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Fin du «Pari » (Pascal)

Publié le 04/04/2011

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pascal

[21] 233 — Cela est démonstratif1, et si les hommes sont capables de quelque vérité, celle-là l'est. — «Je le confesse, je l'avoue. Mais encore n'y a-t-il point moyen de voir le dessous du jeu?« — Oui, l'Écriture et le reste, etc. — «Oui; mais j'ai les mains liées et la bouche muette; on ne me relâche pas, et je suis fait d'une telle sorte que je ne puis croire. Que voulez-vous donc que je fasse?" — Il est vrai. Mais apprenez au moins votre impuissance à croire, puisque la raison vous y porte, et que néanmoins vous ne le pouvez. Travaillez donc non pas à vous convaincre par l'augmentation des preuves de Dieu, mais par la diminution de vos passions Vous voulez aller à la foi, et vous n'en avez pas le chemin; vous voulez vous guérir de l'infidélité, et vous en demandez le remède; apprenez de ceux qui ont été liés comme vous, et qui parient maintenant tout leur bien; ce sont gens qui savent ce chemin que vous voudriez suivre, et guéris d'un mal dont vous voulez guérir. Suivez la manière par où ils ont commencé: c'est en faisant tout comme s'ils croyaient, en prenant de l'eau bénite, en faisant dire des messes, etc. Naturellement même cela vous fera croire et vous abêtira. — " Mais c'est ce que je crains. " — Et pourquoi ? Qu'avez-vous à perdre ? Mais pour vous montrer que cela y mène, c'est que cela diminuera les passions, qui sont vos grands obstacles. — fC Oh ! ce discours me transporte, me ravit, etc. " — Si ce discours vous plaît et vous semble fort, sachez qu'il est fait par un homme qui s'est mis à genoux auparavant et après, pour prier cet Être infini et sans parties, auquel il soumet tout le sien, de se soumettre aussi le vôtre pour votre propre bien et pour sa gloire; et qu'ainsi la force [divine] s'accorde avec cette bassesse [abaissement des hommes]. Fin de ce discours. — Or, quel mal vous arrivera-t-il en prenant ce parti? Vous serez fidèle, honnête, humble, reconnaissant, bienfaisant, ami sincère, véritable. A la vérité, vous ne serez point dans les plaisirs empestés, dans la gloire, dans les délices; mais n'en aurez-vous point d'autres ? Je vous dis que vous y gagnerez en cette vie; et qu'à chaque pas que vous ferez dans ce chemin, vous verrez tant de certitude du gain, et tant de néant de ce que vous hasardez, que vous reconnaîtrez à la fin que vous avez parié pour une chose certaine, infinie, pour laquelle vous n'avez rien donné.

1. Pascal vient de démontrer que croire en Dieu n'était pas contraire aux lois de la raison.   

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