GIOVANNI BELLINI
Publié le 25/06/2012
Extrait du document
Les portraits de Bellini font apparaître dans toute sa simplicité la synthèse accomplie entre les conceptions du Nord et celles du Midi. Toutes les subtilités d'une vie individuelle sont contenues dans une forme idéale et, par l'intensité expressive d'une figure particulière, expriment les aspirations de toute une époque. C'est ainsi que le Doge Loredan (un des derniers portraits de Bellini, aujourd'hui à la National Gallery), qui ne fut en réalité qu'un médiocre souverain constitutionnel, évoque, par la fermeté des traits, la simplicité de la forme, la richesse austère de la couleur, Fimage du parfait souverain d'un Etat également parfait.
«
de la Vierge ou de la Pietà une atmosphère affective plus profonde.
Bien que l'expression soit
atteinte surtout
par la qualité de la ligne, la lumière dans laquelle il modèle ses formes est un
élément pictural assez nouveau.
Alors que la lumière n'eut jusque-là pour fonction que d'éclairer
la figure, elle se colore chez Bellini comme dans la nature, suivant les heures du jour, et devient
par elle-même un moyen d'expression capable de variations ihfinies.
Bientôt, même dans ses
Vierges où, le plus souvent, on n'aperçoit dans le fond qu'une échappée de collines ou de ciel,
la qualité et la coloration de la lumière nous fixent sur l'heure où se situe la scène et chaque
moment
du jour a son atmosphère propre.
Il s'en ensuit que le paysage prend une plus grande
importance.
ENToURÉS d'eau, les Vénitiens jouissaient plus que tous autres du spectacle varié de la
terre, et Bellini ne tarda pas à y voir l'objet en même temps que le moyen d'expression
de sa sensibilité passionnée.
La Renaissance, et c'est une des caractéristiques de son esprit, a
trouvé sa joie
dar.s les arbres, les fleurs, les bêtes, les oiseaux.
Ses modèles, Bellini les étudie plus
sérieusement
qu'on ne l'avait fait jusqu'alors: les plantes deviennent quelque chose de réel, élé
ments d'un ensemble réel lui aussi.
Bellini aimait profondément l'homme
et la nature tout entière.
et son sens de la forme,
son désir d'unité, ne faisait
qu'un avec cet amour.
Il n'évolue pas seulement comme tout grand
artiste vers une plus grande unité
et une plus grande largeur de composition, mais encore il
tend à faire entrer la nature entière dans sa toile, réalisant ainsi une synthèse de la lumière,
de
la couleur et de la forme.
Le problème de l'unité de
la lumière, de la couleur et de la forme avait déjà été vu par
Piero della Francesca, et celui-ci l'avait résolu d'une façon plus intellectuelle dans le monde plus
abstrait
et plus classique qui était le sien.
La conception du magnifique retable de Pesaro que
peignit Bellini est très proche de celle des œuvres de Piero mais, bien que moins parfaite dans
sa composition, elle est plus chaude, plus émouvante, a plus de sensuelle grandeur.
Dans les portraits
que Bellini peignit peu de temps plus tard, il fait preuve d'une égale
qualité de compréhension.
Les Italiens,
jusqu'à lui, s'étaient contentés le plus souvent de dessiner
les profils, ceux-ci offrant une possibilité de synthèse dans le trait caractéristique qui s'accordait
avec l'idéal relativement abstrait de
l'art florentin et avec ses brillantes qualités décoratives.
Van Eyck et van der Weyden, moins intéressés par le dessin lui-même, avaient voulu peindre
l'homme
tout entier.
Tant que leurs œuvres n'eurent pas été vues en Italie, il est probable qu'une
représentation aussi complète de l'homme n'était pas apparue aux Italiens comme souhaitable.
Les portraits de Bellini font apparaître dans toute sa simplicité
la synthèse accomplie entre
les conceptions du Nord et celles du Midi.
Toutes les subtilités d'une vie individuelle sont conte
nues dans une forme idéale et,
par l'intensité expressive d'une figure particulière, expriment
les aspirations de toute une époque.
C'est ainsi que le Doge Loredan (un des derniers portraits
de Bellini, aujourd'hui à
la National Gallery), qui ne fut en réalité qu'un médiocre souverain
constitutionnel, évoque,
par la fermeté des traits, la simplicité de la forme, la richesse austère
de
la couleur, Fimage du parfait souverain d'un Etat également parfait.
LE grand retable de la Vierge et les saints peint pour Saint-Job à Venise et aujourd'hui à l'Aca
démie, nous offre l'exemple
d'une parfaite synthèse entre couleur, lumière et forme.
Les larges
contours sculpturaux qui, dans le retable de
Pesaro, avaient remplacé les lignes sinueuses.
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(Musu Brna, Millm.)
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