FENELON (1651-1715): L'oeuvre

« et qui se consacre à son rôle domestique ; il fait l'éloge des vertus domestiques et morales, dont le bel esprit peut détourner ; il expose les devoirs d'une maitresse de maison.

Si Molière a son idéal en Henriette, Fénelon semble avoir dessiné le sien dans le Télémaque> et c'est Antiope, la fille d'Idoménée : elle mène à la perfection la maison de son père ; elle est douce, exacte et juste avec les serviteurs, elle est discrète, réservée, presque effacée et le plus souvent silencieuse ; elle sait tirer de l'arc; elle sait chanter, mais ne chante que si son père le lui ordonne et comme à regret.

Comparée à Henriette, Antiope est une jeune · fille antique et chrétienne à la.

fois.

à) Cependant, qu'enseigner aux jeunes filles ? Féne­ lon proclame la nécessité d'une instruction assez éten­ due ; et l'on croirait à première vue que l'instruction très générale et assez vague admise par Molière et Clitan­ dre ne lui a point paru suffisante ni proportionnée à la condition d'Henriette.

Mais à y bien regarder, on peut penser qu'Eliante dut lui sembler en savoir trop! En effet, il réduit le programme d'études à ceci : éléments strictement indispensables de grammaire et de calcul ; notions de droit ; histoire grecque et romaine, un peu d'histoire de France (surtout pour détourner de lire des romans) ; musique (pour l'appliquer à des œuvres pieu­ ses) ; dessin (pour les ouvrages de tapisserie).

Ni espa­ gnol ni italien, par peur de littérature trop passionnée.

Plutôt un peu de latin.

On voit que tout est ramené aux besoins de la vie pratique, qu'il n'y a point là de culture désintéressée ni le moindre soupçon d'égalité avec la cul­ ture masculine .

Voilà un programme d'études qui aurait eu à peu près l'approbation de Chrysale .

e) La pédagogie de Fénelon est, malgré tout, assez nouvelle.

Sa solidité, sa gravité enveloppées d'ailleurs de piété attentive et recueillie ; la confiance dans la nature, la part faite au sentiment et à la raison, à la compréhension patiente : voilà ce que le XVII• siècle ne connaissait pas avant Fénelon, qui se rapproche ici· beaucoup de Montaigne.

Pédagogie insuffisante d'ail-.

leurs, du moins aux yeux des modernes, et qui appelle. »