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Fiche de Lecture Howard Saul BECKER, Outsiders

Publié le 21/08/2012

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Les grandes étapes de la recherche :  Les grandes étapes de la recherche de Howard S. BECKER sur la déviance sont distinctes.  Il précise dès les premières pages le sens ou plutôt le double sens qu’il entend par le terme « outsiders «. Ce terme désigne à la fois pour l’auteur les situations où la norme est transgressée et celles où on la fait appliquer. Ainsi, pour étudier la déviance de la manière la plus objective possible, il faut prendre en compte aussi bien les « accusés « que les « accusateurs «. De là découle une définition originale de la déviance puisqu’elle inclue la réaction d’autrui sur le phénomène : « Je considérerai la déviance comme le produit d’une transaction effectuée entre un groupe social et un individu qui, aux yeux du groupe, a transgressé une norme. « (p.33)  Le modèle d’analyse qu’utilise Howard S. BECKER lui permet de déterminer les différentes étapes d’une carrière déviante et par-là de préciser le cheminement par lequel un individu va se constituer en déviant.  Le cheminement est le suivant :  * La première étape d’une carrière déviante consiste la plupart du temps à commettre une transgression. Cette première transgression fait l’objet d’un étiquetage par les proches d’abord, puis par les instances du contrôle social.

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« lequel un individu va se constituer en déviant.Le cheminement est le suivant :* La première étape d’une carrière déviante consiste la plupart du temps à commettre une transgression.

Cette première transgression fait l’objet d’un étiquetage parles proches d’abord, puis par les instances du contrôle social.* Cette stigmatisation empêche le transgresseur de continuer à agir dans le cadre légal et le contraint petit à petit à s’apprécier lui-même comme déviant enintériorisant l’image de soi que lui renvoie la société.

Cet étiquetage pousse l’individu à commettre de nouvelles transgressions et à rencontrer d’autres transgresseursplus chevronnés pour s’initier à son nouveau statut.

« Ce ne sont pas les motivations déviantes qui conduisent au comportement déviant mais, à l’inverse, c’est lecomportement déviant qui produit, au fil du temps, la motivation déviante.

» (p.64)Howard S.

BECKER réalise cinquante entretiens auprès d’un groupe déviant : les fumeurs de marijuana.

Il tire les conclusions suivantes : « En résumé, un individuse sent libre de fumer de la marijuana dans la mesure où il parvient à se convaincre que les conceptions conventionnelles de cet usage ne sont que des idées depersonnes étrangères et ignorantes, et où il leur substitue le point de vue « de l’intérieur » acquis par l’expérience de la drogue en compagnie d’autres fumeurs.

»(p.102)Howard S.

BECKER s’attarde ensuite sur un autre groupe déviant : les musiciens de danse.

A ce stade de la recherche, l’auteur ne s’intéresse plus à la conception dumode de comportement déviant mais plutôt aux conséquences pour la carrière professionnelle d’un individu, le fait que celle-ci se déroule dans un groupeprofessionnel déviant.

Dans l’étude de ce second groupe déviant, l’auteur montre que le manque d’indépendance par rapport aux personnes extérieures influe sur ledéveloppement de la carrière du musicien et complique la structure du métier.

« A un certain point dans le déroulement de la carrière (qui varie d’un individu àl’autre), le conflit devient manifeste, et le musicien réalise qu’il lui est impossible d’obtenir le genre de succès qu’il souhaite et de maintenir son indépendancemusicale.

Quand l’incompatibilité de ces objectifs devient évidente, il lui faut faire un choix, au moins par défaut, et celui-ci détermine le cours ultérieur de sacarrière.

» (p.135)Par exemple, la famille du musicien exerce une influence majeure sur sa carrière, parents et épouses sont en général des non-musiciens et ne comprennent parconséquent que très rarement l’attachement du musicien à son métier.

Cette incompréhension des personnes extérieures quelles qu’elles soient (famille, public,…) etles désaccords qui en découlent modifient souvent l’orientation de la carrière des musiciens, et dans quelques cas y mettent un terme.La dernière étape de la recherche sur la déviance consiste à étudier « les entrepreneurs de morale » qui rappelons-le, dans la définition que donne Howard S.BECKER, sont au cœur du phénomène de déviance.

« Dans les chapitres précédents, nous avons étudié certaines caractéristiques générales des déviants ainsi que lesprocessus par lesquels ils sont désignés comme étrangers à la société et en viennent eux-mêmes à se considérer comme tels.

[…] Il est temps maintenant d’envisagerl’autre terme de la relation, c’est-à-dire les gens qui élaborent et font appliquer les normes auxquelles ces déviants ne se conforment pas.

» (p.145)Dans cette dernière étape de la recherche, l’auteur s’appliquera à savoir qui établit les normes et par quel processus on les fait respecter.

Il s’attache d’abord à tracerles différentes étapes du processus par lequel on impose une norme ; faire appliquer une norme suppose d’abord un esprit d’entreprise et un entrepreneur ; l’infractiondoit ensuite être rendue publique car une fois connue de tous, elle ne peut plus être ignorée ; pour « crier au voleur » il faut aussi y trouver un avantage, c’est l’intérêtpersonnel qui pousse à prendre cette initiative.L’auteur étudie ensuite un type de législation particulière : la législation sur l’usage de la marijuana.

Il retient de cette étude l’idée que la création d’une norme et samise en vigueur est liée aux initiatives des « entrepreneurs de morale ».

Howard S.

BECKER retient deux types « d’entrepreneurs de morale » : ceux qui créent lesnormes et ceux qui les font appliquer.

Les premiers cherchent à supprimer le vice en créant le plus de normes possibles ; plus largement ils se donnent comme mission« d’aider ceux qui sont en dessous d’eux à améliorer leur statut » en élaborant des normes.

Les seconds, une fois la norme élaborée et le nouvel ensemble de loiscréées, ont pour rôle de la faire appliquer.

« Ce qui a débuté comme une campagne pour convaincre le monde de la nécessité morale d’une nouvelle norme devientfinalement une organisation destinée à faire respecter celle-ci.

» (p.179)La conclusion de l’auteur sur la déviance et les initiatives d’autrui est la suivante : « Il est significatif que la plupart des recherches et des spéculations scientifiquessur la déviance s’intéressent plus aux individus qui transgressent les normes qu’à ceux qui les établissent et les font appliquer.

Si nous voulons comprendrepleinement la conduite déviante, nous devons garder l’équilibre entre ces deux directions possibles de nos investigations.

Nous devons considérer la déviance et lesdéviants, qui incarnent ce concept abstrait, comme un résultat du processus d’interaction entre des individus ou des groupes : les uns, en poursuivant la satisfaction deleurs propres intérêts, élaborent et font appliquer les normes sous le coup desquelles tombent les autres qui, en poursuivant la satisfaction de leurs propres intérêts, ontcommis des actes que l’on qualifie de déviants.

» (p.187) Point de vue et critiques de l’auteur :Howard S.

BECKER critique le fait que les études existantes sur les groupes déviants ne sont pas assez précises.

En effet, pour lui, il y a un manque de donnéessolides malgré une très forte proportion de théories.

Il y a un manque d’observations directes.

Il prend l’exemple des études réalisées sur la délinquance : on corrèletoujours la délinquance au quartier, à la vie de famille et à la personnalité.

D’autres corrélations pourraient être effectuées si une observation participante étaitpratiquée.

L’auteur précise qu’il est important pour les chercheurs de terrain de participer intensivement et continuellement à l’existence des déviants pour qu’ilspuissent juger les chercheurs comme non nuisibles.

Pour Herbert Blumer, il faut prendre le point de vue de la personne ou du groupe dont le comportement nousintéresse, car sinon on peut substituer notre propre jugement.Beaucoup d’auteurs ont critiqué l’expression « théorie de l’étiquetage », en particulier le terme de théorie.

Pour certains, ce n’est pas une théorie et il y a une absenced’explication étiologique ; pour d’autres, c’est une théorie mais elle est fausse.

Ces derniers, considèrent qu’il faut être étiqueté comme déviant pour le devenir.L’auteur, lui, parle alors de « théorie interactionniste de la déviance ».Howard S.

BECKER considère la déviance comme une action collective.

Il critique le fait que certains auteurs, comme Corber, parle de « déviance secrète ».

Pourlui, cette formulation est ambiguë et frôle la contradiction.La subjectivité du sociologue est une autre critique.

En effet, un sociologue incorpore toujours d’une certaine manière ses idées morales préconçues, ses valeurs dansson travail scientifique ; même s’il minimise l’influence de ses jugements moraux.

Howard S.

BECKER dit à ce sujet : « Il nous arrive parfois de commencer parchoisir nos problèmes et nos méthodes en fonction des mesures que nous souhaitons voir appliquer et des personnes que nous désirons aider.

»Une des critiques majeures faite à la sociologie de la déviance est celle-ci : les sociologues qui soutiennent la théorie interactionniste de la déviance soutiennentouvertement des normes non conventionnelles.

Pour Howard S.

BECKER, les critiques reconnaissent le caractère intrinsèquement situationnel des normes et nonl’incarnation spécifique et persistante des valeurs de bases.Pour Howard S.

BECKER, il est important d’étudier tous les acteurs de ces drames moraux, les accusateurs et les accusés.

Comprendre les circonstances danslesquelles agissent tous ceux qui sont concernés.

Prendre au sérieux l’interprétation du « sens commun ».

Prendre tous les aspects des drames de la déviance.

« Enétudiant les entrepreneurs de morale – aussi bien que ceux qu’ils cherchent à contrôler – les analyses interactionnistes violent la hiérarchie de la crédibilité établiedans la société.

» (p.232) Synthèse :L’auteur a rencontré une limite dans l’élaboration de son étude.

En effet, la déviance est un phénomène très complexe à étudier d’une part, et le manque de donnéessolides, l’insuffisance de faits et d’informations ont rendu difficile l’élaboration et le fondement de théories d’autre part.

Il n’est pas facile d’étudier les déviants, carceux-ci sont tenus pour des étrangers par le reste de la société et ils ont eux-mêmes tendance à considérer que le reste de la société leur est étranger.De plus, l’étude de la déviance implique des phénomènes moraux difficiles à maîtriser dans la mesure où les pratiques et les personnes sur lesquelles portel’investigation sont conventionnellement blâmées.

En effet, on peut se demander quel point de vue le chercheur doit-il adopter vis-à-vis de son sujet d’étude ?, queljugement doit-il porter sur ce qui est conventionnellement tenu pour mal et des sympathies qu’il ressent pour telle ou telle catégorie.. »

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