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FIGURES PRÉ-ROMANTIQUES : BERNARDIN DE SAINT-PIERRE ET SENANCOUR

Publié le 22/02/2012

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Paul et Virginie est bien le fruit de la fin du XVIIIe siècle. Tout comme Rousseau et même Diderot, Bernardin pense que « l'homme naît bon : c'est la société qui fait les méchants et c'est votre éducation qui les prépare «. Aussi son roman entend-il « réunir à la beauté de la nature sous les tropiques la beauté morale d'une petite société «. Par là s'esquissait le besoin d'évasion que la littérature romantique allait combler sous les formes les plus diverses. Il ne restait plus qu'à trouver le personnage nouveau, le type dans lequel se fondraient les aspirations multiples de l'âme moderne...

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« moyens la bonne organisation de la nature.

Ainsi, le charançon existe « pour empêcher l'avare de garder son blé», le pou est blanc et la puce noire car ils se distinguent mieux « le premier sur les cheveux, la seconde sur la blan­ cheur de la peau »! Une telle analyse tourne rapidement au ridi· cule.

Dans un siècle marqué par les débuts de la science sérieuse, « il fallait un certain courage pour retarder ainsi délibérément ».

En fait, l'intérêt des Études ne réside pas dans la thèse philosophique qui est fort mauvaise, mais dans 1 'art de Bernardin : il orchestre en effet avec sensibilité une nouvelle poésie du paysage, y mêlant ruines et tombeaux.

C'est là qu'était sa véritable voie : plus que la vertu et la bonté de la nature, Bernardin se devait de peindre la nature elle-même, sans autre souci didactique.

« Un génie virgilien » (Sainte- Beuve) D'abord inséré dans le quatrième volume des Études, Paul et Virginie fut en 1789 publié à part et obtint tout de suite un énorme succès.

L'objet de cette «espèce de pastorale» était de montrer que notre « bonheur consiste à vivre selon la nature et la vertu».

Près du Port-Louis dans l'île de France, le narrateur rencontre un vieillard qui lui raconte l'histoire de Paul et Virginie.

En 1726, une jeune aristocrate, Mme de la Tour qui vient de perdre son mari, se retire dans un cirque rocheux avec une esclave : elle y rencontre Marguerite, jeune Bretonne qui vit réfugiée en ces lieux en compagnie de son fils Paul et d'un esclave.

Bientôt, Mm• de la Tour donne naissance à une fille, Virginie.

La petite société s'organise (les esclaves se marient) et vit heureuse dans la contemplation de la nature.

On esquisse des projets pour les enfants, lorsque Virginie doit partir pour l'Europe faire son éducation chez une tante.

Paul se désespère.

Mais la jeune fille revient.

Malheu­ reusement son navire, le Saint Géran, fait naufrage : Virginie périt.

Inconsolable, Paul meurt de chagrin, suivi par toute la société qui l'entourait.

Il n'y a pas à proprement parler d'intrigue dans ce petit récit, mais une succession de scènes (promenade des deux enfants, crise du départ, naufrage ...

) qui servent de prétexte à l'évocation de sentiments simples, élémentaires ( 1 ) et aux descriptions du paysage : Nos poètes ont assez reposé leurs amants sur le bord des ruisseaux [ ...

) J'en ai voulu asseoir sur le rivage de la mer, au pied des rochers, à l'ombre des cocotiers, bananiers, et des citronniers en fleurs.

La grande trouvaille de Bernardin consiste en effet à dépayser le lecteur (utilisation de noms de plantes exotiques) tout en stylisant le récit de manière à ne pas choquer ses habitudes : il a ainsi été possibte de déceler divers niveaux d'écriture depuis la forme «Louis XVI et néo­ classique» jusqu'à la symbolique de «l'idylle» en passant par le mythe des « enfants de la nature » (2).

Paul et Virginie est bien le fruit de la fin du xvm• siècle.

Tout comme Rousseau et même Diderot, Bernardin pense que « l'homme naît bon : c'est la société qui fait les méchants et c'est votre éducation qui les prépare ».

Aussi son roman entend-il « réunir à la beauté de la nature sous les tropiques la beauté morale d'une petite société ».

Par là s'esquissait le besoin d'évasion que la littérature romantique allait combler sous les formes les plus diverses.

Il ne restait plus qu'à trouver le personnage nouveau, le type dans lequel se fondraient les aspirations multiples de l'âme moderne.

SENANCOUR (1770-1846) «TOUT M'APPELLE ET TOUT M'ABANDONNE,, Fils de parents assez âgés, le jeune Étienne de Senancour eut une enfance triste et terne.

A l'époque de ses 19 ans, il part pour la Suisse où il contracte un mariage malheureux.

Revenu en France, il se renferme dans la solitude, n'accep­ tant que la compagnie de sa fille Eulalie.

Tour­ menté par les soucis financiers, torturé par la maladie, il meurt presque inconnu en 1846.

Épris de liberté et de vérité, Senancour laisse un chef-d' œuvre : Oberman, rédigé de 1799 à 1801, et publié en 1804.

Mais ce n'est pas là son l.

Fidèle à la théorie en vogue du drame larmoyant, Bernardin disait de ses lecteurs : « J'eus la satisfaction de leur voir verser des larmes.

>> 2.

Robert Mauzi, « Introduction >> à Paul et Virginie, Garnier-Flammarion.. »

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