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Les femmes et les enfants pendant la Guerre.

Publié le 06/12/2010

Extrait du document

Par sa durée, sa dimension mondiale, sa violence et surtout par toutes les mobilisations qu’elle a induites, on peut qualifier la première guerre mondiale de guerre totale. Au cours de cette guerre, les mobilisations ont surtout été d’ordre économique, humain et moral. Toutes les populations, sans exception, ont été impliquées dans cette guerre. Pendant que les hommes combattaient au front, les enfants et surtout les femmes les ont remplacé. Les civils ont été, tout comme les soldats des acteurs importants de cette guerre. Les femmes, en remplaçant les hommes, ont permis à la guerre de suivre son cours mais ont cependant été victime de pénuries, l’essentiel des biens étant destiné aux poilus, du bourrage de crâne et ont vécu dans l’inquiétude de perdre leur mari, leur frère, leur père… Quand aux enfants, ils ont eux aussi été mobilisés moralement, intellectuellement : ils ont été endoctrinés grâce à l’école et aux loisirs qui étaient les principaux vecteurs des discours de propagande. Ils ont également été victime de plusieurs bouleversements dans leur vie d’enfant: d’abord un bouleversement familial avec le départ d’un père, d’un frère mais aussi d’un bouleversement scolaire à cause du départ des instituteurs partis combattre et de la mise en place du travail perturbant le rythme scolaire. 

 

      Une guerre totale    

 

La première guerre mondiale est une guerre totale car elle a imposé une mobilisation générale et pour remporter cette guerre l’ensemble des forces de la nation est mobilisé. Cette mobilisation est humaine, économique, financière, tout cela étant favorisé par une intense propagande qui a pour but de mobiliser l’ensemble de la population, et cela, quelque soit les catégories. 

 

A) la mobilisation humaine et économique  

 

 En France 8,4 millions d'hommes sont mobilisés de 1914 à 1918.Cela représente 10,5 % de la population actif , et ¼ des hommes . Dès lors il y a eu une mobilisation économique . 

  Cela se traduit par un appel aux civils restants en arrière , notamment aux femmes pour occuper les métiers les plus divers, dont certains étaient habituellement réservés aux hommes : conductrices de tramways, factrices, infirmières , agricultrices… 

 Elles ont été rapidement rappelés pour remplacé les hommes dans le domaine de l’agriculture . 

 

 L'appel aux Françaises de Viviani 

 Le 7 août 1914, le Président du Conseil René Viviani, qui songe à une guerre courte, lance un appel aux femmes françaises, en fait aux paysannes, les seules dont il pense avoir un besoin urgent dans les campagnes désertées par les hommes. 

Il leur parle le langage viril de la mobilisation et de la gloire : 

 « Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie. 

Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille. 

 Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés !  

 Il n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime. 

Tout est grand qui sert le pays.  

 Debout ! A l'action ! A l'oeuvre !  

Il y aura demain de la gloire pour tout le monde «. 

 Au nom du gouvernement de la République, au nom de la nation toute entière groupée derrière lui, je fais appel à votre vaillance, à celle des enfants que leur âge seul, et non leur courage dérobe au combat. 

Je vous demande de maintenir l'activité des campagnes, de terminer les récoltes de l'année dernière, de préparer celles de l'année prochaine. 

 Vous ne pouvez pas rendre à la Patrie un plus grand service. 

Ce n'est pas pour vous, c'est pour Elle que je m'adresse à votre cœur. 

Il faut sauvegarder votre subsistance, l'approvisionnement des populations urbaines et surtout l'approvisionnement de ceux qui défendent la frontière, avec l'indépendance du Pays, la Civilisation, le Droit. 

 Proclamation du gouvernement français, 7 août 1914. 

 La mobilisation des ouvrières est bien plus tardive, pas avant la fin de l'année 1915, dans un contexte bien différent. 

Elles seront 400 000 fin 1917, début 1918, à l'apogée de la mobilisation féminine, alors que l'ensemble du personnel féminin du commerce et de l'industrie dépasse de 20 % son niveau d'avant-guerre. 

 14-18. Le magazine de la Grande Guerre, n° 1, avril-mai 2001. 

 L’entrée dans une guerre longue implique ensuite très vite de faire appel aux femmes dans des secteurs de l’industrie ,d’armement exemple les Munitionnettes. 

 

 B) la mobilisation d’esprit 

 Le gouvernement interdit toute discours défaitiste, ce qui va se traduire par les censures et la mise en place des propagandes .Les populations ne sont pas dupes et appellent ça le « Bourrage de crâne «.Ajoutons à cela 

 une mobilisation des enfants dans cette guerre. 

 

 A toute la jeunesse scolaire 1915  

 "La France a besoin de votre dévouement, la terre a besoin de vos bras. Tandis que les champs restent sans culture, tandis que des femmes et des vieillards ne suffisent plus pour assurer l'exploitation de ce sol que leurs époux et leurs fils défendent avec gloire, c'est à vous enfants de France, qu'il appartient de reprendre ces champs délaissés, et d'apporter à la terre l'assistance dont elle a un si pressant besoin. Que chaque lycée, collège et école organise pour aider au travail des champs, village par village, ville par ville, des équipes scolaires régionales de volontaires agricoles. Groupez-vous, unissez-vous afin que vos efforts ne soient pas disséminés et que vous puissiez par une action coordonnée, obtenir de notre terre généreuse tous les biens que nous pouvons attendre d'elle". 

 Et enfin leur éducation, les publications qui leur sont destinées tournent autour de la guerre (exemple : Bécassine mobilisée) 

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 Les femmes et les enfants ont étaient des facteurs importants pendant la guerre. 

 

 

 L’évolution des femmes de 1914 à 1918.  

 

  A)Le bouleversement de la vie quotidienne. 

 La Première Guerre Mondial bouleverse la vie quotidienne des femmes françaises. En effet, durant ce temps de guerre, les conditions d’existence des civils se dégradent et les femmes doivent aller travailler. Elles travaillent dans les usines d’armement, remplacent encore les hommes dans les emplois secondaires et à la campagne, s’occupant des fermes. Après leur journée de travail, pour celles qui ont une famille à nourrir, elles doivent patienter dans des files d’attente interminables afin d’obtenir de quoi manger avec le rationnement. Elles vivent chaque jour dans la peur de perdre leur mari, leur fils ou un proche. Mais cette situation nouvelle ne durera que l’espace de la guerre et elles reprendront leur vie et leur statut antérieur d’infériorité au travail comme à la maison, contrairement à ce que l’on peut penser au niveau de l’évolution de leur statut. 

 Les premiers mois de cette première guerre mondiale ont été marqués par une crise de chômage. La mobilisation d'une partie de la main-d’œuvre masculine entraînant la fermeture de nombreux établissements, beaucoup de femmes ont été d'abord privées de travail. Dès 1915, cependant, la nécessité de rouvrir certaines usines et d'intensifier l'armement détermine un renversement de situation : on se retrouve donc devant une pénurie de main-d’œuvre et jusqu'à la fin des hostilités, l'un des moyens utilisés pour y faire face sera l'appel à la main-d’œuvre féminine. Le pourcentage de personnel féminin est désormais partout en augmentation. Dans les industries touchant à l'armement, les femmes en arrivent à représenter le quart des effectifs. Ce qui était nouveau et qui a frappé les esprits, c’était leur embauche dans les usines d'armement, dont les ouvrières ont souvent été désignées sous le nom de « munitionnettes «. Les « munitionnettes « ont donné lieu dans la presse à des dessins jetant un regard nouveau non dépourvu d'humour, sur le travail féminin et le statut de la femme au sein de la famille et de la société. 

voir dessin de Paul Iribe ‘Prends garde au môme…hein !’ dans Vivre et Faire Vivre la Guerre d’après Les Carnets de Guerre des Instituteurs de Haute-Marne de Pinchedez et Delaire 

 Les prescriptions légales concernant le travail des femmes sont levées. Un Comité du Travail Féminin est créé, en avril 1916, par arrêté du Sous Secrétaire d'Etat de l'artillerie et des munitions. Il recrute les ouvrières, s'occupe de les acheminer vers les usines d'armement, et d'organiser leur hébergement. Cette "mobilisation féminine" devait avoir pour conséquence l'accès des femmes à des travaux qui jusque là ne leur avait pas été confiés ou qui étaient surtout effectués par des hommes. Ce sont surtout des industries travaillant pour l'armement qui appellent les femmes à occuper des emplois exigeants des formations qu'elles ne possèdent pas. Ce fait nouveau va avoir des répercussions importantes: l'objectif étant de diminuer au maximum le nombre des emplois civils masculins, des efforts vont être tentés pour rendre le plus grand nombre possible de ces travaux accessibles aux femmes. Il est toutefois très rare que l'on entreprenne de leur donner les connaissances qui leur manquent. Dans quelques cas seulement on pratique, avec succès, une sélection et une formation accélérée du personnel féminin, en vue de son utilisation dans l'affûtage, la rectification des fraises, le traçage des gabarits. Mais, la plupart du temps, pour éviter d'avoir à leur donner une formation, même rapide, c'est par une réorganisation du travail qui permet de ne les charger que d'opérations élémentaires qu'on cherche à résoudre la question de l'emploi des femmes, en même temps d'ailleurs que celle de la main-d’œuvre étrangère ou coloniale que l'on fait venir en grand nombre. Dans la fabrication des obus, elles travaillent sur des tours dont le réglage est fait par des hommes occupés dans la même équipe, un homme surveillant et dirigeant le travail d'une dizaine de femmes. Contrairement à une opinion très répandue, l'appel massif à la main-d'œuvre féminine au cours de cette guerre n'a pas conduit, sauf de rares exceptions, à un relèvement de sa qualification. 

 Les femmes ne sont donc pas tenues à l’écart pendant la guerre. Et si certaines travaillent ou prennent le rôle du chef de famille tandis que d’autres sont infirmières ou encore marraines de guerre, certaines, beaucoup plus rares, n’hésitent pas à combattre. Elles font de la résistance, comme Louise de Bettignies a fait. 

 

 B) Louise de Bettignies. 

 

 En février 1915, lors d'un séjour à Saint-Omer, Louise de Bettignies est contactée par un officier français qui lui propose de servir son pays en tant qu'agent de renseignement, proposition renouvelée peu de temps après d’ailleurs par le service britannique. Après avoir obtenu l'assentiment de son directeur spirituel, le père Boulengé, l'auteur de son surnom de "Jeanne d’Arc du Nord", elle met en place, dans le secteur de Lille, conseillée par Monseigneur Charost, évêque de Lille, l'embryon du futur "Service Alice" ou "Service Ramble". Passant par la Belgique et les Pays-Bas, la désormais Alice Dubois transmet des informations en Grande-Bretagne. Elle est aidée dans sa tâche, à partir du printemps 1915, par la roubaisienne, Marie-Léonie Vanhoutte alias Charlotte Lameron. Cette dernière, ayant travaillé dès août 1914 à l'installation des ambulances, utilise son statut pour faire du renseignement. Elle met à profit ses voyages Bouchaute-Gand-Roubaix, destinés à transmettre des nouvelles aux familles des soldats et à distribuer le courrier, pour informer les services anglais sur les mouvements des troupes et les lieux stratégiques. Elle est à son tour mise aux arrêts le 20 octobre à Tournai alors qu'elle tente de traverser la frontière franco-belge munie de ses faux papiers. Son loueur de voiture, Georges de Saever, connaît le même sort. Dans la foulée les autorités allemandes organisent une confrontation et perquisitionnent chez les Geyter. A la fin de janvier 1917, Louise de Bettignies est mise au cachot pour avoir refusé de fabriquer des pièces d'armement destinées à l'armée allemande et avoir entraîné le soulèvement de ses co-détenues. 

 Louise de Bettignies succombe le 17 septembre 1918 des suites d'un abcès pleural mal opéré. Elle est alors enterrée dans le cimetière de Bocklemünd à Westfriedhof. Son corps est rapatrié le 21 février 1920 sur un affût de canon. Le 16 mars 1920, les alliés organisent à Lille une cérémonie-hommage pendant laquelle la "Jeanne d'Arc du Nord" reçoit à titre posthume la croix de la légion d'honneur, la croix de guerre 14-18 avec palme, la médaille militaire anglaise et est faite officier de l'ordre de l'empire britannique. 

       Les enfants de la Grande Guerre.    La Première Guerre mondiale est une guerre totale, dans l’espace et dans la durée : omniprésente et permanente, elle envahit tout l’univers enfantin, intégrant les enfants au conflit et à sa culture de guerre. D’abord victimes, comme l’ensemble des populations civiles, les enfants deviennent aussi rapidement des acteurs et des témoins à part entière de la guerre. En effet, dès les premiers mois du conflit, l’enfant devient un instrument essentiel de la propagande en France comme en Allemagne, ils sont les cibles privilégiées de la propagande patriotique, et sont aussi l’un des enjeux de la guerre : le discours sur « la der des ders « est ainsi bâti sur l’idée que les hommes se battent pour la dernière fois, afin que leurs enfants ne connaissent jamais plus la guerre. 

 L’entrée en guerre et la réalisation de l’Union sacrée furent l’occasion de réveiller les ardeurs patriotiques. En France, le phénomène prit une intensité et une force plus importantes qu’ailleurs; cela se comprend par le choc que représentaient l’invasion et l’occupation d’une partie du territoire et qui ne pouvait manquer de réveiller les douloureux souvenirs de l’invasion de 1870. L’exaltation du sentiment patriotique fut bien sûr un leitmotiv du discours à destination des enfants dont on attendait qu’ils se montrent dignes de l’exemple donné par leurs aînés combattant au front. L’œuvre patriotique devenait partie intégrante, quand elle n’était pas exclusive du travail scolaire. Elle était encouragée vivement par les autorités ministérielles qui montrèrent l’exemple en inscrivant au programme des écoles l’organisation de « journées patriotiques «. A l’école, mais aussi dans les autres secteurs culturels à destination des enfants, les repères patriotiques établis au cours des décennies précédentes furent réactivés sans que ne fussent pour autant oubliée l’actualité de la guerre dont les emprunts servaient à illustrer la justesse et la bonne foi de la cause engagée. Les enfants n’échappent donc pas à la mobilisation morale au travers de l’école, des livres, de leurs jouets ou encore des emballages des friandises. 

 

 A)L’école. 

 Pendant la guerre, l’école s’avère être le vecteur privilégié d’une propagande en direction des enfants. Le ministère de l’Instruction publique exige un enseignement orienté sur la guerre en indiquant à l’école ses obligations nouvelles. La guerre est placée au cœur de l’enseignement. La grande majorité des matières enseignées sont empreintes des événements liés à la guerre : l’histoire, la géographie, la morale (basée sur des citations de soldats), l’instruction civique, le français et même le calcul !!! Les outils pédagogiques sont au service de cette propagande par le biais des fiches de calcul proposant des exercices sur le thème de la guerre, des dictées (« le départ d’un régiment « par exemple), des sujets de composition française, des bons points expliquant le sens de la guerre (« Pour libérer l’humanité « par exemple) et même des diplômes. 

 Comme cette dictée qui est un texte faisant référence à un épisode douloureux pour les Français : la guerre entre la France et la Prusse, de 1870 à 1871. Le thème du souvenir des provinces perdues et du sacrifice des patriotes est récurrent en ce début du vingtième siècle. Il s’agit pour l’auteur du texte d’entretenir chez l’écolier le souvenir d’un acte d’héroïsme avéré ou imaginé mettant en scène un homme seul, face à une armée en marche. Ce qui rend le geste héroïque, quoique parfaitement inutile et même suicidaire, c’est qu’il se veut exemplaire (il a pour témoins la foule ainsi que la femme et les enfants du héros). Ce Dubois qui réussit à tuer deux ennemis avant de tomber sous la fusillade d’une armée supérieure en nombre incarne le patriotisme républicain qui fait abstraction de sa famille et de sa propre vie pour laver l’honneur de son pays. {draw:frame} 

 Les sujets de rédaction proposés témoignent de cet encadrement : « Un permissionnaire. Faites sa description. Racontez son arrivée, son séjour, son départ « ou « Une tombe de soldat. Décrivez-la. Dites les réflexions qui vous viennent à l’esprit. Votre résolution de faire toujours votre devoir en est-elle fortifiée ? «. 

 Au total dans toutes les écoles, la guerre est devenue le principal centre d’intérêt voire même une obsession. 

 

 B) Les loisirs  

 Les loisirs par le biais des jouets, des jeux et des lectures enfantines participent à ce discours. Le déclenchement des hostilités suscite un important développement des jouets et des jeux guerriers. Cette « invasion « prend plusieurs formes : les puzzles, les jeux de l’oie, les armements de guerre, les panoplies, les jeux d’adresse. 

 Comme ce jeu britannique qui consiste à faire cheminer une bille d’acier depuis le coup d’envoi (Kick off), jusqu’au but (goal). La difficulté réside dans le fait que le tracé matérialisant une tranchée est truffé d’obstacles qu’il faut éviter. Les trous qui gênent la progression correspondent aux principaux dignitaires allemands qu’il faut éliminé (ils sont représentés dans des postures dévalorisantes). 

 

 Les lectures enfantines sont également un vecteur privilégié de la mobilisation des plus jeunes. Le monde de l’écrit et de l’image est investi par la guerre. En France mais aussi en Grande-Bretagne et en Allemagne, les ouvrages édités veulent intégrer l’enfance dans la guerre. La production de livres pour enfants ayant pour sujet la guerre se développe fortement. Ici dans cette lecture du petit chaperon rouge, une vision de l’ennemi est donnée à travers le personnage du grand méchant loup… {draw:frame} 

 Cette photographie encadrée représente un enfant habillé en soldat. Confectionnés par les familles elles-mêmes ou proposés par des magasins spécialisés, les uniformes pour enfants ont été nombreux en France, Grande Bretagne ou en Allemagne durant le conflit. Ils témoignent d’une imprégnation de la guerre et de ses valeurs dans toute la société civile, notamment dans le cadre familial. Ils sont ainsi la manifestation d’une forme de mobilisation des enfants dès avant le conflit : par leur tenue, les enfants font également la guerre. Ils se substituent à leur père ou à leur grand frère. Ils deviennent hommes. 

 

 C) Un exemple de vison de l’enfant de guerre  

 Mobilisé en août 1914 dans l’armée territoriale, le « père des gosses «, Francisque Poulbot, est réformé quelques mois plus tard, en février 1915, pour des raisons médicales. De retour à Paris, il travaille au Journal, dans lequel il présente de manière hebdomadaire un dessin légendé pour les enfants. 

  Et ces dessins ne sont pas sans signification, en effet si l’on analyse le trait simple et arrondi du dessinateur, cela révèle une tendresse certaine pour le monde de l’enfance. Mais il ne s’agit pas ici du regard de l’adulte posé sur l’enfant, vu d’en haut en quelque sorte ; le travail montre plutôt une observation fine, vue « d’en bas «, effectuée au niveau et avec des enfants. Poulbot les présente en petits groupes dans « Nous allons livrer bataille «, « Vous les ignobles otages « et « Alors les gars ! On joue à la guerre ? «. Deux de ces lithographies situent les terres de l’enfance en Allemagne, les enfants allemands symbolisant ici la bassesse, la barbarie de l’Allemagne dans son ensemble. "Nous allons livrer bataille " et " Vous les ignobles otages ". Les enfants exhibent leurs armes, en particulier les fusils de bois et les épées, les casseroles remplacent le casque, mais parfois même ils se coiffent du véritable casque prussien. Peut-être plus encore qu’au dessin, Poulbot accorde une importance capitale à la légende. Les mots de l’enfance donnent à ses dessins une saveur très particulière, presque unique à l’époque. Les légendes – « Nous allons livrer bataille, toi, Fritz tu es le cochon de Français «, « Vous, les ignobles otages, vous allez marcher devant notre armée «, « Alors les gars ! On joue à la guerre ? – On ne peut pas, personne veut faire le Boche « – témoignent du transfert de l’événement guerrier dans la sphère de l’enfance à travers une propagande brutale et partiale. Elles illustrent aussi la force du sentiment nationaliste qui domine les premiers mois de la guerre et qui touche le monde juvénile comme le monde adulte. 

 Ainsi l’on peut donc conclure que l’enfant n’a pas seulement était spectateur de la guerre, mais aussi un acteur. Il a été en quelque sorte « victime « de la grande guerre, en étant l’objet principal d’une propagande patriotique et une des raisons pour laquelle les soldats se battent, « afin que ce soit la der des der et que nos enfants ne connaissent pas ça. « 

 Hommes, femmes et enfants ont participé, de façon active, à la guerre. Les femmes et les enfants ont remplis les rôles des hommes pendant leur absence et leur participation à cette guerre a largement contribué à la victoire du pays. Ces changements de rôles ont également permis des changements dans les mœurs et la mémoire collective. Grâce à cette guerre, les femmes ont pu prouver qu’elles étaient capables d’exercer des métiers destinés aux hommes. Cependant, au lendemain de la première guerre mondiale, on observe un retour à la normale et aux valeurs traditionnelles et les femmes ne sont pas plus nombreuses dans le monde du travail à l’après-guerre qu’en 1914. Toutefois, plus de responsabilités leur sont accordées et 700 000 veuves se sont vues devenir chef de famille. La première guerre mondiale marque le début de l’émancipation des femmes. Les enfants, eux, restent marqués par ce conflit qui a déréglé leur vie quotidienne. Ils ont dus travailler dans les champs ou les usines, ont parfois perdu un parent et ont été les premiers à être interpellés par la propagande et le discours de guerre par l’intermédiaire de l’enseignement et des loisirs. Ils ont donc fortement été associés au conflit. Ce choc, dû à la première guerre, restera ancré dans la mémoire collective des futurs citoyens. 

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