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Faut-il revendiquer un droit a la passion ?

Publié le 18/09/2005

Extrait du document

droit
  Les passions semblent naître sans que l'on puisse y faire quoi que ce soit. Il semble alors qu'un droit à la passion n'ait d'utilité que négativement, c'est-à-dire, ne les empêche ou ne les interdit pas. Mais jamais il ne pourra les faire naître. Plus encore, si les passions naissent d'elles-même, toute répression contre elles apparaît inutile. Corrélativement, s'il la répression ne peut pas tarir les passions, alors aucun correctif n'a à être apporté. Autrement dit, le droit au passion est inutile parce que celles-ci naîtrons ou non, de manière totalement autonome. Ne faut-il pas justement nuancer ce caractère autonome des passions ? Le sont-elles complètement ? Partons d'un fait : un ascétisme soutenu, par exemple une éducation tournée exclusivement vers la raison et contre l'expression des passions réduirait probablement de manière considérable leur apparition, leur possibilité. Mais alors : en retour, ne faut-il pas considérer qu'une éducation aux passions, par exemple une éducation de la sensibilité musicale, favoriserait la naissance de passions ?

Analyse du sujet :

●      Le sujet prend la forme d'une question fermée : il s'agira donc d'y apporter une réponse en « oui « ou « non « au terme d'une argumentation documentée.

●      La question qui nous est posée est introduite par « Faut-il... ? « : elle nous interroge donc sur un devoir.

●      La notion principale du sujet est la passion. Tachons d'en esquisser les contours :

●      La passion s'oppose à la raison en ce qu'elle relève des sentiment. La passion amoureuse, la passion religieuse ou la passion pour la musique naissent avant tout d'un sentiment. Elles ne relèvent pas d'un calcul ou d'une délibération de la raison : en ce sens, elles ne sont pas les produits d'une volonté ou d'un choix libre, ce qui nous invite à introduire une seconde opposition :

●      La passion s'oppose en effet à l'action : la passion est subie. Elle est passivité. On tombe amoureux comme on est touché par la grâce divine. Elle n'est cependant pas pure passivité au sens où le passionné ne ferait rien. Elle est passivité au sens où il n'est pas en notre pouvoir de la contrôler. En ce sens, elle est proche de la pulsion.

●      Cette dernière nuance nous permet d'apporter une caractérisation plus précise de la passion : son caractère passif se traduit dans un abandon de soi dans l'objet de la passion. Elle est fondamentalement perte de soi. Elle n'est donc pas une simple fascination qui suppose une distance irréductible avec son objet mais engage totalement l'être. Elle n'a en commun avec lui que la tension vers un objet.

●      Un droit a pour objet d'apporter aux faits auxquels il s'oppose un correctif. Il suppose une norme qui le légitime, c'est à dire, qui évalue en quoi il doit ou non y avoir correction du fait. Le droit naturel sur lequel par exemple repose une partie de la déclaration des droits de l'homme s'appuie à l'origine sur la nature humaine : on en déduit des droits fondamentaux.

●      Une norme et des droits ne sont nécessaires que parce que les hommes vivent en société : ils ont donc toujours pour objectif implicite de rendre possible cette vie en société.

●      Revendiquer un droit suppose donc un fondement qui légitime cette revendication.

Problématisation :

Revendiquer un droit à la passion, d'après ce que nous avons dit, suppose que cette passion nous soit empêchée, interdite ou réprimée. C'est pourquoi il faut rétablir un droit à être. Ceci soulève deux problèmes :

Premièrement, sur quoi fonder ce droit ? Qu'est-ce qui fondamentalement, a été lésé dans la répression des passions ?

Deuxièmement, En supposant que ce droit soit établit, sera-t-il possible de l'appliquer ? En effet, si la passion naît sans qu'on puisse la contrôler, si elle relève de la pulsion, en quoi un droit à la passion pourrait-il aider celle-ci à s'exprimer ? Cela pose le problème de l'utilité et de l'applicabilité d'un droit à la passion.

droit

« - La passion est un sentiment personnel / les lois ont pour but de régler les rapports entre les hommes : il droit vise une communauté et non seulement un individu - La passion ne saurait être considérée comme un droit ou une norme, elle se situe hors des problématiques de la communauté, tant qu'elle n'en entrave pas le fonctionnement - La passion fait agir selon un sentiment / la justice dit être aveugle -> l'allégorie de la justice- Selon Freud, la civilisation à pour but de corriger le passions qui sont rapprochées aux pulsions - Il n'y aurait qu'une utilité négative de la loi : ne les empêche ou ne les interdit pas -> mais il ne peut pas les faire naître - La passion est arbitraire, n'obéie a aucune règle- Rousseau : Il montre ainsi que si nous n'avions dû compter que sur la raison, cela ferait bien longtemps que l'humanité serait détruite.

Nous sommes bien ici face à l'affirmation selon laquelle la raison sans passion n'estque ruine de l'âme.

à Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. - L'ordre social face à l'ordre naturel divin- Ordre social : système hiérarchisé à la passion entraîne une négation du relatif : l'être passionné ne se coordonne plus avec les autres ( idée d'absolue, de relativité du temps ) - LA RAISON : à universelle, elle permet de contempler, prévoir, juger et enchaîner rigoureusement des jugements -> met à distance la réalité, se base sur ce qui est connu - LA PASSION : vécue comme ce qui pousse à agir pour se satisfaire -> ce qu'on éprouve vivement , ne peut pas considérer, prévoir -> la passion, extérieure à la représentation, est insensible à tout ce qui s'appuie surla représentation - La raison est dépourvue de dynamisme et d'énergie, elle ne saurait produire un quelconque effet sur la passion.

Elle au contraire peut utiliser la raison ; le passionné souffre, selon l'étymologie, et celui quisouffre ne s'intéresse pas à ce qui l'entour.

Voir les fleurs du mal de Baudelaire - à Hume, ( traité de la nature humaine ) - La passion est reconnue par la loi comme une aliénation : crime passionnel- « Guerre intestine de l'homme entre la raison et les passions.

S'il n'avait que la raison sans passions...

S'il n'avait que les passions sans raison...

Mais ayant l'un et l'autre, il ne peut être sans guerre, ne pouvant avoirla paix avec l'un qu'ayant guerre avec l'autre: ainsi il est toujours divisé, et contraire à lui-même.

- Cetteguerre intérieure de la raison contre les passions a fait que ceux qui ont voulu la paix se sont partagés endeux sectes.

Les uns ont voulu renoncer aux passions, et devenir dieux; les autres ont voulu renoncer à laraison, et devenir bêtes brutes (Des Barreaux).

Mais ils ne l'ont pu, ni les uns ni les autres; et la raisondemeure toujours, qui accuse la bassesse et l'injustice des passions, et qui trouble le repos de ceux qui s'yabandonnent; et les passions sont toujours vivantes dans ceux qui y veulent renoncer.» (Pensées 412-413). La passion relève de l'arbitraire La passion est un sentiment et tient donc par définition de l'arbitraire.

En effet, nous retrouvons cette idéedans des formules populaires telles que : « passion aveuglante ».

Or, le fait de revendiquer un droit relève, lui, du système juridique.

Il s'agit en fait de réclamer, dans une société, la création d'une nouvelle loi permettant dès lors au citoyen d'accéder à un droit, ici celui de la passion.

Mais, nous avons précédemment dit que la passion ne suivaitaucune loi.

Pourquoi dans ce cas revendiquer un droit à la passion ? Revendiquer un droit a pour but de corriger unesituation : le droit se joint alors à un devoir pour imposer une norme.

La revendication d'un droit suppose donc unfondement légitime , et , par conséquent , ici, que la passion soit réprimée.

Or, rien ne s'oppose davantage au sentiment que le rationnel , et c'est sur ce même rationnel que repose tout le système juridique.

Ainsi, nous devons déterminer si la passion pourrait coexister voir devenir un sujet de la loi.

Ou, plus généralement, la passion étant un sentiment, si la loi doit s'intéresser aux sentiments.

Plus encore, si la passion naît sans qu'on ne puisse y interférer, y a t-il un intérêt à revendiquer un droit à la passion ? Autrement dit, un droit à la passion a t-il lieu d'être ? De ce fait, nous traiterons tout d'abord de la légitimité de revendiquer un droit à la passion pour ensuitedémontrer l'absurdité d'un tel droit.

Nous sommes préalablement arrivés à l'idée que, pour revendiquer un droit à la passion, il faut une légitimité ;ainsi, il nous apparaît comme indispensable d'analyser, avant toute chose, la condition de la passion dans la société.La passion possède une connotation négative que nombres de philosophes cultivèrent.

En effet, en plus de ne paspouvoir contrôler sa naissance, il semblerait qu'elle annihile la raison de l'être atteint ; son étymologie « patior »pourrait la rapprocher du verbe « pâtir », car c'est en fait une sorte de passivité qui en découle.

Cette dernièreprend alors la forme d'un dévouement à l'objet de la passion.

Sous cet angle, ce sentiment semble être une perte desoi.

La passion peut alors être assimilée à, pour la tradition philosophique, une pulsion qu'il faut maîtriser : nous pouvons ici citer le stoïcisme.

Ainsi, d' après Cicéron dans les Tusculanes, le fondateur du stoïcisme, Zénon de Cittium affirmait que : « la passion est un ébranlement de l' âme opposé à la droite raison et contre nature ».

Nous pouvons aussi illustrer l'opposition de la passion et la raison à l'aide de l'image populaire du sage, ce dernier étant. »

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