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Fiche de lecture: André Comte-Sponville, Le bonheur désespérément

Publié le 26/07/2012

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« Vous allez vous promener dans les bois, vous désirez cette promenade, vous désirez faire un pas après l'autre, et vous n'espérez pas être ailleurs.

Ainsi, puisque vous êtes là où vous le désirez, ce désir ne vous manque pas.

Le désir n'est donc pas manque .

C'est pour cela que nous pouvons être heureux : « parce que nous désirons ce que nous faisons, parce que nous faisons ce que nous désirons » C'est ce que l'auteur appelle le bonheur en acte . V.

Qu'est-ce alors que l'espérance ? C'est un désir qui porte surtout sur l'avenir (« J'espère que j'aurai une bonne note »), mais aussi sur le présent (« J'espère que je m'explique suffisamment clairement »), et sur le passé (« J'espère que personne ne s'est endormi) Vous me direz que le désir porte aussi sur le l'avenir, le présent et le passé.La différence se situe sur le plan de la connaissance . En effet, vous désirez être assis, vous savez que vous l'êtes, vous ne pouvez donc espérer l'être.Par contre, j'espère que vous m'avez compris, j'espère avoir une bonne note.

Et de cela, je ne peux en être sûre.L'espérance est alors un désir qui ignore s'il est ou sera satisfait . Une autre caractéristique de l'espérance, c'est qu'elle ne dépend pas de nous . On peut dire : « J'espère que demain, il fera beau »Par contre, on ne peut dire : « J'espère que j'aurai mon diplôme d'éducateur », car cela ne dépend que de nous.

Mais l'on peut dire : « J'espère que je ne tomberai pas sur un correcteur fou » C'est la différence entre l'espérance et la volonté .

Espérer la justice et la paix, ne suffit pas.

Agir pour qu'elles émergent, c'est la volonté. Enfin, l'espérance est toujours accompagnée de la crainte .

L'auteur s'appuie sur une phrase de Spinoza : « Il n'y a pas de crainte sans espoir, il n'y a pas d'espoir sans crainte » Si j'espère avoir une bonne note, c'est que je crains d'en avoir une mauvaise.

Ainsi, si l'on peut désirer ce que l'on n'a pas (et en ce sens on l'espère), on peut désirer ce dont on jouit, on peut désirer ce que l'on fait, on peut désirer ce que l'on sait.

VI.

Le bonheur désespérément Il ne faut pas prendre le mot désespoir dans son sens le plus commun, à savoir le malheur, l'extrême tristesse…Mais plutôt comme une absence d'espoir .

Le degré zéro de l'espérance. Le sage, est celui donc, comme nous l'avons vu précédemment, qui trouve le bonheur dans la vérité, mais aussi et surtout celui qui n'attend rien, n'espère rien (et de fait ne souffre pas du manque) Et parce que rien ne lui manque, il peut être heureux . Libéré de l'espérance, il l'est nécessairement de la crainte. Le désespoir est donc ce qui nous permettrait d'être heureux.

Nombre d'auteurs l'ont déjà exprimé.Chamfort : « Le bonheur n'a commencé que lorsque j'ai perdu l'espérance » On trouve également dans le Mahâbhârata cette phrase : « Seul est heureux celui qui a perdu tout espoir, car l'espoir est la plus grande torture qui soit, et le désespoir le plus grand bonheur » Ce désespoir là n'est pas le summum de la tristesse, c'est ce que André Comte-Sponville appelle « le gai désespoir » de celui qui est comblé car il n'espère rien.

Ainsi de l'idée de départ qui était que le bonheur est désir, que le désir est manque, et que donc le bonheur est manqué, André Comte-Sponville introduit deux idées qui contredisent la première. La première c'est l'espérance qui est un désir qui ne sait pas, qui ne peut pas, qui ne jouit pas : donc le contraire de la connaissance, de la volonté, du plaisir. C'est le contraire du bonheur en acte. La seconde, c'est l'idée de désespoir joyeux : en ce sens de ne rien espérer, et donc de ne pas souffrir du manque. La sagesse, c'est un savoir-vivre, un savoir-penser.Philosopher, c'est apprendre à être heureux en ne désirant que ce qui est, ce qui est réalisable, ce qui dépend de notre volonté.Il ne s'agit pas de ne plus espérer, mais de connaître, de penser, d'agir un peu plus, un peu mieux.Il n'existe pas ni de sagesse, ni de bonheur absolu, c'est simplement un équilibre, sans cesse remis en question.. »

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