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Faut-il vivre pour vivre ?

Publié le 27/02/2008

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On entend souvent dire qu’il faut profiter de la vie. Est-ce là le sens à donner à l’expression « vivre pour vivre «, ou celle-ci ne traduit-elle que l’instinct de survie propre à tout être vivant ? On voit d’emblée qu’il convient de réfléchir sur ce que l’on entend par vivre : être ? exister ? conjurer la mort ? La réflexion s’impose d’autant plus qu’ici, vivre serait le but proposé à… la vie elle-même : le sujet et ce qu’il vise ne feraient qu’un ! Mais dans le cas où l’un se ferait le moyen de l’autre, que veut-on dire exactement? D’ailleurs, quel est le « vivre « qui serait la condition de l’autre ? Et la vie comme but visé renvoie exactement à quoi ? A la lumière de ces quelques remarques, on notera que derrière une expression et une question, somme toute assez banales, se déploie, en fait, un problème philosophique d’ampleur : qu’est-ce que vivre au sens humain du terme ? Vivre suffit-il, du moment qu’on se donne la peine d’y faire attention, ou bien, malgré une remarquable santé et une forme exceptionnelle, la vie semble n’avoir aucun sens, pire : « ne pas valoir la peine d’être vécue « ?…

« La position précédente, outre qu'elle ne fait que transposer en termes d'humanité l'instinct de vie régissant lesautres vivants, présente le grand défaut, semble-t-il, de « passer sa vie à la perdre » au sens où, dans une courseeffrénée contre la mort, la vie défile à toute vitesse sans bien savoir ce qu'on vit.

Le mythe du tonneau desDanaïdes est éclairant à cet égard : on a beau frénétiquement le remplir, il est toujours vide car...

il est percé ! Enfait, plus on s'agite pour « vivre », plus on creuse le vide.

Si la société d'aujourd'hui semble particulièrement douéepour nous proposer tous les divertissements possibles, il semble bien que nous perdions dans cette agitation fébrilel'essentiel que nous cherchions, à savoir, la « vraie vie ».C'est indiscutablement sur ce point que la réflexion d'Epicure paraît tout à fait intéressante, particulièrement danssa lettre à un jeune étudiant lui demandant conseil, Ménécée,.

En effet, lui dit-il, si c'est vraiment la vie qui nousintéresse, c'est d'elle dont il faut s'occuper exclusivement.

Autrement dit, ne nous occupons pas de la mort, car lamort n'est rien pour nous puisque, quand nous vivons elle n'est pas là, et que, quand elle est là, c'est nous qui n'ysommes plus !Donc, pour vivre vraiment, il faut commencer par se débarrasser de la peur de la mort car c'est elle qui,précisément, nous empêche de vivre.

Toutefois, la peur de la mort n'est pas seule en cause.

En vérité, toutes lespeurs empêchent de vivre : celle des dieux que l'on se représente comme des hommes tout-puissants s'occupant denous, nous espionnant et nous concoctant toutes sortes de châtiments ; mais aussi, celle de la douleur et dumalheur.En fait, si le plaisir de la vie est d'abord dans l'absence de douleur, soyons d'abord attentifs à ces moments, plusfréquents qu'on ne le croit : remarquons-les et savourons-les.

Allons même plus loin : travaillons à écarter la douleurquand cela dépend de nous.

La réflexion permet d'anticiper, donc de prévoir, donc, parfois, de l'éviter en choisissantune autre voie.

Toutefois, attention !: vouloir, sans réfléchir suffisamment, éviter à tout prix, une petite ou mêmeune moyenne douleur, peut amener, certes, dans un premier temps quelque plaisir, mais ensuite déboucher sur unedouleur si grande que la vie tout entière peut devenir un malheur.On est donc ici, avec Epicure, aux antipodes d'une conception où la vie ne serait qu'instants indépendants, sans lienles uns avec les autres.

Qu'il ne faille pas les laisser passer sans même les voir, alors qu'ils sont bons, certes, maisils forment des chaînes d'événements en interaction les uns avec les autres qui nous obligent à user de nos facultéshumaines de mémoire, d'anticipation, d'analyse, le tout en fonction de critères reposant sur le plaisir prioritaire devivre afin d'opérer les choix adéquats.

On voit comme, en fait, cela est difficile, compte-tenu que nous nechoisissons pas toujours ce qui nous arrive !La conséquence sera alors de réfléchir et de « calculer » savamment pour toujours aboutir au vrai plaisir de vivre,mais aussi, de considérer que seule une grande simplicité de vie permet de s'assurer des plaisirs élémentaires facilesà obtenir.

Se contenter de peu ne veut pas dire qu'on restreint ses désirs par moralité ascétique.

C'est au contraire,pour être plus sûr d'évacuer le maximum de troubles et de douleurs, et vivre ce plaisir d'être son propre maître.

Eneffet, au lieu de viser des plaisirs dont l'obtention dépendrait de trop de facteurs indépendants de notre volonté etde notre action, il faut plutôt repérer les plaisirs qui dépendent exclusivement de nous, sans avoir à requérir l'aide dequoi et de qui que ce soit afin de s'assurer une autonomie maximale dans la jouissance du bonheur.On le voit, le vrai bonheur et le vrai but ne sont pas dans le fait de vivre mais dans celui de penser comment vivrepour être heureux.

Or, ce qui rend heureux, c'est la liberté, au sens de maîtriser sa propre existence.

C'est donc, ditEpicure, vivre « comme des dieux ».

Ainsi, « la vraie vie » est celle qui s'arrache à l'immédiat, aux pulsions mêmedites vitales, au pur senti.

« La vraie vie », par la pensée et la maîtrise qu'elle permet, est celle qui élève à unesorte d'existence déjà capable d'être « au-dessus des contingences » comme on dit, c'est-à-dire libérée destroubles que la vie habituelle des hommes occasionne, une existence qui se meut déjà dans une sorte d'immortalité,centrée sur un essentiel qui, lui, ne passera jamais. C'est le sens qu'on donne à sa vie qui fait vivre, et non la vie elle-même. On le voit, même chez Epicure qui vise à éliminer tous ces désirs extravagants que la vie en société produit, pourêtre au plus près des seules exigences –restreintes- de la nature, c'est bien plutôt un idéal de maîtrise etd'autonomie, sinon d'indépendance qui guide –et satisfait- la recherche concernant ce qu'est « vivre » pour un êtrehumain.

On s'aperçoit, en fait, que c'est l'esprit, dans sa tension vers de l'essentiel, vers une sorte d'absolu pouvantrésister à toutes les dégénérescences, qui permet, comme on en rêve, de dépasser toutes les pesanteurs. 1) Ainsi, dans l'expression « vivre pour vivre », le 1er « vivre » est de l'ordre du simple moyen, de la conditionnécessaire pour pouvoir réaliser le 2d « vivre » qui n'a plus grand chose à voir avec la simple réalité vitale.

C'est lui,en effet, le but de la vie, et même quand il peut sembler, comme chez Epicure, viser la vie la plus naturelle possible,cette vie-là est épurée, filtrée par toute une réflexion.

Elle n'est plus la vie telle quelle, elle est telle que le travailde l'esprit l'a modelée pour être « la vraie vie ». 2) Allons même plus loin : au bout du compte, n'est-ce pas ce 2d « vivre », en tant qu'objectif qui, par le contenuque l'esprit lui donne, devient même la condition du 1er ? Ainsi, c'est parce qu'on a un sens à sa vie…qu'on vit !C'est même là que « le poids de la vie » n'est plus qu'un « poids plume », tellement ce qui fait sens pour nous amèneà « se sentir soulevé », « être au 7è ciel », « avoir des ailes », et dans nos entreprises, parvenir « à soulever desmontagnes ».

Notre énergie ne vient pas de notre réalité physique et biologique, mais de notre être mental.

La «. »

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