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La Fontaine dans ses Fables, vise à plaire tout en instruisant. Votre lecture des Fables vous Permet-elle de souscrire à ce jugement ?

Publié le 13/01/2013

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Sujet : La Fontaine dans ses Fables, vise à plaire tout en instruisant. Votre lecture des Fables vous Permet-elle de souscrire à ce jugement ? o Introduction : L'apologue, bref récit imagé illustrant une morale, est pratiqué par de nombreux auteurs soucieux de convaincre leurs lecteurs en recourant à cette forme littéraire plaisante et efficace. La Fontaine, dans ses Fables, y voit le moyen d'instruire sans lasser : « Une morale nue apporte de l'ennui ; le conte fait passer le précepte avec lui «. Son mot d'ordre, plusieurs fois affirmé, est en effet de « plaire tout en instruisant «. Comment peut-on penser l'articulation entre ces termes qui semblent a priori relevés de deux visées contradictoires ? C'est surtout parce qu'il joint l'utile à l'agréable que l'apologue paraît efficace à ces auteurs classiques, pour lesquels il est impensable de distraire sans instruire, et l'on peut se demander s'il ne serait pas, en effet, une des formes d'argumentation les plus efficaces qui soient, en raison de sa clarté, et de sa brièveté. Mais cela doit être nuancé : parce que la morale est cachée sous le récit, l'apologue court cependant le risque de manquer son objectif, et d'obscurcir son propos. La Fontaine semble donner la priorité au pouvoir de la gaieté tout en faisant réfléchir son lecteur : l'ironie ne serait-elle pas l'outil le plus efficace pour plaire et « instruire « ? [I] L'apologue peut être une forme d'argumentation efficace en raison de ses qualités intrinsèques : c'esten effet un genre plaisant, qui articule une morale à un récit vivant, bref et clair. La fable, en mettant en scène des animaux ou des situations tirées de la vie quotidienne, comme dans « La laitière et le pot au lait « adopte des thèmes relativement simples et peut permettre une identification, d'autant plus que le « plus simple animal nous y tient lieu de maître «. Le récit est souvent court et animé, qui rend par exemple la démarche légère de Perrette ou le mouvement des grenouilles qui sautent « dans les trous du marécage «, « dans les roseaux « grâce à un jeu d'anaphore. Le schéma narratif est celui du conte, avec des effets de chute et de retournement de situation, comme dans « Les animauxmalades de la peste «. Cet effet de surprise est plaisant pour le lecteur qui se laisse prendre au jeu de la narration. En outre, La Fontaine ménage des rythmes particuliers et variés, avec de jeux d'hétérométrie qui permettent par exemple de rendre l'opposition entre la lenteur de la tortue et la rapidité du lièvre. Cela rapproche la fable écrite en vers de la prose et facilite la compréhension de la petite histoire. L'art de la variation empêche l'ennui : les fables doubles, comme « le pâtre et le lion «, laissent entrevoir des jeux de parallélismes, de différences et de reprises, c'est-à-dire le travail de l'écriture dans ses subtils changements. Selon ces exigences, l'art de conter place la moralité à la fin du récit, au début ou en son coeur, comme dans « Le corbeau et le renard «. Le pouvoir de persuasion de la fable lui vient également de sa clart&eacut...

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« seule y triomphe « la raison du plus fort ».

L’apologue nécessite que le récit enrobant la morale soit aussi plaisant que possible, car « une morale nue apporte de l’ennui ».

C’est pourquoi ce genre est volontiers humoristique.

Amuser le publicpermet de préparer celui-ci à accepter la morale du récit.

Les fables de la Fontaine recourent fréquemment à l’humour, ainsi dans « l’Ours et l’Amateur des jardins », un ours voyant son ami jardinier endormi assailli par des mouches décide de l’aider en se saisissant d’une grosse pierre, qui tue les mouches …et le dormeur, illustrant plaisamment la morale du conteur : « Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ».

La satire, qui dénonce les défauts des hommes et les abus auxquels leur condition les conduit, contribue elle aussi à rendre l’apologue humoristique.

Chez la Fontaine, c’est le milieu hypocrite et injuste de la cour qui fournit bien souvent la cible de la satire, comme le montre la fable « Les animaux malades de la peste » qui dénonce de même les « jugements de cour », capables de condamner l’innocent au mépris de toute équité.

Drôle parfois, bref et clair toujours, l’apologue est de plus un genre argumentatif concret, qui met en situation la morale et se préserve donc d’une trop grande abstraction.

Il peut ainsi prétendre à une audience universelle.

Cette qualité explique par exemple le choix de genres enfantins comme la fable pour La Fontaine, et le succès de ces auteurs face à un jeune public.

On voit ainsi que l’apologue peut enseigner une véritable sagesse, et proposer non seulement des conseils mais des maximes de conduite accessibles à tous.

Les valeurs proposées par La Fontaine sont ainsi d’ordre épicurien, comme dans « le Héron et la Fille » par exemple, qui nous invitent à jouir des biens de ce monde au moment où ils se présentent, avant qu’ils ne nous fassent défaut.

| pour votre « culture » : Jésus lui-même dans les Evangiles, recourt volontiers aux paraboles, afin de transmettre des valeurs universelles et accessible à tout public.

La parabole du fils prodigue dans l’Evangile selon St Luc donne ainsi un exemple clair des vertus du pardon que tout chrétien est appelé à pratiquer.

L’allégorie de la caverne, développée par Platon dans la République livre VII, délivre une vérité philosophique à prétention elle aussi universelle : le monde n’est qu’un théâtre d’ombres dont se désintéressent ceux qui ont aperçu le soleil de la vraie justice, du vrai Bien.

[II] Drôle, simple et concret, d’un côté, capable d’enseigner des valeurs universelles de l’autre, l’apologue a toutes les qualités pour séduire le public le plus large.

Cependant, l’articulation du récit à la morale y est délicate, et là réside sans doute son point faible : que cette articulation manque de perfection, et le texte devient obscur.

Plaire pour instruire demeure l’objectif principal du fabuliste mais l’instruction naît maintenant du conte et du plaisir de conter par rapport aux fables plus courtes et didactiques d’Esope.

Certes, la fable enseigne Mlle Grilli 4 des comportements, des réflexes à avoir, tel que la méfiance, et délivre une leçon de sagesse, mais le« message » délivré, la leçon, sont-ils si évidents à comprendre ? En effet, quelle est la morale d’une fable telle que « La laitière et le pot au lait » ? Il n’y a pas de moralité clairement exprimée au présent de vérité générale et il semble difficile de la réduire à une maxime comme « il ne faut pas rêver » quand le fabuliste s’implique dans sa fable et se met luimême en scène en rêveur.

L’autodérision de la formule « Gros Jean comme devant » montre la part de jeu qu’il existe dans le traitement de la moralité.

En outre, l’apologue recourt au fond à une vérité cachée (au moins provisoirement) que le lecteur doit découvrir.

La morale n’en est pas nécessairement explicite, elle peut être diffuse dans le récit, ou être séparée de ce dernier, demandant alors au lecteur de chercher le lien de l’une à l’autre.

Ainsi, la fable de Perrette ne présente pas de morale explicite que l’on pourrait reconnaître avec le présent de vérité générale.

Il peut arriver que la morale paraisse en décalage avec le récit, comme Marmontel croit l’observer parfois chez La Fontaine : « La Fontaine s'est plus négligé que lui [La Motte] sur le choix de la moralité.

il semble quelquefois la chercher après avoir composé sa fable, soit qu'il affecte cette incertitude pour cacher jusqu'au bout le dessein qu'il avait d'instruire ; soit qu'en effet il se soit livré d'abord à l'attrait d'un tableau favorable à peindre, bien sûr que d'un sujet moral, il est facile de tirer une réflexion morale.

Cependant sa conclusion n'est pas toujours également heureuse ; le plus souvent profonde, lumineuse,. »

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