilise la métaphore de la forêt : il s'agit deproduire des arbres bien droits et non tortueux et rabougris.

Cette éducation est donc une discipline : nonseulement une discipline de l'esprit et de la raison mais aussi du corps donc l'une des clés est le travail.

Ce n'estqu'une fois ce travail de discipline et dressage de l'esprit humain que la vérité pourra être accessible à tous.

Cettetâche n'est pas aisée et elle prendra du temps car comme il le note dans Qu'est-ce que les lumières : « La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchidepuis longtemps d'une (de toute) direction étrangère, reste cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'ilsoit facile à d'autres de se poser en tuteur des premiers.

Il est si aisé d'être mineur ! » Conclusion : Il faut donc bien percevoir dans le concept même d'ignorance un double moment : une positivité et une négativité.

Et ne pas réduire l'un à l'autre.

Il faut effectivement lutter contre l'ignorance en tant queméconnaissance d'une connaissance accessible à l'homme car l'ignorance est alors le voile du préjugé qui recouvre. »

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