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Giraudoux - Electre - ACTE II, SCÈNE 9

Publié le 22/02/2012

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La leçon tragique est exemplaire car le destin des Atrides passe par des scènes inévitables où, si l'épouse tue l'époux, le fils tue la mère et se transforme en boucher aveugle (« une bête qu'on saignait »). Le meurtre de la mère, fût-elle coupable, est un des plus terribles qui existent parce qu'il rompt un lien primordial. Il n'y a de rédemption pour personne.
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« attente qui comptabilise le temps (de « deux minutes» on passe à « une minute »), il y a toute l'intensité,toute la violence du double meurtre, dernier pallierrécitatif, le passage, d'une rare intensité dramatique,du raconté au vécu : la voix directe du mourant se superpose aurécit qu'elle conclut de manière tragique. Deux récitatifs étroitement liés La dépendance des deux récits est patente.

Une foisqu'est effectué le récit tant attendu du meurtred'Agamemnon, la vengeance n'a plus qu'à se mettreen marche.

Aussi est-il normal que ce soit leMendiant, seul personnage totalement extérieur àl'intrigue, qui fasse ces deux récits et propose undouble éclairage sur un passé énigmatique (premierrécit) et sur un présent inévitable (deuxième récit).C'est le même personnage, le même destin, qui liepassé et présent.

Ce lien est renforcé par un étroitparallélisme des deux récitatifs. Tous deux utilisent de manière identique passé simpleet imparfait, unissant des épisodes chronologiquementdifférents dans un même temps : celui du destin desAtrides.

Tout se passe comme si l'histoire du meurtrede Clytemnestre et d'Égisthe appartenait à un passéinévitable, à un accompli. Tous les deux sont des meurtres de sang,particulièrement violents, cruels, sauvages.

Le récit dumeurtre de Clytemnestre use du vocabulaire de laboucherie (« Mais on la saignait.

Son fils la saignait »).Les deux récits sont riches en couleurs, en détails.

Ladescription prend un relief saisissant où la perceptionsensorielle donne lieu à un riche vocabulaire, où lesgros plans s'attardent sur les victimes ou lesmeurtriers.

Il y là des épopées sanguinaires quisubvertissent la bienséance classique pourtant friandede ce type de récit.

Giraudoux ne nous épargne pas lavision de détails qui donnent à ces scènes un reliefétonnant.

Ainsi, pour le premier récit : les coups depieds d'Agamemnon dans le dos de Clytemnestre,l'épée entaillant le marbre, la mousse aux lèvres, lessandales évitant le sang, la robe rouge, l'épéereplongée dans la plaie.

Et pour le second récit : le cride bête de Clytemnestre, l'oiseau, la lutte désespéréepuis le renoncement d'Égisthe.

Les trois victimes ontun nom à crier : Agamemnon appelle Oreste etÉlectre, Clytemnestre sa fille Chrysothémis, Égistheappelle Électre.

D'un meurtre à l'autre, on retrouve lemême thème de l'empêtrement tragique : Agamemnonse débattait inutilement, retenu par Clytemnestre quidélaçait sa cuirasse ; Égisthe est non seulementattaqué par un oiseau, mais gêné par la même Clytemnestre qui se cramponne à son bras, quiest la responsable indirecte de l'ouverture de sacuirasse dont le lacet se défait en se prenant à uneagrafe.

Après avoir essayé de lutter, les deux hommesfinissent par renoncer.

Ils s'abandonnent même à leursmeurtriers, comme s'ils acceptaient pleinement d'êtredes victimes.

Le second cherche désespérément,tragiquement, à se séparer de celle qui a été sacomplice d'infamie, « pour mourir seul, pour êtrecouché dans la mort loin de Clytemnestre ». Châtiment et assassinat. »

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