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FICHE DE LECTURE: SIX PERSONNAGES EN QUÊTE D'AUTEUR suivi de LA VOLUPTÉ DE L'HONNEUR de LUIGI PIRANDELLO

Publié le 05/06/2011

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LES SUJETS Sur la scène d'un théâtre où répètent des acteurs, quelque jour se présentent « six personnages « : le père (50 ans), la mère avec une fillette (4 ans) et un garçon (10 ans), la belle-fille et le fils (20 ans) ; ils se déclarent « en quête d'auteur «. Pirandello ayant refusé de leur accorder vie « pour n'avoir pu réussir à découvrir un sens qui leur donne une valeur «, ils supplient le chef de troupe de représenter leur drame, celui de la haine et de l'incompréhension. S'établit alors, entre eux et les comédiens, un ahurissant chassé-croisé...

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« Le Père de Six personnages en quête d'auteur refuse pourtant d'être jugé par sa Fille sur un seul acte.

Elle l'arencontré dans une maison de tolérance et elle veut, dit-il «m'attribuer cette personnalité qui a été la mienne dansune minute fugace, honteuse, de mon existence».Aussi la tragédie naît-elle de cette obligation que nous avons de jouer la comédie, de porter un masque.Par ce que l'on a ensuite appelé le pirandellisme, l'auteur avait ainsi mis en évidence le conflit de l'Etre et duParaître, l'aliénation de l'homme, victime de l'illusion et du jeu de rôles.

Ce malentendu de l'identité s'exacerbe avecl'impossibilité d'une vraie communication entre les êtres : les mots sont faussés, leur valeur est différente selon lesindividus et «on croit se comprendre, dit le Père, et on ne se comprend jamais ». Une quête tragiqueMais les personnages de Pirandello se révoltent, poursuivent leur quête acharnée d'une vraie identité, plongeantdans d'inlassables «raisonnements à vide», s'égarant dans des délires d'interprétation qui ne sont pas sans rappelerla folie omniprésente dans le théâtre de Pirandello.La véritable tragédie pirandélienne, c'est en effet l'état de conscience, ces conflits internes de la pensée cherchantà appréhender son moi véritable.

Quête qui ne débouche que sur l'impasse, car chercher à se connaître, pensePirandello, c'est cesser de vivre.

Le miroir fige notre image, la raison enferme l'homme dans des carcans et desformes ; or la forme est un piège qui «tend à pétrifier la vie». Le théâtre dans le théâtreL'histoire de Six personnages en quête d'auteur ne fut pour Pirandello qu'un prétexte.

Son but était avant tout demontrer les affrontements des personnages, chacun ayant sa propre vérité, sa propre interprétation desévénements.

Remettant en question la cohérence du héros telle qu'elle existait dans le théâtre classique, Pirandellos'est refusé à peindre des «caractères» (au point que certains critiques ont jugé que ses personnages manquaientde consistance!).Dénonçant la crise du réalisme dans le théâtre et niant la vérité du héros traditionnel, Pirandello créait un théâtrerévolutionnaire, résolument moderne dont la dramaturgie annonçait le Nouveau Théâtre.Ces six personnages qui surgissent en pleine répétition d'une pièce, dont le titre est Jeu de rôles, s'acharnent àvouloir jouer eux-mêmes leur histoire, considérant que les acteurs professionnels ne sont pas aptes à restituer leurréalité : une façon pour Pirandello de dénoncer la vanité de la comédie, un art qui cherche à rendre crédible ce quin'est qu'un jeu de rôles...Pourtant, le théâtre, pour Pirandello, l'emporte sur la vie, les personnages de théâtre «plus vivants que bien desêtres qui respirent et figurent sur les registres de l'état civil », devenaient sinon plus vrais, du moins «plus réels»que les êtres vivants.

A eux s'offre encore la multiplicité; ils échappent au moule réducteur de la vie. Le scandaleC'est surtout à l'étranger que Pirandello remporta ses premiers succès.

Sa pièce Six personnages en quête d'auteurtint l'affiche pendant seize mois à New York, et la France se montra beaucoup plus séduite que l'Italie.

A Rome eneffet, le 10 mai 1921, la première représentation de la pièce fut interrompue par des coups de sifflets et des insultes(«A l'asile !» criait-on à l'auteur).

Les spectateurs, divisés, en vinrent aux mains et l'émeute se poursuivit hors duthéâtre. L'auteurNé en Sicile, à Agrigente, en 1867, Luigi Pirandello publie son premier recueil de vers en 1889, après avoir suivi desétudes de lettres à Palerme et à Rome.

Au cours d'un séjour de trois ans à Bonn, il passe son doctorat, découvreSchopenhauer et le pessimisme.En 1894, il épouse la fille d'un associé de son père (dont il aura trois enfants) et devient professeur de littérature àRome.

Influencé par le naturalisme, il écrit plusieurs nouvelles inspirées par les moeurs et la vie siciliennes, ainsi quedes romans dont Feu Mathias Pascal (un homme apprend au retour d'une fugue qu'on le croit disparu), roman publiéen 1904 qui amorce un revirement dans l'oeuvre .Cette même année, sa femme sombre dans la folie, un événement qui fera de sa vie privée un calvaire que Pirandelloexorcisera par l'écriture dans des thèmes liés à l'angoisse de vivre : le suicide, le morcellement de la personnalité, lafolie, l'absurde...Outre ses quelque 200 nouvelles et ses 7 romans, Pirandello produisit une quarantaine de pièces qui lui valurent lacélébrité internationale : A Chacun sa vérité (1917), Six personnages en quête d'auteur (1921), Henri IV (1922),Comme ci ou comme ça (1924), Ce soir on improvise (1930).En 1934, deux ans avant sa mort, l'oeuvre de Pirandello était couronnée par le Prix Nobel de littérature.Dans le drame que représenta pour Pirandello la folie de sa femme, on a vu la source de son oeuvre.

Soumis pendantquinze ans à ses crises de jalousie maladive, il écrivait d'elle «si elle me voit comme cela, si je ne réussis pas à luiôter cette image qu'elle se fait de moi, si elle nie l'évidence des faits...

alors ? Alors pour elle, ce n'est plus moi quisuis moi (...) Moi, je suis pour moi-même et un autre pour ma femme ».. »

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