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François Rabelais

Publié le 19/04/2012

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François Rabelais (vers 1494-1553) est l'un des plus remarquables écrivains français de la Renaissance. Son oeuvre dénote une très grande érudition jointe à un sens inné de la dérision. Pantagruel et Gargantua sont des sommets de l'invention et de la fantaisie littéraires.

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« d'alambic, « tout diapré, pullulant, purpuré, à pompettes, tout émaillé et boutonné»- sachons que ce sera uniquement pour complaire à Abel Lefranc, qui tient pour un Rabelais à nez cyranéen.

Au fond, il n'en sait guère plus que nous sur le chapitre de cet appendice.

Et c'est gênant.

Parler d'un inconnu, gageure.

Mais, dans sa biographie, que de trous? Enfance, jeunesse, entrée au couvent : rien, nous ne savons rien.

C'est brusquement en 1521 que nous saisissons sa piste.

Il est cordelier au couvent de Fontenay-le-Comte, en Poitou.

Il étudie le grec avec une ferveur sacrée- et il adresse à Guil­ laume Budé, prince des hellénistes, une lettre qui n'a vraiment rien à voir avec sa légende, 152 I.

Or, né en 1483, Rabelais aurait alors trente-huit ans; né en 1490, trente et un- et né seulement en 1494, vingt-sept.

Ne rien savoir d'utile sur les vingt-sept, sinon les trente-huit premières années de la vie d'un écrivain -c'est peu! L'énigme en particulier reste entière, de son entrée en religion.

Vocation libre ou contrainte d'ordre familial? On l'avait, au baptême, nommé François - et certes, tous les François ne deviennent pas franciscains, mais quelques-uns le sont, que leur nom semble vouer par avance au Poverello? Si peu que nous sachions de Luther, ce contempo­ rain de Rabelais, nous possédons sur son entrée et sa vie au couvent des données qui nous seraient bien utiles pour comprendre l'esprit du créateur de Pantagruel.

Quelques lueurs cependant.

Peu après 1521, frère François quitte son ordre, mais non les ordres.

On le fait bénédictin au couvent de Maillezais, en Vendée -et il entre dans la familia­ rité de l'évêque du lieu.

On croit tenir son Rabelais :jeune religieux d'esprit vif, grand liseur de beaux textes antiques et voué à une sorte de secrétariat qui le conduira, plus tard, à un bénéfice? Point.

Ce Rabelais s'évanouit, et c'est seulement en 1530, à Montpellier, que nous le retrouvons, inscrit cette fois à la Faculté de Médecine.

Au printemps de 1532, il est à Lyon; il y publie chez Gryphe de savants opuscules, se fait nommer au concours médecin de l'Hôtel-Dieu, et un beau jour d'automne, chez Claude Nourry dit le Prince, éditeur populaire d'almanachs et de romans de chevalerie -il publie le Pantagruel.

Ainsi, voilà un homme qui, d'un coup, crée quelque chose comme le roman d'observation.

Un homme qui, d'un seul coup également, crée la prose française moderne, et manie avec une surprenante maîtrise l'un des plus admirables instruments d'expression dont ait jamais disposé un écrivain français.

D'où sort cela? Pas des cordeliers, bien sûr : dans leurs plates-bandes se récoltaient peut-être des choux et de pauvres salades à demi sauvages; assurément on n'y culti­ vait ni la prose française, ni l'art du conteur.

Et je veux bien qu'un cordelier, voué à fréquenter les simples et les bonnes gens, ait pu se rendre attentif, tout grécisant et latinisant qu'il fût, aux besoins de ceux qui « ne savaient pas décliner Rosa, la rose )) : cette remarque ne nous en dit pas long sur la genèse du génie rabelaisien-Alors? Le don, j'entends bien; le génie naturel; l'opium qui fait dormir ...

Mieux vaudrait encore, parlant de ce siècle, évoquer l'aura, le soufRe qu'un homme bien doué, en ces années d'exaltation, devait sentir passer sans cesse sur son visage ...

Ne continuons pas à dérouler le film plein de trous, de fuites et de réapparitions que repré­ sente la vie mouvante de François Rabelais.

Voyages à Rome et en Italie dans les bagages d'un illustre prélat, Jean du Bellay, cousin du poète Joachim.

Séjours à Lyon, et sans doute à Paris, dans de vivants milieux d'éditeurs et d'humanistes.

Retour à Montpellier où, en avril-mai 1537, il passe solennellement sa licence et son doctorat en médecine : l'absence de ces grades ne l'avait point empêché du reste d'exercer.

Quelques épisodes : un stage à Saint-Maur, capitale bénédic­ tine; un séjour en Piémont, auprès du frère de Jean du Bellay, Guillaume, un des grands servi­ teurs de la France du temps, une mission à Metz, en 1546, où il fait œuvre d'agent secret, tout en remplissant les fonctions de médecin municipal; un dernier voyage à Rome, enfin, en 1548.

Il meurt à Paris, entre la fin de 1553 et le rer mai 1554.

C'est tout.

Et c'est beaucoup, si l'on songe au néant du temps où Michelet, par un prodige de divination, campait dans sa Renaissance un Rabelais étonnamment « juste ))' tiré d'une poignée de faits rigoureusement « faux )) ; ma1s au prix de nos désirs, comme ce beaucoup est peu! 113. »

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