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Georges NAVEL. Travaux (extrait).

Publié le 22/03/2011

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Donner un sens à la vie prolétarienne : telle est la principale activité du poète Georges Navel, l'un des pionniers du syndicalisme et du socialisme. Il est issu d'une famille ouvrière et avant 15 ans il travaille : tour à tour manœuvre, saisonnier, maçon..., puis un jour, jardinier de P. Géraldy qui remarque chez G. Navel le sens d'une poésie juste, sans artifice, essentiellement inspirée par ses contacts avec la terre, par la complicité de l'homme avec la nature lorsqu'il vit avec elle pour son travail. L'essentiel de son œuvre est rassemblé dans Travaux. L'auteur travaille comme saisonnier dans le midi de la France. Pourquoi vient-on à la récolte? Ça paie peu aux cerises. Fidélité à la saison. C'est un rendez-vous avec d'anciens bonheurs : une odeur de foin, la lumière de mai, des songeries. Je connaissais un vieux boulanger qui depuis vingt-cinq ans, toutes les années, lâchait le pétrin pour arriver là en fin avril. On revient changé, le cuir s'endurcit; on ne s'émeut plus, on communique moins avec la saison. Puis on est à nouveau touché de fraîcheur, atteint par la grâce. Une année, j'étais revenu pour une odeur de genêt ou pour avoir vu dans un chemin un paysan sous un grand parapluie bleu, un matin de petite pluie de mai. C'est une fête que le saisonnier se donne. Il recueille le printemps un bon mois. On ne sait pas pourquoi on revient. Manger des cerises, se crever moins que sur un chantier? Ça aussi. On vient compter ses années, là, pour que l'année compte, pour avoir vécu un printemps de plus, s'être senti sur terre au retour de mai. On ne le sent nulle part si bien que perché sur un cerisier, pieds nus sur les branches et dos nu au vent, une épaule à l'ombre et l'autre au soleil, du vrai de Provence. Les grimpées donnent au cueilleur une souplesse de gymnaste. A terre, en cueillant les branches basses, il sent l'herbe sous ses pieds nus. L'hiver, dans de gros souliers, on a promené un cadavre, un homme blanc qui marche sans plaisir. Aux cerises, on redevient nègre, gitano, les reins heureux en marchant. Pas seulement les reins, chaque fibre, les muscles se jouent soie par soie. Il y avait longtemps qu'on ne respirait plus ou qu'on respirait neutre comme en dormant. De nouveau on respire comme avec un nez de chien. On ne respire pas, on boit l'air par petits coups et grandes gorgées avec les narines. Les moments sont nombreux où l'on se sent vivant, réveillé au monde.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourriez étudier, par exemple, les procédés par lesquels l'auteur traduit son désir de revenir participer aux travaux des champs et de communier avec le monde naturel.   

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