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Fiche de lecture: Le PHEDON de PLATON.

Publié le 20/04/2009

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Platon, dans ce dialogue, raconte les derniers instants de Socrate, et expose sa propre doctrine sur l'immortalité de l'âme ; il unit, avec un art merveilleux, le récit des derniers instants du sage, et la discussion philosophique entreprise et achevée en un tel moment avec tant de calme sérénité.

Le philosophe pythagoricien Echécrate interroge Plié-don, fidèle disciple de Socrate, sur la mort de l'illustre condamné. Phédon se rend à ce désir, et reproduit l'entretien que son maître avait eu, dans la prison même, avant déboire la ciguë, avec deux jeunes Thébains, Simmias et Cébès, d'un esprit subtil et exercé, qui opposent à Socrate des objections assez spécieuses sur l'immortalité de l'âme. Dans le dialogue, interviennent d'autres amis du philosophe, mais ils ne prononcent que quelques mots.  

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« Cinquième preuve par l'activité de l'âme. Mais, objecte Simmias, l'âme pourrait bien être semblable à l'harmonie d'une lyre.

L'harmonie est chose plus divineque les cordes et le bois de l'instrument; pourtant la lyre brisée, l'harmonie s'évanouit.

L'âme, plus divine que lecorps, ne serait-elle pas de même la résultante des fonctions et des éléments matériels, destinée à disparaître lejour où ces éléments se dissolvent?L'existence de l'harmonie, répond Socrate, est toujours postérieure à celle des éléments qu'elle unit et coordonne.Or, l'âme ne peut résulter de l'arrangement des éléments corporels, puisqu'elle préexiste au corps.

— De plus, touteharmonie a des degrés, parce que l'accord dont elle résulte a des degrés lui-même.

Or, une âme ne peut pas êtreplus ou moins âme ; elle est ou elle n'est pas ; si donc elle n'a pas de degrés, elle ne peut pas être une harmonie.

—Enfin et surtout, on ne voit jamais une harmonie réagir contre les éléments qui la composent ; loin de commander àces éléments, elle leur obéit.

L'âme au contraire empêche le corps de boire quand il a chaud; elle résiste à sesappétits ; elle le façonne par la gymnastique, le guérit par la médecine.

Il n'y a donc pas la moindre apparence deraison à dire que l'âme est une harmonie.

Elle est l'activité dominante de l'être humain ; elle a une existence à soi :capable de maîtriser le corps, l'âme est, parla même, capable de lui survivre. Sixième preuve par l'essence de l'âme. Cébès a, lui aussi, posé une objection : L'âme, tout en étant capable de traverser plusieurs existences terrestres etd'animer successivement plusieurs organismes, ne s'épuise-t-elle pas à la longue et ne périt-elle pas enfin, aprèsune incarnation suprême, comme un vieux tisserand qui survit à plusieurs vêlements et meurt avant d'avoir usé ledernier? — Pour résoudre cette difficulté, Socrate remonte aux principes de l'existence et de la connaissance quisont les idées et non pas, comme le prétendent les physiciens, la matière sous une forme ou sous une autre : c'estde la participation aux idées que les choses tiennent leur essence; ainsi c'est par la beauté que les belles chosessont belles.

Or, une idée ne peut recevoir en soi son contraire; de même, tout ce dont cette idée est l'essence,exclut ce qui est contraire à celle essence : si, par exemple, l'unité en soi exclut la dualité en soi, tout ce dontl'unité est l'essence, comme l'impair, ne pourra jamais recevoir la forme de la dualité et devenir pair.

Or, l'idée quiconstitue l'essence de la vie, c'est l'âme L'idée d'âme exclut donc l'idée de mort; l'âme est donc, par sa nature, absolument impérissable.Après cette preuve de l'immortalité de l'âme qui lui semble définitive et sans réplique, Socrate s'élève à diversesconsidérations morales sur le sort des bons et des méchants dans la vie future.

Ici se place, comme à la fin depresque tous les dialogues de Platon, un mythe où le philosophe donne libre carrière à son imagination.

Cette partiedébute par une considération importante dont Platon eût pu faire une preuve, et non la moins forte de toutes, enfaveur de l'immortalité : « Si la mort, dit-il, était la destruction de l'homme entier, ce serait un trop grand profit pourles méchants.

» On peut regretter que cette preuve ne soit pas plus développée; mais cette idée n'est-elle pasimpliquée dans toutes les descriptions d'ailleurs assez obscures, soit du séjour des bienheureux, soit des enfers ?C'est donc en affirmant la nécessité d'une sanction morale au delà de la tombe que Socrate achève son sublimeentretien; aussi est-il plein d'espérance et de calme et forte confiance; sa sérénité ne se dément point un instant.Il prend le poison, il se couche, il sent le froid qui le gagne peu à peu des extrémités au cœur, et il meurt enrecommandant à Criton d'immoler un coq à Esculape, dieu de la médecine, qui vient de le guérir de la vie. III.

— Appréciation du Dialogue Les preuves les plus importantes du Phédon ne sont guère que des applications de la théorie platonicienne surl'origine des idées.

Deux arguments paraissent être en dehors de cette doctrine, et ce sont les plus faibles : lapreuve par la génération des contraires et la preuve par l'essence de l'âme.Au reste, toutes les preuves apportées par Platon, sauf peut-être la première tirée des conditions de la science etdelà vertu, qui est plutôt elle-même une simple présomption, établissent moins l'immortalité de la personne humaineque celle de la substance de l'âme.Platon a aperçu les arguments moraux qui sont le plus solide fondement de notre espérance à une survivancepersonnelle; mais il ne les a pas mis en pleine lumière ni présentés dans toute leur force.

Toutefois l'élévationsoutenue des pensées et du style compense bien ce manque de clarté dans l'exposition; d'ailleurs, le sublime récitde la mort de Socrate n'est-il pas plus convaincant qu'un froid syllogisme? en l'absence d'une révélation divine,quelle plus belle preuve de l'immortalité, pour ses disciples, que la mort volontairement subie pour la vérité et lajustice?. »

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