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Faut-il opposer langage et réel ?

Publié le 30/11/2011

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langage

Certes, nous avons vu que le langage était sujet à l'arbitraire du signe, cependant il garde un lien avec le réel, non pas dans les mots en eux même mais dans sa constitution. Ainsi le langage est constitué en fonction de notre perception du réel,car il s'adapte à notre quotidien, c'est à dire au réel qui nous entoure, ceci s'illustre par exemple devant la variété des mots présents dans le langage esquimau pour désigner « la neige « face à celle, plus restreinte, de la langue française. Ainsi chaque langage organisera différemment le réel en fonction de la perception que l'on aura de celui-ci . Aussi le langage est-il influencé par la perception autant qu'il l'influence et rapproche donc du réel car plus il fréquente une catégorie de chose, plus il se « spécialise « en se subdivisant en plusieurs sous-catégories, nous rapprochant toujours plus de « l'immédiateté sensible « des choses.

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« que l'on aura de celui-ci .

Aussi le langage est-il influencé par la perception autant qu'il l'influence et rapproche doncdu réel car plus il fréquente une catégorie de chose, plus il se « spécialise » en se subdivisant en plusieurs sous-catégories, nous rapprochant toujours plus de « l'immédiateté sensible » des choses.Ainsi existe t'il tout de même un lien entre langage et réel car le langage et modulé par la perception du réel chezl'individu.Cependant, le fait qu'il soit justement basé sur la perception montre les faiblesses de son attachement au réel.

Eneffet, la perception s'éloigne du réel car elle est subjective et induit une notion de vrai et de faux, ce qui nouspousse à constater, comme le fit Hobbes dans Le Léviathan que « Le vrai et le faux sont des attributs du langage,non des choses.

Et là où il n'y a pas de langage, il n'y a ni vérité ni fausseté.

» Cependant cette subjectivité ne l'empêche pas d'agir sur le réel, ainsi médire sur quelqu'un n'a t'il de portéeuniquement parce que la parole est un acte, mais aussi parce qu'elle est subjective.

le langage n'est pas totalementétranger au réel car, selon Sartre « Parler c'est agir ».

Ainsi la parole peut constituer une action, c'est la notion delangage « performatif » développée par Austin, qui implique par exemple le fait de jurer ou d 'ordonner qui ont desconséquences directes sur le réel.

Ainsi les paroles sont-elles des « intentions agissantes », l'effet placebo en estl'illustration : le médecin, en certifiant l'effet d'un médicament qui n'est en faite que du sucre, obtient parfois desrésultats sur le malade qui avait donc plus besoin de la parole du médecin que du médicament en lui-même.Ainsi le langage, en agissant sur le réel, prouve son lien avec celui-ci.Cependant cette notion de langage performatif peut-être contestée.

Ainsi le pouvoir agissant d'une phrase n'est-ileffectif que lorsqu'elle est adressée à quelqu'un, il n'y a donc pas de « formules magiques » mais plutôt dessymboles.

En effet, les « actions du discours » demeurent les symboles des actions qu'ils impliquent bien que ce soitpar la parole que ses actions soient validées.

Ainsi jurer reste virtuel est signifie un engagement de la responsabilitétandis qu'ordonner c'est en faite mettre en place un certains nombre de contraintes qui restent virtuelles.

Lelangage est donc un outil de l'action, un intermédiaire, mais demeure passif.

De plus, le langage est aussi le sujet dela rhétorique et de la sophistique aussi doit-on se méfier de « cette puissance magique » qui, selon Nicolas Grimaldi,« consiste à se substituer à la réalité en faisant exister ce qu'elle nomme , ce qui est également le fondement de lacalomnie et de la flatterie ». Enfin, le langage peut-il nous rapprocher de lui en nous aidant a mieux comprendre le monde et à mieux secomprendre.

Ainsi pour Platon, « connaître les noms c'est connaître les choses », le langage nous aide donc à nousrapprocher du réel en nous aidant à l'organiser pour mieux le comprendre.

Mais mieux comprendre le monde c'estaussi mieux se comprendre soi-même.

Aussi le langage permet la conscience de soi en distinguant le « je » desautres.

Ainsi associe-t-on chez l'enfant l'apparition du je avec celui de la conscience de soi, ce que le linguisteBenveniste résume lorsqu'il écrit « Est « ego » qui dit « ego » » De plus, la psychanalyse est l'exemple de lacapacité du langage à permettre de comprendre le monde comme se comprendre soi même.

Freud parlait en effet«d'effet cathartique » de la psychanalyse dont le langage est le moteur principale tandis qu'il est également le lieude l'expression de l'inconscient, notamment dans les lapsus ou le choix des mots.Ainsi faut-il nuancer cette opposition du langage avec le réel en remarquant qu'il est lié à celui-ci car il influence etexplique le réel comme le réel l'explique et l'influence. Notre réflexion révèle donc une contradiction : Comment le langage peut-il à la fois s'opposer au réel en imposant ànotre pensée ses propres limites d'arbitraire et d'économie tout en se rapprochant du réel au point de l'influencer etde l'expliquer ?Pour l'expliquer nous ferons une distinction entre un réel que nous appellerons « immédiat », auquel le langage estétranger et un réel que nous appellerons « complexe », plein de ses causes et de ses conséquences, chargéd'histoire et soumis aux Idées, que le langage explique car il est lui-même chargé d'histoire et d'Idées. Ainsi le langage est-il marqué par la culture et l'histoire d'un peuple, aussi l'homme peut-il analyser et profiter de cethéritage culturel qu'il véhicule a la fois de manière implicite et explicite.

De manière implicite d'une part grâce àl'organisation du réel qu'il provoque, qui nous vient de la réflexion de nos ancêtres, et qui est aussi présente dansl'étymologie des mots.

De manière explicite d'autre part grâce a sa capacité a dire ce qui est comme ce qui n'estpas qu'a relevé Hobbes.

En effet, cette capacité lui permet aussi de dire a la fois ce qu'il n'est plus comme ce qu'iln'est pas encore, et donc permet la compréhension du réel .

Pascal le montre par un paradoxe lorsqu'il remarque queles anciens étaient nouveaux en toutes choses tandis que nous, qui nous pensons nouveaux, sommes les plusanciens.Ainsi pouvons nous opposer langage et réel « immédiat » car le langage porte en lui des éléments dénués de lienavec celui-ci, mais nous ne devons pas opposer langage et réel « complexe » car le langage porte la trace etl'explication de ce réel, ne serait-ce que par une analyse étymologique des mots. Enfin, cette capacité à dire le vrai et le faux permet un autre moyen de se rapprocher du réel sous la forme de l'art.En effet, il est vrai qu'il consiste en une opposition avec le réel « immédiat » car la réalité reproduite ou déforméeest toujours subjective, car vue par l'artiste et ce, qu'il le veuille ou non.

Cependant cette opposition n'est qu'undétour qui permet de mieux revenir aux choses, grâce à l'acquisition de la conscience de ce qu'elles pourraient être,nouant ainsi une complicité plus profonde avec elles.

Ainsi l'hermétisme pratiquer par Mallarmé permet à l'artisted'approcher un réel qu'il explique plus par les connotations qu'il lui inspire que par ses dénotations, lui permettantainsi de mieux approcher du réel en conjuguant ces deux visions, au même titre que l'apprentissage de deux languesen permet une meilleur appréhension.Ainsi le langage s'oppose au réel « immédiat » pour mieux expliquer le réel « complexe ».. »

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