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Faut-il redouter les machines ?

Publié le 29/01/2005

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« Plus il crée de marchandises, plus l'ouvrier devient lui-même une marchandise vile. La dévalorisation des hommes augmente en raison de la valorisation directe des objets. Le travail ne produit pas seulement des marchandises, il se produit lui-même et il produit l'ouvrier comme des marchandises dans la mesure même où il produit des marchandises en général. » L'ouvrier se perd comme homme et devient chose dans l'acte économique de production. Cette aliénation se présente sous un double aspect, que Marx caractérise brièvement comme suit : « 1. Le rapport entre l'ouvrier et les produits du travail comme objet étranger et comme objet qui le domine. Ce rapport est en même temps son lien avec le monde environnant sensible, avec les objets de la nature, monde sensible hostile à l'ouvrier. 2. Le rapport du travail avec l'acte de production à l'intérieur du travail. C'est la relation de l'ouvrier avec son activité propre comme avec une activité étrangère, qui ne lui appartient pas, une activité qui est souffrance, une force qui est impuissance, une procréation qui est castration.

La machine aliène l'homme. elle le dépossède du résultat de son labeur et lui impose des conditions de travail qui ne sont pas humaines. La machine ne sent pas, ne pense ne connaît ni la fatigue, ni la lassitude. Mais, il n'y a pas à redouter les machines. elles prolongent l'action humaine en l'améliorant, en la corrigeant, en la rendant moins contraignante. Les machines augmentent la production, elles travaillent à la place de l'homme, lui épargnent du temps, des risquent, des efforts.

« l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles enest une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles ;enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou à peu près qui, danscertaines fabriques sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier enremplisse deux ou trois.

J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où ,par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations.

Mais quoique la fabrique fûtfort pauvre et pour cette raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à boutde faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre milleépingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres,et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingtépingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, etpas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, enconséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

» SMITH, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ».Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des «objets de peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité.Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part, « fabriquer des épingles » devientun métier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autrepart ce métier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer.L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi une plus grande rapidité dans letravail.

Mais la spécialisation a pour contrepartie l'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sadiversité.

Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextérité acquise parla répétition d'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier.Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrerala nocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérationssimples [...] n'a aucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination [...] Il devient engénéral aussi ignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créature humaine de le devenir.

» Au début du XX ième, Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter laproductivité en rationalisant le travail.

Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'uneparcelle de l'objet.

Le travailleur répète toujours les mêmes gestes.

Aucune habilité de métier n'est plusnécessaire, les tâches simplifiées peuvent être exécutées sans formation.

Ce qui entraîne pour l'ouvrier uneactivité dénuée de sens et ennuyeuse, simple moyen de gagner sa vie.

L'idée d'aliénation sembleparticulièrement adéquate pour désigner ces phénomènes.

La « rationalisation » du travail, est critiquéecomme déraisonnable d'un point de vue humain.D'autre part, au nom de l'égalité entre les hommes, il est possible de reprocher à la rationalisation du travaild'accentuer la division entre travail intellectuel et travail manuel et entre tâches de commandement et tâchesd'exécution.

En effet, l'organisation de la fabrication du produit doit être pensée entièrement à l'avance et laproduction décomposée en un certain nombre de gestes : ce travail préalable de conception n'est pas le faitde ceux qui exécuteront le travail.

De plus, l'exécution d'une tâche dépendant de l'exécution d'une autre, lesrythmes de production doivent être strictement respectés et donc contrôlés. Les machines nous aliènent Dans la grande industrie, l'homme n'a plus qu'à surveiller lamachine et en corriger les erreurs.

La machine-outil permet uneutilisation purement mécanique des outils.

L'habilité manuelleencore requise dans la manufacture disparaît.

La force de travailse dévalorise toujours davantage.

L'emploi d'une main-d'oeuvrenon qualifiée (femmes, enfants) accroît la concurrence entretravailleurs.

De plus le travail devient monotone : « La facilitémême du travail devient une torture en ce sens que la machinene délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de sonintérêt.

» ( « Manuscrits de 1844 »).

Enfin l'intensité du travailaugmente dans la mesure où le travailleur doit se plier au rythmeimposé pat la machine.

MARX Il faut distinguer ici « exploitation » et « aliénation ».

Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot « exploitation » désigne la réalité économique d'un travail non payé, au moins en partie.

Le mot« aliénation » renvoie à une situation où le travailleur ne se « reconnaît » plus dans son travail.

Il ne s'agit plus seulement de la dimension économique.

La dénonciation se fait en fonction d'unecertaine idée de ce que devrait représenter le travail pour l'homme :permettre la réalisation de l'individu en étant la manifestation,l'extériorisation de lui-même.

La critique de l'aliénation fait référence àune « essence » de l'humanité, dont le travail est censé accomplir la réalisation.

Cette critique suppose donc. »

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