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Faut-il s'opposer au pouvoir ?

Publié le 03/03/2004

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  2-      Quand le pouvoir devient force (= injustice), il est nécessaire de s'y opposer   a)      Pouvoir et force Le pouvoir à l'état de nature n'est rien d'autre que le déploiement de la force : il est puissance. Dès lors, le pouvoir de l'état, du gouvernement, ne doit-il pas être différent de ce pouvoir à l'état de nature puisqu'il a été précisément engendré pour rompre avec cet état de nature ? Il semble bien que le pouvoir ne puisse faire usage de la force sans être accusé de perpétrer ce qu'il est supposé combattre.   b)     Le droit de révolution Lorsqu'un pouvoir est injuste, les individus ont-ils le devoir de le contester jusqu'à le renverser et le supprimer ? Si l'on tient compte de ce que dit Hobbes, une telle attitude reviendrait à prôner un retour à l'état de nature. Toutefois, un état qui userait de la dernière violence pour maintenir son pouvoir (Cf. les régimes fasciste et stalinien)  n'est-il pas en guerre contre son peuple, au sens où il ne servirait aucunement les intérêts de ce peuple ? Tel est ce que Locke fait remarquer à la suite de Hobbes en incluant dans le contrat social un droit de révolution : le pouvoir étatique, ne tirant sa légitimité que du consentement des contractants, ne peut en aucun cas agir arbitrairement sans leur déclarer la guerre et de ce fait, sans les délier immédiatement du devoir d'obéir. C'est donc dans ce contexte bien particulier qu'il convient de s'opposer au pouvoir : l'opposition, le refus d'obéir qui consiste à empêcher en le niant l'exercice du pouvoir injuste est un moyen de défaire une autorité illégitime. Cependant, si la fin paraît alors justifier les moyens, est-ce pour autant que la violence doive en faire partie ?

Ø  Le pouvoir peut désigner ce qui est, de fait, possible (avoir le pouvoir de … = avoir les moyens de …, la capacité de …) ou alors, ce qui, de droit, est légitime (avoir le pouvoir de …= avoir le droit de …, être légitimement en mesure de …)

Ø  « Faut-il « peut désigner ce qui est, de fait, nécessaire (il faut = cela ne peut pas ne pas être) ou alors ce qui est, de droit, une obligation (il faut = cela pourrait être autrement mais ne peut l’être sous peine de devenir fautif).

Ø  « S’opposer à « désigne le fait de contredire, d’empêcher, de faire obstacle à … Il est donc bien évident que l’on ne saurait s’opposer au pouvoir comme force puisque le propre d’une force est d’anéantir toute forme de résistance (la force est proche de la violence). On ne le peut pas = cela est impossible et donc on ne saurait s’en faire un devoir (ce serait vanité). La question présuppose donc la liberté.

Ø  Cela restreint donc le champs de la question : à supposer qu’il y ait un certain type de pouvoir contre lequel il est possible de s’opposer, devons-nous pour autant actualiser cette potentialité ? Car, si le pouvoir désigne ce qui est légitime, n’y a-t-il pas une forme de folie à empêcher ce pouvoir d’exister ?

Ø  La question qu’il faudra se poser : à quel type de pouvoir faut-il s’opposer, c’est-à-dire quel pouvoir est injuste et lequel est digne d’être respecté ? Enjeu : qu’est-ce qu’un pouvoir légitime ?

« pouvoir de l'état, du gouvernement, ne doit-il pas être différent de ce pouvoir à l'état de nature puisqu'il a étéprécisément engendré pour rompre avec cet état de nature ? Il semble bien que le pouvoir ne puisse faire usage dela force sans être accusé de perpétrer ce qu'il est supposé combattre. b) Le droit de révolution Lorsqu'un pouvoir est injuste, les individus ont-ils le devoir de le contester jusqu'à le renverser et le supprimer ? Si l'on tient compte de ce que dit Hobbes, une telle attitude reviendrait à prôner un retour à l'état denature. Toutefois, un état qui userait de la dernière violence pour maintenir son pouvoir (Cf.

les régimes fasciste et stalinien) n'est-il pas en guerre contre son peuple, au sens où il ne servirait aucunement les intérêts de ce peuple ?Tel est ce que Locke fait remarquer à la suite de Hobbes en incluant dans le contrat social un droit de révolution :le pouvoir étatique, ne tirant sa légitimité que du consentement des contractants, ne peut en aucun cas agirarbitrairement sans leur déclarer la guerre et de ce fait, sans les délier immédiatement du devoir d'obéir . C'est donc dans ce contexte bien particulier qu'il convient de s'opposer au pouvoir : l'opposition, le refus d'obéir qui consiste à empêcher en le niant l'exercice du pouvoir injuste est un moyen de défaire uneautorité illégitime .

Cependant, si la fin paraît alors justifier les moyens, est-ce pour autant que la violence doive en faire partie ? c) Mais comment s'opposer à l'injustice sans user de l'injustice ? S'opposer à une autorité injuste en recourant à la force, c'est aussi faire preuve d'autant de violence que celle que l'on cherche à supprimer.

L'essentiel est donc de prendre conscience de cette contradiction et donc de ne pas faire usage de la violence , c'est-à-dire de la volonté d'anéantir, annihiler , toute résistance à l'expansion de son mouvement propre.

Autrement dit, s'il est nécessaire de s'opposer à un pouvoir injuste, cela ne saurait passer par laviolence.

Mais toute opposition peut-elle faire l'économie d'une certaine forme de violence ? Dans la négative, ne faut-il pas alors renoncer à s'opposer au pouvoir quel qu'il soit sous peine de faire du débat politique unaffrontement stérile entre pouvoir et contre pouvoir, c'est-à-dire un simple combat dont l'enjeu serait ladomination ? Exemple : lorsque les revendications syndicales débouchent sur un affrontement physique entremanifestants et force de l'ordre, il n'y a plus qu'une opposition entre deux puissances contraires qui ne visent qu'àl'anéantissement de la force adverse.

Transition :Après avoir déterminé dans quel cas il est légitime de s'opposer au pouvoir, il convient de définir quel est le typed'opposition est acceptable compte tenu de la fin visée, c'est-à-dire comment faire barrage à l'injustice sanscontradiction (= sans faire preuve de violence) ? en un mot, après avoir donné le « pourquoi » du devoir d'opposition, reste la question du « comment ».

3- L'OPPOSITION POLITIQUE OU LA CONTESTATION NON VIOLENTE a) qu'est-ce que la violence ? La violence désigne la mise en œuvre d'une force qui reste étrangère au système dynamique ou énergique dans lequel elle intervient = ce qui n'entre pas dans l'ordre des raisons.

La violence est pure négation : elle s'affirme contre , mais elle n'affirme ou ne crée jamais rien.

La violence est donc bête , non pas au sens où l'intelligence lui ferait défaut, mais au sens où elle manifeste une absence totale de pensée : elle ne joue même pas le jeu des forces puisqu'à l'ordre composé dont elle ne veut rien savoir, elle ne substitue aucun autre ordre, mais elle-même ;elle ne vise que la destruction , c'est-à-dire qu'elle est fascination pour le néant .

Pour notre problème, la pire des violences est donc la réduction au silence de l'individu. b) L'opposition est résistance par le discours L'homme naturellement politique, et être doué de discours.

La violence est hors de la politique car elle se tait, elle est incapable de parole. L'opposition qui serait violente est dès lors action étrangère au politique. Un type d'opposition acceptable doit être politique = doit s'opposer au gouvernement en s'efforçant de les rectifier, de les modifier et de les améliorer, non de les détruire .

Tel est ce que montre Hannah Arendt lorsqu'elle analyse les différences entre la révolution américaine et la révolution française dans son Essai sur la Révolution . Cette dernière avait en vue, non la liberté des citoyens mais leur libération.

Cette nuance est capitale pourcomprendre la spécificité de la révolution française et l'incroyable violence dont, selon Arendt, ses acteurs ont faitpreuve.

La libération a pour but l'absence d'entrave ou liberté de locomotion, soit la restitution d'une liberté totale,qui est aussi une négation de la possibilité d'une liberté réelle.

La liberté en revanche exige la constitution d'un nouveau gouvernement, c'est-à-dire invention d'un corps politique nouveau et en phase avec les attentes descitoyens. Ce n'est donc qu'au sein d'un débat que peut avoir lieu une opposition réelle et efficace. Le dialogue en effet ne vise pas à réduire au silence le pouvoir (d'ailleurs la plupart du temps, on demande au pouvoir des'expliquer, il est écouté).

Parce que le pouvoir est écouté, l'opposition à son tour a droit à la parole et veut êtreentendue.

Il existe dans tout pays libre un certain nombre de (contre) pouvoirs permettant de lutter contre lasurdité du pouvoir de l'état : la presse, les élections, l'assemblée (où l'opposition = le(s) parti(s) qui n'a (n'ont) pasla majorité) … qui sont autant d'organes participant à la conservation d'un pouvoir sain, c'est-à-dire ouvert audébat.

Car tout pouvoir vise le bien commun dont la détermination est le plus difficile problème qui soit, car ellen'appelle, en raison de la liberté humaine, aucune réponse ferme et définitive.. »

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