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FORTUNAT, saint Venance

Publié le 18/04/2012

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Evêque de Poitiers et poète, il est l'auteur d'hymnes liturgiques. Il raconte notamment la vie de sainte Radegonde, fondatrice du monastère de Sainte-Croix à Poitiers.

 

« et reine franque, veuve d'un mari brutal, s'est retirée du monde et a nommé la jeune Agnès abbesse du grand couvent qu'elle a fondé à Poitiers et où elle vit au milieu de deux cents religieuses de familles nobles.

Fortunat est l'administrateur temporel du monastère, puis l'aumônier dt> la communauté; il finira sa carrière comme évêque de Poitiers en 599· Le sentiment de l'ancien poète de cour pour la reine vénérable et pour la jeune abbesse passe d'un innocent badinage dans les charmants petits billets poétiques qui accompagnent des cadeaux ou des remerciements, à une vraie nostalgie d'amant abandonné, dans les vers qu'il adresse par exemple à Radegonde lorsqu'elle se retire pour le carême.

La même exaltation érotico-mystique se retrouve dans le poème Ad Virgines, dans le De excidio Thoringjce, où Radegonde déplore l'absence de son cousin lointain, Amalafrid, qui sert dans l'armée byzantine en Orient.

Le rôle de Fortunat ne s'arrête pas là.

Il est pour beaucoup dans l'apparition du culte de la personnalité, sous la forme baroque assez surprenante de la « dulcedo » qu'il prend dans les cours mérovingiennes.

Puis, last not !east, Fortunat, dont l'influence fut continue à partir de l'époque carolingienne jusqu'au xne siècle, donne à la chrétienté deux hymnes qui comptent parmi les plus belles de l'Eglise chrétienne.

Sainte Radegonde avait reçu en 569, pour son couvent de la Sainte­ Croix, un morceau de la croix du Sauveur, offert par l'empereur de Byzance, Justin II.

C'est à cette occasion que Fortunat composa le Vexilla regis prodeunt, Julget crucis mysterium (les enseignes du roi s'avancent- le mystère de la croix resplendit) et le Pange lingua, gloriosi prœlium certaminis (Chante, langue, le combat de la lutte glorieuse).

Ces deux hymnes devinrent les chants des croisés au xne siècle, c'est-à-dire à l'époque qui, par l'œuvre des premiers troubadours, voit célébrer d'une façon si nouvelle l'amour mystique de la femme dont nous avons trouvé les premières traces chez Fortunat, cinq siècles auparavant.

Les deux hymnes exaltent la victoire du Seigneur par la croix et par la passion du Christ, que la croix symbolise.

Ce sont des chants de lutte et de triomphe par le sacrifice.

Dans le Vexilla regis, le poète part du contraste entre la splendeur et la souffrance pour atteindre en huit solennels quatrains ambrosiens la fusion des deux éléments en une unité supérieure.

Le Pange lingua met la lutte au centre, ce qui lui confère un caractère plus dramatique, accentué par les tétramètres trochaïques, le rythme des légions romaines.

Dans les deux hymnes.

Fortunat réussit à exprimer par un rythme différent le mystère qui transforme la matière, et les faits révélant leur sens plus profond.

Il part du signe du triomphe royal et termine par la prière, adressée au roi, de sauver te monde à travers le mystère révélé et de régner à travers les siècles.

C'est la même transformation, la même spiritualisation de la matière que le poète atteint dans sa nouvelle conception de la femme, dans son culte de la Vierge, dans l'aspiration mystique que reflète sa « Vie poétique de sainte Radegonde », sa « Vie de saint Martin » et même le long poème cité : De excidio Thoringice qu'il dédie, au nom de Radegonde, au cousin de la reine, Amalafrid, le tendre ami d'enfance réfugié depuis la ruine de Thuringe en 531 à la cour de Byzance; c'est par ce message poétique que la reine espérait se procurer, par l'entremise de son parent, le fameux fragment de la croix.

Emue par le souvenir des « amours » enfantines, l'âme de Radegonde, dans les vers de Fortunat, s'exalte au point de parler à l'ami lointain avec cette chaleur toute nouvelle qu'on retrouvera six siècles plus tard dans les vers d'un Bernard de Ventadour et d'un Geoffroi Rudel.

RETO R.

BEZZOLA Professeur à l'Université de Zurich 243. »

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