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Fiche de cours en philo : LES ECHANGES .

Publié le 02/08/2009

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SUJETS DE BACCALAURÉAT  - La notion d'échange n'a-t-elle de sens qu'économique ? - En quel sens les échanges économiques sont-ils des faits de communication ? - Peut-on tout échanger? - Les relations entre les hommes peuvent-elles toutes être interprétées en terme d'échange? - Comment concevoir les rapports entre les échanges économiques et l'ensemble de la vie sociale ? - Le don peut-il être gratuit, ou n'est-il qu'une forme de l'échange ? - La morale a-t-elle sa place dans les rapports économiques? 
• La notion d'échange n'a pas seulement un sens économique. Pour bien comprendre l'échange, intégrez-le dans la fonction de communication, acte par lequel nous entrons en relation avec nos semblables (§ 1). • Distinguez bien l'échange dans les sociétés archaïques (le don, § 2, 3 et 4), l'échange matrimonial (essentiellement dans ces mêmes sociétés primitives, § 5) et l'échange au sens strictement économique et moderne du terme (avec monnaie et commerce § 6,'7, 8). • Lisez, en même temps que cette fiche, celle qui est consacrée au langage, phénomène d'information et de communication. Le langage, lui aussi, est une forme d'échange.    


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« La prohibition de l'inceste' est ici tout à fait remarquable, car elle constitue un fait universel.

Or elle comporte toutd'abord un aspect négatif puisqu'elle représente une interdiction : tu ne choisiras pas n'importe quelle femme, parexemple telle cousine.

Le lien sexuel avec certains parents est rigoureusement interdit et prohibé.

Ainsi se régule lacohésion du groupe, à travers un ensemble de règles et d'interdits.Mais l'interdit est aussi une règle d'échange et de circulation, de communication et de don.

La stipulation négativede la prohibition a une contrepartie positive, l'échange des femmes.

Si l'interdiction défend, en même temps elleordonne : la prohibition de l'inceste est, en effet, une règle de réciprocité.

La femme refusée est, par cela même,offerte à d'autres, prise dans le grand flux de la circulation et du don.

C'est par le don des femmes que se fait lepassage de la nature à la culture.«Le phénomène fondamental, qui résulte de la prohibition de l'inceste est (le suivant) : c'est qu'à partir du momentoù je m'interdis l'usage d'une femme, qui devient ainsi disponible pour un autre homme, il y a, quelque part, unhomme qui renonce à une femme qui devient, de ce fait, disponible pour moi.

Le contenu de la prohibition n'est pasépuisé dans le fait de la prohibition; celle-ci n'est instaurée que pour garantir et fonder, directement ouindirectement, un échange » (C.

Lévi-Strauss, op.

cité)Ainsi, ces règles de mariage sont des règles d'échange : ce sont des «transactions entre hommes, à propos defemmes».

Dans les sociétés primitives, les femmes sont données, comme sont offerts et donnés les objets. VI - Les échanges économiques valeur d'usage et valeur d'échangeLes échanges de femmes s'intègrent ainsi dans le système du don réciproque.

Bien entendu, cet échangematrimonial - tout comme le potlatch - possède un caractère supra-économique.

Donner une femme, faire un don,prend place dans le grand circuit de la générosité générale.

On donne (ou l'on gaspille) pour acquérir du pouvoir oudu prestige.

Nos sociétés «évoluées» n'ignorent pas ce type d'échange, comme le montre le mécénat moderne, etmême quand nous «rendons» un repas, nous fonctionnons de la même façon que les sociétés dites «primitives».Mais nos sociétés connaissent aussi les échanges proprement économiques : ce sont des transactions commercialess'effectuant soit directement--(troc), soit par l'intermédiaire de la monnaie.

Ces échanges et transactionssupposent la distinction de la valeur d'usage et de la valeur,_ d'échange.

Quand je considère seulement l'utilité 'oul'agrément d'un produit, j'envisage ainsi sa valeur d'usage.

Alors, il ne donne pas lieu à un échange avec un autreproduit.

Par contre, si l'objet est échangé contre un autre produit, sa valeur d'échange est mise en jeu.

Aristoteavait bien établi cette distinction dans la Politique.« Chacune des choses que nous possédons a deux usages, dont aucun ne répugne à sa nature, mais, pourtant, l'unest propre et conforme à sa destination, l'autre est détourné à quelque autre fin.

Par exemple, l'usage propre d'unsoulier est de chausser; on peut aussi le vendre ou l'échanger pour se procurer de l'argent ou du pain, ou quelqueautre chose, et cela sans qu'il change de nature; mais tel n'est pas là son usage propre, n'ayant pas été inventépour le commerce.

Il en va de même des autres choses que nous possédons.

La nature ne les a point faites pourêtre échangées; mais les hommes en ayant les uns plus, les autres moins qu'il ne leur faut, ce hasard en a amenél'échange.

» (Aristote, Politique) VII - Les échanges économiques : troc et monnaie L'échange en nature est le troc.

On échange alors directement un objet contre un autre, sans aucune médiation :par exemple une paire de sabots contre un sac de pommes de terre.

Mais l'échange peut se faire aussi parl'intermédiaire de la monnaie.

inventée pour les besoins du commerce, et qui, en retour, le modifie profondément enfacilitant les échanges.

Monnaie et argent sont, en effet, des équivalents abstraits.

Aristote, ici encore, a été unremarquable économiste, qui a bien mis en lumière le rôle de la monnaie et de l'argent:«On convint donc de se donner et de recevoir réciproquement en échange quelque autre chose qui, outre sa valeurintrinsèque, eût la commodité d'être plus maniable et d'un transport plus facile, telle que du métal, soit du fer, soitde l'argent, soit tout autre, qu'on détermina d'abord par son volume et par son poids, et qu'ensuite on marqua d'unsigne distinctif de sa valeur.

» (Aristote, Politique) VIII - L'argent, moyen d'échange universel : son pouvoir L'argent désigne, en définitive, toute monnaie, quelle qu'elle soit, toutes les formes de la monnaie.

Notons, avecMarx, qu'il est un équivalent général, un moyen d'échange universel.

La marchandise s'échange contre ce moyend'échange universel.Ce moyen d'échange universel possède, comme l'a montré Marx dans les Manuscrits de 1844, le plus grand pouvoir,dans la mesure où il est un échangeur universel, un médiateur entre les objets et l'homme.

L'argent, lien de tous lesliens, est un véritable démiurge:«L'argent en possédant la qualité de tout acheter, en possédant la qualité de s'approprier tous les objets, est doncl'objet comme possession éminente.

L'universalité de sa qualité est la toute-puissance de son essence.

Il passedonc pour tout-puissant...

L'argent est l'entremetteur entre le besoin et l'objet, entre la vie et le moyen desubsistance de l'homme.

» (Marx, Manuscrits de 1844) Conclusion Ainsi, nous avons dégagé deux types d'échanges : les échanges des sociétés archaïques, où l'on brûle et dilapideles biens, les échanges proprement économiques de nos sociétés, où il s'agit de thésauriser et d'accumuler, oùl'argent est roi parce qu'il possède la qualité de tout acheter.

À l'accumulation des sociétés modernes, s'oppose. »

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