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LA FUITE DU TEMPS

Publié le 22/02/2012

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temps
La "fuite du temps" évoque un temps qui fuit. Pourtant, de manière objective, le temps "passe", il ne fuit pas. Chaque année, nous vieillissons d'un an, il n'est jamais arrivé que, le temps fuyant encore plus vite une certaine année, nous vieillissions de deux ans. Le temps est donc une durée tout à fait objective, thème que nous approfondirons dans une deuxième partie. Comment se fait-il alors que nous percevions une véritable "fuite du temps" ? Celle-ci est tout d'abord liée à une simple peur de manquer de temps: manquer de temps pour finir un travail, pour avoir une vie de famille, pour profiter pleinement de sa vie. Ainsi se développe d'ailleurs le phénomène de stress, par lequel les gens ressentent plus fréquemment et plus intensément une fuite du temps. On peut d'ailleurs se demander si le fait que les gens soient plus stressés de nos jours correspond à une fuite du temps mieux ressentie ; pourtant les gens meurent plus vieux aujourd'hui, d'ou une sorte de paradoxe. On peut émettre l'hypothèse que le temps est davantage ressenti comme une contrainte de nos jours, avec sans arrêt des échéances à respecter.
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« tente de le rattraper, s'éloigne de nous de manière discrète (« Qui nous fuit d'un pas si feutré », écrivait GuillaumeDe Lorris) ; le terme de "fuite" nous donne presque l'image du temps comme un voleur.

Comme dans l'expression "letemps passe vite", la "fuite du temps" implique un temps dont nous ressentons la vitesse comme variable, d'ou lecaractère subjectif du temps.

De plus, remarquons que l'expression renferme nombre d'images, toutes négatives: laplus évidente est la mort (précédée par la vieilleisse, guère plus joyeuse) qui nous guette tous au bout du tunnel.Sachant que notre existence connaîtra une fin, nous sommes angoissés à l'idée de cette fin qui se rapproche, ce quicrée une impression soudaine d'accélération du temps vers l'âge de trente ans.

Cette fuite du temps, parallèle à lamort, a été très développée par de nombreux poètes.

Ronsard, notamment, pleurait dans ses Odes la beautééphémère de la jeune Cassandre: « Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillezvotre jeunesse: Comme à cette fleur, la vieillesse Fera ternir votre beauté ».

Terme récurrent chez les auteursépicuriens, la fuite du temps est appréhendée, déplorée pour ses effets devastateurs, et plus particulièrement pourla précarité qu'elle impose à la beauté des jeunes filles.

Mais loin de se réduire à la mort, la fuite du temps signifieégalement la destruction (chaque année, les glaciers fondent un peu plus, les montagnes s'érosent davantage),l'impuissance de l'homme face à la temporalité.

Certains tentent cependant de lutter contre « ce temps qui passetrop vite »: c'est ainsi qu'âgés de soixante ans, des hommes découvrent les joies de la paternité, espérant, demanière égoïste, oublier leur âge avancé pour "prendre un nouveau départ", mais le temps est invincible, et rattrapebientôt l'homme trop naïf. La "fuite du temps" évoque un temps qui fuit.

Pourtant, de manière objective, le temps "passe", il ne fuit pas.Chaque année, nous vieillissons d'un an, il n'est jamais arrivé que, le temps fuyant encore plus vite une certaineannée, nous vieillissions de deux ans.

Le temps est donc une durée tout à fait objective, thème que nousapprofondirons dans une deuxième partie.

Comment se fait-il alors que nous percevions une véritable "fuite dutemps" ?Celle-ci est tout d'abord liée à une simple peur de manquer de temps: manquer de temps pour finir un travail, pouravoir une vie de famille, pour profiter pleinement de sa vie.

Ainsi se développe d'ailleurs le phénomène de stress, parlequel les gens ressentent plus fréquemment et plus intensément une fuite du temps.

On peut d'ailleurs se demandersi le fait que les gens soient plus stressés de nos jours correspond à une fuite du temps mieux ressentie ; pourtantles gens meurent plus vieux aujourd'hui, d'ou une sorte de paradoxe.

On peut émettre l'hypothèse que le temps estdavantage ressenti comme une contrainte de nos jours, avec sans arrêt des échéances à respecter.Ensuite, on perçoit le temps comme fuyant car l'homme est incapable de le contrôler: nous avons vu que celui-ciest soumis aux aléas du temps, quel que soit le sens de ce dernier.

Le temps est insaisissable, il n'est pas matériel,et nous ne pouvons nullement en prendre connaissance: il n'est pas perceptible en tant que phénomène brut.Quelque chose nous échappant sans cesse est la caractéristique propre de la fuite, et c'est donc ainsi que l'on peutexpliquer le fait de parler d'une "fuite du temps".Enfin, le temps est perçu comme "fuyant" par son évanescence, caractère même du temps : tout bouge, rien nereste le même autour de nous.

Selon Héraclite, « nous ne descendons pas deux fois dans le même fleuve » parceque la seconde fois le fleuve aura coulé, l'eau aura changé, est nous aurons nous même changé.

Cette notion,appelée « primultimité » par Jankélévitch, donne au temps un aspect particulier: celui-ci transforme tout autour denous de telle sorte que chaque deuxième fois est en fait une première fois.

Le temps, entrainant tout autour denous dans sa course folle, est particulièrement effrayant, impossible à ralentir, à maîtriser.

C'est ainsi que l'homme,dépité, sans moyen face au temps, regarde celui-ci l'emporter à grande allure et en dégage une forte impression quele temps, insaisissable, s'enfuit.

Nous changeons également, à chaque nouvelle expérience, à chaque seconde quinous vieillit; les trois temps eux-même bougent: tout est futur, présent et passé.

Par la mobilité incessante deschoses, des événements et de nous-même, l'évanescence caractérise le temps et fait émerger la perception d'untemps quit fuit.

L'homme ressent alors le véritable sentiment d'un temps qui lui échappe ; notons d'ailleurs que letemps semble passer trop vite pour tous puisque pour les anglais, "le temps vole" ("time is flying").

Cette idée defuite renforce donc l'impuissance de l'homme. Si le temps semble fuir, l'homme n'en prend cependant pas toujours clairement conscience.

En effet, nous n'avonspas une conscience claire et précise du temps qui passe: vaquant à nos occupations, nous ne nous rendons pascompte que le temps s'écoule, ou plus précisément que nos actions prennent place dans le temps.

Notre consciencene vit qu'au présent, temps de la réalité ; elle n'a qu'une idée du passé et du futur, et procède alors à une opérationunificatrice par laquelle la mémoire retient le passé et l'imagination anticipe sur le futur (lorsqu'on lit, par exemple).Nous sommes confrontés avec le temps au problème du référentiel: notre conscience étant dans le même référentielque le temps, celui-ci est alors immobile par rapport à elle.

Cette difficile prise de conscience de la fuite du tempsrend le temps encore plus "traître" pour l'homme, et sa fuite encore plus tragique.

Cependant, notons que certainsévénements particuliers, tels que la rencontre de quelqu'un que nous n'avions pas vu depuis longtemps ou unmoment heureux, nous font réaliser l'écoulement rapide du temps, et le désir parfois de l'arrêter.

Cependant ons'adapte au changement, ce qui montre notre bonne volonté à s'accorder avec la fuite du temps.Ainsi nous avons vu que le temps, par son évanescence, son aspect insaisissable, son immatérialité, est la marquemême de l'impuissance de l'homme, ce qui dévoile une relation tragique de l'homme à la temporalité.

La principalecaractéristique du temps, son irréversibilité, est la cause essentielle de ce rapport tragique.

En effet, le temps estun flux orienté et irréversible, qui ne se parcourt que dans un sens.

Ainsi, notre vie est également orientée de notrenaissance vers notre mort, ce qui explique que notre seule certitude est notre finitude, ce qui rend la fuite du tempsparticulièrement tragique.

Le temps emporte tout, je ne peux revenir en arrière, je ne peux fixer quoi que ce soit (onretrouve ici la notion de primultimité).

L'irréversibilité du temps, c'est le « plus jamais », c'est le « trop tard », ce quia été est irrévocable.

Le temps perdu ne peut pas se retrouver.

C'est ainsi que naissent regrets, remords,nostalgie,… Il est alors clair qu'on ne peut rien faire contre le temps et ses effets: Dorian Gray, personnage deOscar Wilde, est la preuve de cet échec contre le temps: essayant « d'arreter » le temps, sa fin est tragique.

Mais. »

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