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LES FLEURS DU MAL

Publié le 04/08/2010

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Préface :    A un ami amoureux de la poésie,    Baudelaire, dandy, passionné, dissipé, homme à scandales, mais, avant et surtout, poète, véritable orfèvre du mot, de la phrase et de la rime. Son œuvre majeure, Les Fleurs du Mal, éditée en 1857, fit scandale dès sa parution. En effet, Baudelaire, profondément marqué par la disparition de son père et le remariage de sa mère, mena une vie agitée dans laquelle s’entremêleront rêves et évasion, voyages et solitude, femmes et amours, thèmes récurrents qui se retrouveront dans ce recueil. Maître dans l’art de créer une atmosphère, il sut traduire avec des vers harmonieux et un style d’une beauté rigoureuse ses angoisses, ses obsessions et ses tourments. Il les décrira dans un désordre apparent tout au long du recueil, ce qui l’amènera à donner à Arsène Houssaye, un de ses éditeurs, des consignes de lecture, une sorte de mode d’emploi. Il ne fallait pas se méprendre, écrira-t-il, sur l’absence de continuité dans ces poèmes. Cette absence d’ordre est volontaire, et il le répètera, dans sa dédicace : « Dans cet ouvrage, tout y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. Nous pouvons couper où nous voulons ; moi, ma rêverie, vous, le manuscrit, le lecteur, sa lecture «. C’est ce qui m’amenée (en toute modestie !) à procéder de la même manière pour vous offrir, cher lecteur, dix poèmes. Je les ai choisis parce que je les ai aimés et je souhaite, qu’à votre tour, vous les aimiez. Ce n’est pas une simple sélection de poèmes. Ce sont plutôt les allées d’un jardin anglais que je vous invite à parcourir avec moi. Vous y trouverez toutes sortes de fleurs, fleurs sensuelles de l’amour, de la passion, du rêve, de la mélancolie, du voyage et de l’exotisme.  Les trois femmes que Baudelaire a aimées passionnément, Jeanne la sensuelle mulâtresse, Marie la sage, et Apollonie la sainte, seront magnifiées dans plusieurs de ses poèmes, tous d’un lyrisme et d’une sonorité remarquables.  J’ai particulièrement aimé « La Beauté « (XVII) qu’il personnifie en lui donnant la parole. Sure d’elle, cruelle et fascinante, elle exerce sans pitié son emprise sur les « hommes dociles «, pieds et poings liés à elle.  Lisez, à la suite, « A une passante « (XCIII), brève rencontre avec une inconnue pour qui le poète éprouvera une fulgurante attirance, un véritable coup de foudre. Cette vision d’une jeune femme élégante assourdira le vacarme de la rue qui emplissait alors ses oreilles ; seuls resteront en lui le souvenir de la démarche de la belle, de sa robe relevée et de son regard prometteur de plaisir. C’est émouvant et troublant à la fois… Les sonorités de ses vers permettent, n’est-ce pas, d’imaginer la passante et de ressentir, en un instant fugace, son intense pouvoir de séduction.  « La chevelure « (XXIII) est un poème sensuel, imagé, évocateur à la fois de la femme et de son parfum capiteux, du mouvement incessant de la mer, de son roulis enivrant, des langueurs et de la chaleur des contrées lointaines. Oh l’Afrique brûlante…l’Asie lointaine…l’évasion des voyages décrits en sept strophes…quel talent !  Goutez maintenant, cher lecteur, à un tout autre thème, celui du spleen et du dépaysement, en appréciant le charme de « L’homme et la mer « (XIV). Cette mer est un miroir, le véritable reflet de l’âme du poète. Elle traduit son mal de vivre et sa mélancolie. La profondeur de ses abimes fait écho aux mystères insondables du cœur et de l’esprit du poète. Elle est gardienne de ses secrets. Etroitement liés et depuis d’innombrables siècles, l’homme et la mer sont solidaires, s’aiment et s’affrontent à la fois dans un combat émouvant et sans fin.  Dans « Elévation « (III) le poète, ambitieux, se détache d’un monde vulgaire et ordinaire, s’élève avec volupté toujours plus haut dans le ciel, heureux de survoler tristesse et chagrin… Il exprime également dans ce poème comme dans le précédent son désir d’évasion et sa languissante mélancolie. Appréciez, s’il vous plait, ces quatrains harmonieux !    Liée à ces mêmes thèmes chers à Baudelaire, « L’invitation au voyage « (LIII), court poème, souligne la tendresse que recherche le poète ainsi que l’oubli de ses amours précédentes, amours tumultueuses s’il en fut ! Et l’on en vient à imaginer, les yeux embués, un havre de paix, tiède, parfumé dans lequel se blottiront les deux amoureux, à l’abri des regards.  « La causerie « (LV), sonnet que le poète dédie à Marie, laisse imaginer une tendre conversation entre deux êtres qui s’aiment, mais ce titre est trompeur : le poète, malheureux, décrit sa souffrance et se souvient des amours cruelles qui lui ont dévoré le cœur. Il éprouve ainsi véritablement ce spleen, « l’illustre compagne de la beauté « tel que l’a écrit Baudelaire.  Toujours dans la mélancolie, « Chant d’automne « (LXI) est un regret de l’été qui s’est enfui et une description de l’hiver, triste et oppressant. Il annonce, également la mort. Cependant, comme pour adoucir ce sentiment funeste, le poète fait appel à la tendresse d’une femme bien-aimée qui lui fera regretter et « l’été d’hier « et l’automne qui se meurt.  Si Baudelaire a, dans ses poèmes, largement et intensément, évoqué ses amours avec Jeanne, Marie et Apollonie, il a également écrit des poèmes dédiés aux animaux à qui il a prêté de véritables sentiments humains. C’est ainsi que dans « l’Albatros « (II), le poète décrit cet oiseau si magnifique lorsque, les ailes déployées, il plane dans le ciel, si laid quand il se pose au sol. Baudelaire associe l’humiliation de l’albatros blessé par les sévices des marins à l’âme tourmentée du poète. Tous deux ne sont à l’aise que dans leur propre élément ; l’albatros dans le ciel et le poète dans ses vers et ses rimes.  Pour terminer ma sélection et parce que j’aime particulièrement ces animaux, je vous invite à apprécier « le Chat « (LI). Vous ressentirez à cette lecture, j’en suis persuadée, la même impression de beauté, d’élégance et de mystère que j’ai moi-même éprouvée. Vous serez, vous aussi, attiré par la beauté de sa fourrure, son miaulement délicat, ses prunelles magnétiques, son regard étonnement intelligent et presque humain qui vous troublera profondément.  Cher lecteur, j’espère que ma sélection vous aura séduit. Vous aurez certainement plaisir à rechercher d’autres poèmes dans le recueil de Charles Baudelaire, Les Fleurs Du Mal.

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