Devoir de Philosophie

Faut-il vaincre ses désirs pour vivre ?

Publié le 21/03/2011

Extrait du document

           Il semble curieux, voire paradoxal de faire d’une victoire contre ses désirs une nécessité pour vivre dans la mesure où désirer, c’est tendre consciemment vers quelque chose à posséder qui nous manque. De ce fait, vivre c’est aussi désirer de vivre. Par conséquent le désir participe à la vie et combattre (et vaincre) ce désir revient à le dénaturer et limite la perception de la vie. En effet le désir naît d’un manque et se fixe sur l’objet de ce manque, mais le désir se distingue du besoin dans la mesure où l’objet de ce manque est confus, obscur, et (en s’approchant du bonheur,) devient illimité. Or vaincre le désir n’est-ce pas en dominer toutes les facettes ? Le paradoxe de la question réside donc, en partie, dans le fait que l’Homme, piégé dans sa finitude, ne peut totalement vaincre ce qui est illimité, obscur et infini car par définition au dessus de son entendement. De plus vouloir limiter ses désirs pour mieux les vaincre revient à limiter aussi les désirs qui poussent l’Humanité à aller plus toujours plus loin, vers l’infini et au-delà.

« posséder ce qui nous manque.

Autrement dit l'expérience du désir peut être vue comme un esclavage qui réduitl'Homme à l'état animal, dans le sens où son obsession du désir va empiéter sur la raison.

L'Homme obsédé par sondésir va donc tenter de satisfaire son désir, encore et encore, car le désir est récurrent ; comme le montre depersonnage de Don Juan (de Molière) qui est proprement incapable de maîtriser son désir de quête de la Féminité, etqui se retrouve par conséquent prisonnier d'une sphère autodestructrice de renouvellement du désir insatisfait.

Doncl'esclavage du désir va dont porter atteinte à la vie humaine de l'individu en la privant, justement, de sa composantehumaine ; esclavage qui, par conséquent, nécessite d'être maîtrisé pour vivre.De plus, le désir, en empiétant sur la raison se heurte à la conscience et oblige l'individu à se questionner sur le droitqu'il a à désirer l'objet du manque.

La conscience étant majoritairement fondée sur des principes de vie en société,indispensables pour la stabilité sociale, elle contraint l'individu à refouler certains désirs (pulsions de meurtres,adultères…).

En outre, elle fait de l'expérience du désir une expérience d'angoisse, de culpabilité crées justement àpartir de toute l'énergie intériorisée lors du refoulement du désir.

Et qui mieux que le personnage tragique de Phèdre,amoureuse de son beau fils Hyppolyte, peut illustrer (dans toutes les versions de la pièce éponyme qu'il existe)cette véritable guerre intestine entre le désir et la conscience, entre son désir envers son beau-fils et l'incesteadultère que cela représente pour sa conscience.

Guerre intestine théâtralement sublimée par ces deux vers deRacine « J'adorais Hyppolyte, et le voyant sans cesse, […] J'ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur » quimontrent que d'un côté Phèdre est soumise à l'obsession (« le voyant sans cesse ») de ce désir ardent (« j'adorais»), mais également que sa conscience ne peut céder (« j'ai pris […] ma flamme en horreur ») ; et donc que celaporte atteinte à sa vie, voire à son désir de vivre (« j'ai pris la vie en haine »).

Le désir, dans des cas extrêmes,crée des angoisses, des frustrations, des guerres intestines insurmontables, porte donc atteinte à la vie etnécessite d'être vaincu.Ceci donc, prouve que le désir qui se heurte à la conscience, se heurte également à des principes admis pour la vieen société ; ce qui aide à penser que la stabilité sociale, le bien-être global de la communauté dépend aussi d'unemaîtrise de l'individu sur ses propres désirs.

En effet, si chacun suivait ses propres désirs sans aucun refoulement, lasociété serait plongée dans l'anarchie et n'aurait plus lieu d'être ; ceci dans la mesure où la société telle que nous laconnaissons est en fait une base de règles plus ou moins précises, sur des lois (« tu ne tueras point », … « tu necommettras pas l'adultère »..

etc., comme écrit à l'origine dans la Bible, qui a longtemps fait office de loi dansl'Histoire.), donc sur des principes qui régissent les rapports humains.

Par conséquent dans la mesure où la vie sefait en société, elle nécessite une répression du désir voire du bonheur individuel.

C'est d'ailleurs ce que Freudconfirme en disant « Il semble presque que la création d'une grande communauté humaine réussirait pour le mieux sil'on n'avait pas à se soucier du bonheur de l'individu ».

Phrase qui montre implicitement que le désir des gens à êtreheureux (« le bonheur de l'individu ») perturbe la finition d'une « grande communauté humaine » (société) dans lamesure où l'emploi du conditionnel insiste sur le fait que « la création » de cette « communauté humaine » n'est pasactuellement réussie « pour le mieux ».Les désirs nécessitent donc d'être maîtrisés, d'êtres vaincus pour vivre dans la mesure où l'esclavage du désir porteatteinte à la vie humaine (en théorie consciente et douée de raison), où il provoque des guerres intestines, desangoisses telles que le désir de vivre peut être compromis et où il peut être également nuisible à la stabilité de la vieen société.

Mais malgré tout, si vivre inclut le fait de désirer alors peut être que le désir fait partie intégrante de lavie ? Et peut être vaincre ses désirs c'est aussi vaincre une partie de la vie, en plus du désir de vivre ? Oui, le désir provoque souffrances et anarchie mentale, oui le désir est douloureux et incommodant autant pourl'individu que pour la société mais n'est-il que ça ? N'est-il pas aussi un lien que nous partageons tous ? Une sourcede plaisir en lui-même ?Dans la mesure où nous sommes des êtres humains, autrement dit des animaux conscients, nous avons des besoinsprimaires, et nous avons également des désirs, qui sont en quelques sortes les besoins de l'esprit.

Le désir n'estpeut être pas un tel frein à la vie, individuelle ou en société.

Le désir pousse à la l'action quelle qu'elle soit, physiqueou mentale, de plus, plus rien désirer conduit à un état dépressif voire suicidaire.

Nos désirs seront toujours là, quoique nous fassions, nous ne pouvons réellement vaincre, écraser nos désirs.

Nous pouvons tout du moins, pour vivreavec, les justifier plus ou moins hypocritement, se dire que nous n'y pouvons rien, que l'on ne désire pasconsciemment : vivre dans le déni de sa responsabilité, c'est aussi une façon (discutable, certes) de vivre.

D'unecertaine façon, n'est-ce pas ce que fait Schopenhauer avec ce qu'il appelle « le vouloir-vivre » qui en fait uninstinct propre à l'espèce humaine.

De son point de vue, le désir est une tendance biologique envers quelque objetqui participe au bien de l'espèce.

De ce point de vue, comme de tous les points de vue nos désirs nous unis.

Eneffet, la vie en société elle-même est également basée sur des désirs dans la mesure où la politique naît d'un désird'égalité, où l'économie survit en excitant les désirs des gens (société de consommation), les forçant à acheter desbiens superficiels ou non.

En quelque sorte la vie, et la société que nous formons, nous poussent à vivre selon nosdésirs.

Si l'on peut vivre avec, ou tout du moins si nous ne pouvons vivre sans, il n'est pas nécessaire de vaincre ledésir puisqu'il assure en partie le maintient de la société.

Nous manquons, et désirons tous quelque chose, mais nousdésirons tous ensemble.En effet le désir provient d'un manque qui caractérise l'objet du désir.

Or, pour nous, humains, manque il y auratoujours, dans la mesure où le désir est récurrent et illimité.

Alors si même satisfait, le désir revient, lutter contre luipour tenter de le vaincre reviendrait à se prendre pour Don Quichotte devant une armée de moulin à vent, donclutter dans le vide.

Donc le problème de l'illimitation du désir est sans solutions et comme le dit le célèbre proverbeShadock « quand il n'y a pas de solutions, c'est qu'il n'y a pas de problème ».

En effet, un problème sans solution nedevrait pas être considéré comme un problème mais comme une contrainte, qui dans ce cas ci peut êtrecontournée.

En effet, un moyen d'échapper à l'illimité du désir est de ne pas assouvir ce désir, de vivre avec.

Et. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles